Le rideau se lève demain, 7 octobre, à Washington sur les travaux de l'Assemblée annuelle du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale. Cette rencontre annuelle intervient dans un contexte où l'économie mondiale s'enlise dans le marasme. Chiffres du FMI à l'appui, la croissance de l'économie mondiale ne devrait croître que de 3,1 % cette année, puis de 3,4 % en 2017. Six ans après la crise, l'économie mondiale est encore malade. La reprise se fait en dent de scie, la croissance est trop faible depuis trop longtemps, et ses bénéfices touchent trop peu de monde, explique le FMI qui vient de présenter ses perspectives économiques à l'occasion de sa réunion annuelle avec la Banque mondiale, qui prendra fin le 9 octobre. En effet, le PIB mondial, après avoir gagné 3,2% en 2015, devrait décélérer à 3,1% cette année avant de s'affermir en 2017 (+3,4%) comme prévu il y a trois mois, indique le FMI dans ses nouvelles projections économiques.Ce statu quo reflète la "fragilité" persistante de l'économie mondiale, minée par les risques de stagnation des pays industrialisés, la délicate transition chinoise et les tensions géopolitiques, explique le FMI. Principal moteur de l'économie mondiale, les Etats-Unis vont avoir ainsi un faible taux de croissance du PIB de 1,6% cette année, et de 2,2% l'an prochain. Mais c'est avant tout la montée en puissance du protectionnisme qui inquiète le FMI, puisque le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump veut rétablir des droits de douane et tire à vue sur le libre-échange. "Les pressions croissantes vers des mesures de repli constituent une menace exceptionnelle pour la croissance mondiale", résume le FMI au moment où certaines locomotives économiques peinent à retrouver leur souffle. Pour la Chine, son économie devrait, par contre, bondir de 6,6% cette année mais le FMI s'inquiète de l'explosion de la dette des entreprises. S'agissant de la zone euro, le FMI estime que la croissance pourrait, à moyen terme, être entravée par "une démographie défavorable", la dette, le taux de chômage et dans certains cas le secteur bancaire détérioré, ainsi que par "des contraintes structurelles profondément enracinées". La plupart des 19 pays de la zone euro devraient enregistrer un ralentissement de leur croissance à 1,7% en 2016 et 1,5% en 2017 (1,7 % pour la France, 3,1 % pour l'Espagne, 1,8 % pour le Royaume-Uni, 1,7 % pour l'Allemagne, 3,3 % pour la Turquie), et ce, malgré un pétrole bon marché et une politique accommodante de la Banque Centrale Européenne (BCE), prévoit le FMI. S'agissant de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), l'Iraq, malgré ses problèmes, doit présenter la plus importante croissance économique de la région avec un taux de 10,3 % prévu cette année. Pour le Maroc, le FMI prévoit une croissance de 4,8 % pour l'année 2017, après un taux de croissance de 1,8% pour l'année en cours, une hausse de 1,3% environ du prix à la consommation en 2016 et un taux de chômage de 10,2% cette même année puis de 10,1 % en 2017. A rappeler dans ce sens que le gouvernement table, dans le cadre du projet de loi de Finances 2017, adopté le 4 octobre par son conseil, sur un taux de 4,5%. Quant à la banque centrale, elle pronostique des taux de croissance de 1,4% et 4% en 2016 et 2017 respectivement. Cette prévision est basée sur une croissance non agricole qui s'accélérerait de 3,2% et sur une campagne agricole normale qui ferait booster la valeur ajoutée agricole de 10%. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) est, par contre, plus pessimiste que le gouvernement et Bank Al-Maghrib, puisqu'il prévoit une croissance économique de seulement 3,5% en 2017, sous l'hypothèse, entre autres, d'une production céréalière moyenne durant la campagne 2016/2017. Globalement, pour les cinq pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie et Mauritanie), le FMI estime que la croissance globale serait de 3,2 % pour l'année en cours et l'année prochaine. Un taux qui aurait pu augmenter de 2 % à 3 % par pays si les pays s'intègrent entre-eux, souligne-t-on. Touchée de plein fouet par la chute des cours des matières premières, l'Afrique sub-saharienne ne devrait, elle, plus croître que de 1,4% cette année, soit le rythme le plus lent depuis 24 ans.