61% des dirigeants africains estiment que leurs activités économiques ont été impactées par le ralentissement de la croissance économique au cours des derniers mois. C'est ce qui ressort, en tout cas, des derniers résultats du Baromètre des CEO africains. Il s'agit d'une étude qui s'appuie sur une enquête réalisée auprès de 1000 patrons d'entreprise actifs en Afrique dont des Marocains, pour mesurer leurs attentes et perspectives. Face à ce ralentissement économique, 83% des dirigeants africains revendiquent à leurs gouvernements l'amélioration du climat des affaires, 65% sont pour la lutte contre la fraude et la corruption, et 51% pour l'amélioration des infrastructures. Publié à l'occasion de la 5ème édition d'Africa CEO Forum, organisée par le Jeune Afrique, en partenariat avec la Banque Africaine de Développement (BAD), les 20 et 21 mars à Genève, le Baromètre a également identifié trois groupes de pays émergents. D'abords, ceux qui n'ont pas été affectés par le ralentissement économique et qui sont optimistes. C'est le cas du Maroc et du Sénégal. Le second groupe de pays émergents est ceux qui ont été,bel et bien, affectés par le ralentissement économique mais qui restent quand même optimistes. Il s'agit essentiellement de Nigeria et Cameroun. Enfin, pour ce qui est du troisième groupe, il s'agit des pays qui ont été affectés et qui sont pessimistes. Il est question de la Côte d'Ivoire, du Kenya et de la République démocratique. Un autre élément mis en avant par l'étude était la décision prise par 93% des répondants de prendre des engagements pour une meilleure représentation des femmes aux postes de direction. Dans son discours d'ouverture à Africa CEO Forum, auquel plus de 63 pays ont pris part, Amir Ben Yahmed, a annoncé cette étude sera renouvelée chaque année. Il a mis aussi en avant l'évolution du Forum qui, depuis son modeste début en 2012, « s'est amélioré jusqu'à devenir le plus important rendez-vous annuel du secteur privé africain ». Il a expliqué que la croissance moyenne sur le continent ne cesse de tomber : « Plus inquiétant encore, les deux premières économies du continent, le Nigeria et l'Afrique du Sud sont notoirement sinistrées ». De son côté, Pierre Guislain, Vice- Président de la BAD en charge du secteur privé, de l'infrastructure et de l'industrialisation, a mis les gouvernements au défi d'accepter pleinement le potentiel et de fournir des incitatifs au secteur privé afin de stimuler la croissance économique et de sortir des millions de personnes de la pauvreté: « Les économies doivent se comporter comme un oiseau avec deux ailes: les secteurs public and privé doivent agir de manière synchrone. » Et d'ajouter : « Nous devons créer un avenir meilleur pour la jeunesse africaine ». Evoquant la situation de la main-d'œuvre en Afrique, il a précisé qu'elle passera d'environ 617 millions aujourd'hui à 1,6 milliard en 2060, ce qui permettra d'engranger un «dividende démographique» qui stimulera la croissance du continent et soutiendra des millions de la pauvreté. «Nous devons nous préparer aux emplois de demain au lieu de nous entraîner pour les emplois d'hier,» a-t-il déclaré. «L'avenir nous appartient » a déclaré le président de l'Africa CEO Forum. « Nous devons mettre l'entreprise citoyenne au cœur de nos stratégies » a-t-il poursuivi en invitant le secteur privé à jouer un rôle encore plus central dans la transformation durable du modèle économique africain. Lors cette cinquième édition de Africa CEO Forum, lancée sous le thème : « Réinventer le business model africain », les participants ont souligné aussi que cette rencontre se tient dans un contexte économique morose, notamment pour les pays africains dépendant fortement des matières premières, quand d'autres comme le Sénégal, la Côte d'Ivoire, l'Éthiopie et la Tanzanie affichent des performances de classe mondiale.