Donald Trump a intensifié samedi ses attaques visant l'intégrité d'Hillary Clinton, à la faveur de la relance surprise par le FBI de l'affaire, pourtant classée en juillet, de la messagerie personnelle de l'ex-secrétaire d'Etat. Mais le camp Clinton, pris de court la veille par l'annonce du directeur du FBI James Comey que de nouveaux messages avaient été découverts et devaient être examinés par les enquêteurs, a contre-attaqué en l'accusant d'alimenter des rumeurs sans fondement à seulement dix jours de la présidentielle. «C'est le plus grand scandale politique depuis le Watergate, et tout le monde espère que justice sera enfin rendue», a affirmé Donald Trump samedi lors de réunions publiques à Golden, dans le Colorado, puis à Phoenix, dans l'Arizona, chaque fois acclamé par des milliers de partisans scandant: «Enfermez-la!» Le Watergate est le scandale politique qui a fait tomber en 1974 le président Richard Nixon. «Un vote pour Hillary est un vote pour soumettre notre Etat à la corruption publique», a déclaré le milliardaire. Il a accusé Hillary Clinton d'avoir promis à l'actuelle ministre de la Justice, Loretta Lynch, de la reconduire à son poste, sous-entendu en échange du classement des poursuites contre elle. «Quand nous gagnerons le 8 novembre, nous irons à Washington et nous curerons le marigot!» a-t-il lancé, après avoir consacré la plupart de ses discours à une dénonciation de «l'establishment» et du «système truqué». Peu avant le discours de M. Trump à Phoenix, le père de Kayla Mueller, une jeune humanitaire américaine enlevée en Syrie en août 2013 et morte en février 2015 aux mains du groupe Etat islamique, a apporté son soutien au milliardaire. Clinton attaque le FBI «Il est plutôt étrange qu'une chose pareille ait été publiée, avec si peu d'informations, juste avant une élection», a dénoncé un peu plus tard Hillary Clinton lors d'un meeting à Daytona Beach, en Floride (sud-est). «En fait, ce n'est pas seulement étrange, c'est sans précédent et c'est profondément inquiétant, car les électeurs méritent les faits dans leur ensemble. Nous avons donc appelé le directeur Comey à expliquer tout et tout de suite, à tout mettre sur la table», a-t-elle ajouté. Vendredi, James Comey avait envoyé une lettre de trois paragraphes à des responsables du Congrès, à majorité républicaine, pour les informer que, dans une enquête distincte, des messages potentiellement «pertinents» à l'enquête close sur Hillary Clinton en juillet avaient été découverts. Ces milliers de nouveaux messages, dont le contenu reste un mystère entier, ont, selon des médias, été découverts sur un ordinateur portable d'Huma Abedin et de son mari Anthony Weiner. Cette proche d'Hillary Clinton, membre de son cabinet au département d'Etat, s'est séparée en août de son mari, qui fait l'objet d'une enquête distincte pour l'envoi de messages à caractère sexuel à une mineure. Citant des informations de presse, John Podesta, directeur de l'équipe de campagne Clinton, a affirmé qu'il était fort possible que les messages retrouvés soient seulement des copies de ceux dont le FBI était déjà en possession. Plusieurs influents sénateurs démocrates, dont Dianne Feinstein, ont d'ailleurs écrit samedi à M. Comey pour qu'il leur indique lundi au plus tard combien de messages étaient concernés, et que faisaient les enquêteurs pour déterminer le nombre de «doubles». Démobilisation ? Cela changera-t-il le dénouement de la course? Hillary Clinton estime que les électeurs se sont déjà fait une opinion sur cette affaire à tiroirs, mais elle craint que la clameur médiatique ne démobilise ses supporteurs. «Nous ne pouvons rien prendre pour acquis», a plaidé l'ancienne secrétaire d'Etat en Floride, en faisant appel aux groupes démographiques qui forment la base démocrate: «Car la stratégie de Donald Trump est simple. Elle consiste à ce que les femmes n'aillent pas voter, ou les jeunes, ou les personnes de couleur. Ou encore à ce que beaucoup d'hommes intelligents n'aillent pas voter». La candidate démocrate est en tête dans les sondages, avec en moyenne environ 45% des intentions de vote contre 41% pour Donald Trump, et alors que plus de 20 millions d'Américains ont déjà voté de façon anticipée. Mais l'écart s'est resserré de plusieurs points. L'objectif de cet avant-dernier week-end avant le jour J est d'inciter les électeurs à se rendre aux urnes, ce qui est déjà possible dans une trentaine d'Etats américains dont la Floride. Samedi soir, c'est donc sur la scène d'un grand concert de soutien de Jennifer Lopez et d'autres artistes que la candidate a terminé sa journée. «Peu importe la bassesse de nos adversaires, nous gardons la tête haute», a déclaré sous la pluie Hillary Clinton. «Quelle que soit la façon dont ils nous attaquent, nous n'abandonnons pas, ni aujourd'hui, ni demain».