Le festival Jazz au Chellah, qui fête son 15ème anniversaire, a su créer au fil des années un véritable dialogue entre les artistes des deux rives de la Méditerranée à travers ses rencontres et fusions exceptionnelles. Propos recueillis par Kawtar Krifi et Fadwa El Ghazi Cette manifestation, qui a offert à ses habitués de purs moments de partage, de dialogue et de fusion entre Jazz européens et musiques marocaines, a su rajeunir son public et conquérir de nouveaux fans. Pour Nadia Dupuis, chargée de la presse et de l'information à la Délégation de l'Union européenne, qui a été au pied d'oeuvre depuis la première édition, le festival a atteint sa vitesse de croisière et sa maturité devenant ainsi un rendez-vous incontournable de la scène de Rabat, a-t-elle confié à la MAP. «Quoi de mieux que la culture pour rapprocher les peuples et initier un dialogue entre les peuples», a-t-elle dit, ajoutant que la musique, langage universelle, rassemble marocains et européens autour d'un dialogue fructueux. Des Oudayas au Chellah Elle revient sur les premiers balbutiements de cette manifestation artistique, qui a commencé aux Oudayas à l'initiative de la Délégation de la Commission européenne au Maroc. Cette initiative, tout à fait novatrice à l'époque, faisait suite au processus de Barcelone qui stipulait de mettre en place une activité artistique en l'occurrence amener des artistes européens à la rencontre de leurs homologues marocains en vue de faire connaître ce genre musical au Maroc, rappelle-t-elle. Installé au musée des Oudayas dans un premier temps, le festival finira par investir lŒesplanade des Oudayas, au bord des rives du Bouregreg, pour accueillir un plus grand nombre de personnes. En 2005, le jazz au Oudayas a déménagé au Chellah, un «accident heureux», selon Mme Dupuis qui explique que les gradins en plein air ont permis plus de convivialité et une meilleur qualité de son. Le site historique du Chellah apporte une dimension particulière au spectacle, une magie et ambiance exceptionnelle, a-t-elle dit. Deux directeurs artistiques, un marocain et l'autre européen ont été sélectionnés pour être en accord avec le dialogue euro-méditerranéen et la déclaration de Barcelone, a-t-elle précisé, ajoutant que le pari a été réussi avec des moments extraordinaires de fusions entre artistes marocains et jazzman européennes. La philosophie s'était d'ouvrir le festival au plus grand nombres de personnes avec une participation modique (allant de 10 à 30 DH) de manière à toucher le large public. Ouverture sur d'autres experiences Ouvert sur son environnement, le festival a initié des expériences inédites, puisque les artistes se sont également produits dans la prison de Salé et à l'hôpital psychiatrique de Salé, au sein d'associations, à plage à Rabat. Le but étant d'amener la musique à des gens qui n'avaient pas la possibilité de se déplacer, a fait remarquer Mme Dupuis, qui a tenu par la même occasion à rendre hommage aux musiciens marocains et européens de leur un acte de générosité. Rencontres et fusions, l'esprit du jazz au Chellah Majid Bekkas, directeur artistique Maroc, se rappelle de la première édition, en octobre sous la pluie, mais depuis le festival a gagné un public de plus en plus jeunes de 200 places, aujourd'hui, les gradins compte plus de 1.000 places assises. Un point positif pour le Jazz réputé avoir des fans parmi un public d'un certain âge, a-t-il noté, ajoutant que cela fait 15 ans que les artistes marocains rencontrent de grandes pointures du jazz européen. L'esprit même du jazz au Chellah, a-t-il souligné, est sans contexte de permettre des rencontres entre musiciens des deux rives, de dialoguer entre eux en toute improvisation, dans le respect et sans complexe. Le Jazz au Chellah a permis depuis 15 ans de faire découvrir des musiciens marocains talentueux et ouverts au dialogue, a ajouté le directeur artistique de ce festival. Bekkas, qui se produira lundi soir lors de la clôture de cette 15ème édition, voit l'évolution du festival dans la créativité et la création de compositions ainsi que dans la recherche dans le patrimoine traditionnel marocain. A l'affiche dimanche soir, un concert donné par le groupe britannique Acoustic Ladyland Quartet ainsi qu'une rencontre entre le trio allemand de Mathias Schriffel et le violoniste et compositeur marocain Mohamed Zeftari.