Hillary Clinton a assumé mardi le rôle de pionnière en revendiquant l'investiture démocrate pour la Maison Blanche, une étape historique pour les femmes et les Etats-Unis, à laquelle Barack Obama a rendu hommage. «Grâce à vous, nous avons franchi une étape importante. C'est la première fois dans l'histoire de notre pays qu'une femme est investie par l'un des grands partis», a-t-elle déclaré dans une atmosphère électrique à Brooklyn, à New York. «La victoire de ce soir n'est pas celle d'une personne, elle appartient à une génération de femmes et d'hommes qui se sont battus et se sont sacrifiés et ont rendu possible ce moment», a-t-elle ajouté, s'inscrivant dans la longue histoire de l'avancée des droits des femmes et des minorités. La candidate a largement dépassé la majorité de délégués requise pour l'investiture, après avoir remporté trois nouveaux Etats (New Jersey, Nouveau Mexique, Dakota du Sud) lors de ce dernier «super mardi» des primaires. Sans conséquence, elle a concédé le Montana et le Dakota du Nord à son rival, le tenace sénateur du Vermont Bernie Sanders. Elle se dirigeait en outre vers une victoire en Californie, selon des résultats encore partiels, ce qui consacrerait son triomphe. L'ancienne Première dame, sénatrice et chef de la diplomatie américaine a tendu la main à son rival des primaires alors que les pressions pour son retrait de la course s'accentuent. «Je veux féliciter le sénateur Sanders pour son extraordinaire campagne», a-t-elle déclaré, en soulignant qu'il avait «galvanisé des millions d'électeurs, surtout des jeunes». Depuis la Californie où il était resté pour cette soirée électorale, Bernie Sanders n'a pas concédé la défaite et annoncé qu'il continuerait sa campagne au moins jusqu'à la 57e et dernière primaire, mardi prochain à Washington, la capitale fédérale. «La lutte continue!» a-t-il lancé à ses partisans à Santa Monica. Mais il a souligné qu'il entendait «travailler» avec le président Barack Obama et tout faire pour barrer la route de la Maison Blanche à Donald Trump, «dont le thème principal est l'intolérance». Clinton émue Barack Obama, formellement neutre dans la bataille des primaires, a appelé les deux candidats dans la soirée, visiblement pressé d'en finir. Il a «félicité» Hillary Clinton pour avoir «scellé» l'investiture, soulignant qu'elle avait mené une «campagne historique». Et il a «remercié» Bernie Sanders d'avoir «galvanisé des millions d'Américains» avec son message de lutte contre les «inégalités économiques et l'influence des groupes d'intérêts en politique». Les deux hommes se rencontreront jeudi à la Maison Blanche, à la demande du sénateur. Le triomphe de Hillary Clinton a été orchestré devant des milliers de ses partisans partagés entre le soulagement, l'émotion et la joie. «Si l'Amérique ne l'élit pas, honte à nous», a dit Ellen Landsberger, qui a sacrifié son pot de départ à la retraite pour assister à l'événement. Emue, Hillary Clinton l'était visiblement, posant sa main sur le coeur devant la longue ovation que lui ont réservée ses supporters, à l'issue d'une laborieuse campagne de près de 14 mois. La candidate a consacré une partie de son discours d'une vingtaine de minutes à défier son adversaire républicain de la présidentielle du 8 novembre. «Quand Donald Trump dit qu'un juge distingué, né dans l'Indiana, ne peut pas faire son travail à cause de ses origines mexicaines, ou qu'il se moque d'un reporter handicapé, ou traite les femmes de truies, cela va à l'encontre de tout ce en quoi nous croyons», a-t-elle lancé. Trump répond Donald Trump avait attaqué peu avant la démocrate lors d'un bref discours depuis l'un de ses golfs, à Briarcliff Manor, près de New York, annonçant la campagne de destruction personnelle qu'il entend lancer contre la démocrate. Il a donné rendez-vous lundi pour un discours anti-Clinton. «Les Clinton sont devenus maîtres dans l'art de l'enrichissement personnel», a-t-il affirmé, évoquant les financements de la Fondation Clinton. De façon inhabituelle, l'homme d'affaires a lu son discours depuis un prompteur, une pratique dont il s'est souvent moqué, mais qui semble indiquer une volonté de remettre de l'ordre dans sa campagne après plusieurs jours de polémiques à l'intérieur du camp républicain. Ses propos dénonçant la partialité d'un juge fédéral d'origine hispanique lui ont valu des condamnations de responsables républicains. Le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a déploré des propos «racistes».