L'attaque terroriste du vendredi 15 mars 2019 contre deux mosquées dans la paisible localité de Christchurch en Nouvelle Zélande ne constitue malheureusement pas une première historique. De la même manière que pour les lieux de culte d'autres religions tel que les synagogues pour le judaïsme, les églises pour le christianisme ou encore les temples pour le Bouddhisme, les mosquées ont été de tout temps la cible d'attaques à soubassement idéologique. Tags haineux, incendies, profanation avec du sang ou des têtes de porcs sont en effet légion et incitent les autorités sécuritaires de par le monde à multiplier de vigilance pour la protection de ces lieux de cultes souvent ouverts aux quatre vents et sous-surveillés. Au Maroc, comme nous l'a expliqué une source au sein de la DGSN, «Les mosquées ont depuis toujours fait l'objet d'une surveillance étroite de la part des autorités en vue de prévenir les éventuelles dérives idéologiques qui peuvent s'y produire. Mais durant les dernières années, avec l'aggravation de la menace terroriste, cette surveillance s'est étendue au pur aspect sécuritaire. De fait, des agents en civil sont quotidiennement postés dans les mosquées pour la prière d'Al Fajr, ainsi que pour les prières du vendredi». Encouragée par la multiplication d'actes de délinquance au sein des mosquées, notamment les vols et les braquages, ainsi que quelques attaques violentes survenues ça et là dans des mosquées du Royaume (voir en page 2), cette tournure sécuritaire au sein des mosquées se traduit aussi par la généralisation dans ces édifices dépendant du Ministère des Habous de caméras de surveillance. Elle se justifie aussi pour des raisons politiques, notamment en échos à des affaires célèbres dont celle de l'interruption du prêche du vendredi 27 mai 2017 dans la mosquée Mohammed V d'Al Hoceima par le « Hirakiste» rifain Nasser Zefzafi. En France où les attaques dites racistes contre les lieux de culte musulmans se sont multipliées durant les dernières années, la crainte d'une action terroriste d'extrême droite contre les symboles religieux de l'islam est devenue réelle. Elle s'est précisée après le démantèlement de la cellule terroriste d'AFO, pour "Action des forces opérationnelles" qui comptait une dizaine de personnes arrêtées en juin 2018. Selon les enquêteurs français, les membres de cette cellule projetaient de tuer le Président Macron ou encore le rappeur Médine, mais leurs plans visaient aussi à attaquer une mosquée, empoisonner de la viande halal ou encore s'en prendre à un kebab. Malgré des capacités opérationnelles limitées, ce genre de cellules constituent de l'aveu même de l'ancien patron du renseignement intérieur français (DGSI), Patrick Calvar, un risque réel de dérive vers "une confrontation entre l'ultra-droite et le monde musulman". Et le patron du renseignement intérieur d'insister: "pas les islamistes mais bien le monde musulman". Le massacre de Christchurch dont l'auteur australien Brenton Tarrant déclare avoir été inspiré par la théorie du «Grand Remplacement» très en vogue en France, s'inscrit en droite lignée de cette dérive de confrontation. Il n'est pas le premier et ne sera sans doute pas le dernier.