La faiblesse prolongée de la demande se retrouve de plus en plus dans des évolutions négatives du côté de l'offre. Les estimations de la croissance de la production potentielle par habitant dans les grandes économies de l'OCDE n'ont cessé d'être revues à la baisse après la crise et, dans certains pays, à la suite de mesures d'assainissement budgétaire. Pour l'ensemble de la zone OCDE, elle est estimée à 1 % en 2016, soit 3⁄4 à 1 point de pourcentage en deçà de son niveau moyen au cours des deux décennies ayant précédent la crise. À défaut d'intervention de la part des responsables de l'action publique, ce ralentissement s'accentuera, avec son cortège de conséquences négatives à plus long terme pour l'emploi, le revenu et les inégalités. Deux facteurs, principalement, ont contribué à ce recul du taux de croissance de la production potentielle par habitant dans la zone OCDE : - La faible croissance du stock de capital est responsable pour la moitié environ de ce recul. Quoiqu'en hausse ces dernières années, en particulier aux États-Unis, l'investissement dans bon nombre d'économies avancées demeure inférieur à ses niveaux d'avant-crise. Parallèlement, l'accroissement de la part des TIC et des investissements incorporels dans l'investissement total a pour conséquence des taux d'amortissement élevés (OCDE, 2015b). - Le repli de la productivité totale des facteurs explique dans une large mesure le reste du recul de la croissance potentielle par habitant. Ce repli s'explique par une diffusion lente des innovations dans l'économie, une dynamique en berne des entreprises avec une diminution des entrées et sorties sur le marché, et l'insuffisance des nouvelles réformes des marchés de produits (Adalet McGowan et al., 2015). En outre, la situation dégradée des marchés du travail a également nui à la croissance potentielle dans certaines économies, en raison de l'accroissement du taux de chômage structurel et du nombre d'actifs sortant du marché du travail, mais aussi indirectement du fait de la détérioration des compétences des actifs privés d'emploi de manière prolongée. Le ralentissement des échanges mondiaux, qui s'explique en partie par la faiblesse de l'investissement, a joué un rôle intermédiaire important dans le ralentissement de la croissance potentielle de nombreuses économies en réduisant les pressions à la compétitivité et leurs retombées technologiques et par conséquent, l'activité d'innovation Dynamique de l'investissement et évolution des facteurs de production La croissance de l'investissement et sa composition ont été variables entre les grandes régions de l'OCDE, signe de différences dans la dynamique de la demande et d'évolutions spécifiquement nationales. Cette tendance devrait se poursuivre en 2016 et 2017. - Aux États-Unis, l'investissement total a progressé entre 2010 et la mi-2015 à un rythme comparable à celui observé avant la crise et conforme à l'évolution globale du PIB. Au second semestre de 2015 toutefois, l'investissement s'est tassé et la demande de prêts du commerce et de l'industrie a fléchi. Ces évolutions sont allées de pair avec une diminution des bénéfices des sociétés, une augmentation des défauts de paiement et une baisse abrupte de l'investissement des compagnies pétrolières parallèlement à l'effondrement des cours mondiaux du pétrole. Avec la dissipation de ces effets, l'investissement productif devrait repartir à la hausse grâce à la situation financière généralement saine des entreprises, même si la mollesse de la demande mondiale pourrait compenser l'amélioration de la demande intérieure. Les entreprises ont réduit leur endettement et détiennent des volants de trésorerie et des dépôts importants. L'investissement en logements devrait être plus solide en raison d'une demande non satisfaite, de revenus en hausse et de conditions financières toujours favorables. Dans la zone euro, l'investissement s'est quelque peu affermi au second semestre de 2015, avec les bénéfices des sociétés. Les prêts bancaires aux entreprises ont à peine progressé pour l'instant dans l'ensemble de la zone. Toutefois, la demande de prêts des entreprises a augmenté, ce qui s'explique par le faible coût du crédit et par leurs besoins croissants en actif et en formation brute de capital fixe. Dans plusieurs économies de marché émergentes, les révisions à la baisse successives des prévisions de croissance potentielle, la diminution des taux de rentabilité et l'accumulation d'excédents de capacités dans certains secteurs pourraient peser sur l'investissement (OCDE, 2016b).