'un des deux derniers résidents britanniques emprisonnés à la prison militaire américaine de Guantanamo Bay, à Cuba, a été libéré. Binyam Mohamed est arrivé à la base aérienne de Northolt, à Londres, lundi après-midi, escorté d'agents de Scotland Yard, de responsables gouvernementaux et d'un médecin. L'Ethiopien d'origine est le premier prisonnier de Guantanamo à être transféré depuis que le président Barack Obama a ordonné, le 22 janvier, la fermeture de la prison de Guantanamo d'ici un an et une révision des cas de tous les détenus. Dans un communiqué publié lundi, le département américain de la Justice a précisé que l'homme de 30 ans a été renvoyé au Royaume-Uni après qu'un groupe de travail mis sur pied par le président Obama a déterminé que son transfert répondait « aux intérêts américains en matière de sécurité nationale et de politique étrangère, et aux intérêts de la justice ». M. Mohamed est arrivé au Royaume-Uni en 1994, où il avait obtenu le droit d'asile. Il a été arrêté au Pakistan en 2002, puis emmené ensuite au Maroc et en Afghanistan, avant d'être envoyé à Guantanamo en 2004. Les Etats-Unis l'ont accusé d'avoir comploté en vue de faire exploser une « bombe sale ». Les accusations ont toutefois été abandonnées en octobre dernier. Binyam Mohamed a soutenu dans le passé qu'il avait entrepris un voyage dans la région en 2001 afin de déterminer si l'Afghanistan géré par les talibans était un « bon pays islamique ». Il dit que les aveux utilisés contre lui ont été obtenus sous la torture. Les Américains ont soutenu qu'ils s'étaient rendus dans la région pour combattre aux côtés des talibans contre l'Alliance unie du commandant Massoud. Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Milliband, a déclaré que la libération de Binyam Mohamed constituait une première étape vers la fermeture de la prison de Guantanamo. Londres a demandé à Washington de lui remettre ses résidents britanniques en août 2007. Scotland Yard a déclaré que M. Mohamed a été interrogé en vertu des lois britanniques sur l'immigration, mais qu'il n'a pas été arrêté. On ne sait pas exactement où il ira. Son avocat, Clive Stafford Smith, a déclaré à la BBC qu'il voulait « trouver un endroit très tranquille et tenter de récupérer ». Ses avocats assurent qu'il ne représente pas un danger pour la population. Le premier ministre Gordon Brown refuse pour sa part de dire si l'homme fait ou fera l'objet de restrictions particulières en sol britannique, se bornant à dire que le gouvernement prendra toutes les actions nécessaires pour protéger la population britannique. Selon The Guardian, il aurait accepté de se présenter régulièrement à la police. Binyam Mohamed n'a pas fait de déclaration verbale à son arrivée en sol britannique. Ses avocats ont cependant publié un communiqué dans lequel il explique cette décision. « Après tout ce que j'ai traversé, je ne suis pas en mesure, physiquement et mentalement, d'affronter les médias », soutient le résident britannique. « J'ai vécu une expérience que je ne croyais pas vivre dans mes pires cauchemars. Avant ce supplice, torture était un mot abstrait pour moi. Je n'avais jamais imaginé que je pourrais en être la victime. Il est encore difficile pour moi de croire que j'ai été enlevé, transporté d'un pays à un autre, et torturé de façon médiévale - tout cela ayant été orchestré par le gouvernement des Etats-Unis », explique M. Mohamed. « Je dois dire, mû davantage par la tristesse que la colère, que plusieurs ont été complices des horreurs que j'ai vécues au cours des sept dernières années. En ce qui me concerne, le pire moment est survenu lorsque j'ai réalisé, au Maroc, que les gens qui me torturaient recevaient leurs questions et leurs informations des services britanniques de renseignement », a-t-il fait valoir. M. Mohamed soutient qu'il ne cherche pas à se venger, mais qu'il insiste pour que toute la vérité soit connue afin d'éviter que quelqu'un d'autre ne subisse le même sort. Selon la BBC, le procureur général du gouvernement doit déterminer s'il entreprend une enquête au sujet des allégations de torture soulevées par M. Mohamed. Aministie internationale demande pour sa part la tenue d'une enquête indépendante pour déterminer le rôle joué par les autorités britanniques dans cette affaire. Radio-Canada.ca avec BBC, Daily Telegraph et The Guardian