Le secteur audiovisuel marocain a connu ces dix dernières années un formidable essor grâce à l'initiative privée. Tel est, en tout cas, le nouveau constat de l'Association des Radios et Télévisions Indépendantes (ARTI), dressé dans sa note intitulée : « 2006-2016 : Dix ans de créativité, de liberté et de proximité citoyenne ». En effet, poursuit la même source, la radio et la télévision sont passées d'un monopole d'Etat hermétique, durant les années 1960-2000, à un espace ouvert, impliquant tous les acteurs du développement global du Maroc. En libéralisant l'audiovisuel national et en consacrant la liberté d'expression artistique, culturelle, technique et technologique, le législateur a, d'abord en 2002 avec la création de la Haute Autorité de la Communication et de l'Audiovisuel (HACA) et, en 2005, la loi libéralisant l'audiovisuel, l'Etat a lancé la prodigieuse aventure de la radio libre. En cela, l'Association des Radios et Télévisions Indépendantes (ARTI) a fêté, le 17 mai 2016, les dix années de cet essor remarquable sous le thème: "Les couleurs de la liberté d'expression...ce sont les radios libres ". Dix années d'une formidable aventure qui, tout en éclorant l'espace de la liberté d'expression, participe de manière directe et quotidienne au renforcement de la démocratie marocaine. Jouissant aujourd'hui d'une notoriété enviable, la radio et la télévision marocaines indépendantes sont nées il y a dix ans, avec la promulgation du dahir n° 1-02-212 du 22 joumada II 1423 (31 août 2002) relatif à la création de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle et le décret loi n° 2-02-663 du 2 rajeb 1423 (10 septembre 2002) portant suppression du monopole de l'Etat en matière de radiodiffusion et de télévision. L'aventure de la libre entreprise en matière de communication audiovisuelle a ainsi pris date. L'audiovisuel marocain, un modèle et un exemple dans la région L'ARTI fait observer, par ailleurs, que la naissance de la radio indépendante marocaine a bouleversé de fond en comble l'espace public de l'expression citoyenne. En donnant la parole à la Marocaine et au Marocain, les radios privées, nées dans la foulée de la libéralisation du secteur audiovisuel national, ont fait émerger un mouvement de liberté de masse sans précédent. Car, en libérant la parole en direct, en laissant la citoyenneté s'exprimer en toute conscience et dans la responsabilité, la radio libre participe, de manière efficiente et instantanée, à la prise en charge par les citoyens de leur liberté de pensée et d'opinion. En ce sens, la création de la Haute Autorité de la Communication et de l'Audiovisuel (HACA) en 2002 fut, à n'en point douter, la clé organique qui a permis l'enclenchement concret du processus de libéralisation du secteur de l'audiovisuel marocain. Ce ne fut pas un long fleuve tranquille, loin de là. La radio libre a forcé le chemin de la démocratisation des espaces de liberté. Elle a conquis, parcelle par parcelle, ce qui en fait aujourd'hui un acteur direct et responsable de la liberté au Maroc en développement durable. Il est certain, en effet, que l'esprit qui a présidé à l'adoption et à la promulgation de la loi portant libéralisation de l'audiovisuel marocain a encouragé le secteur privé à s'investir, de manière dynamique et courageuse, dans l'aventure de la libre expression via les ondes radioélectriques. Les prémisses de cet élan libérateur, faut-il le souligner, fut inscrit dans l'esprit et la lettre du décret royal portant création de la HACA, dont le préambule affirme que: «le droit à l'information, élément essentiel de la libre communication des pensées et des opinions, doit être assuré, notamment, par une presse indépendante, des moyens audiovisuels pouvant se constituer et s'exprimer librement, un service public de radio et de télévision à même d'assurer le pluralisme des divers courants d'opinion, dans le respect des valeurs civilisationnelles fondamentales et des lois du Royaume, notamment celles relatives à la protection de la jeunesse et au respect de l'honneur et de la dignité des personnes». Rompant de manière définitive avec le monopole de la parole et sa tutelle sous la seule appréciation de l'autorité publique, la radio libre d'abord, puis la télévision indépendante ensuite, ont conquis de haute persévérance la liberté de s'exprimer et de donner la parole à la citoyenneté pour qu'enfin, un autre regard, averti et citrique à la fois, accompagne le Maroc en devenir, la transportant de l'ère de la parole unique à l'air respirable et créatif, dans la diversité d'opinions et la pluralité des visions. C'est en cela que dix ans après, toujours selon l'ARTI, le secteur marocain de l'audiovisuel est aujourd'hui considéré comme un modèle de libéralisation, qui est donné en exemple en Afrique et dans la région Mena. La célébration des 10 ans de libéralisation du secteur audiovisuel marocain est ainsi l'occasion de fêter cet événement dans une ambiance interactive, où la parole sera donnée aux auditrices et auditeurs, destinataires et animateurs spontanés de la radio libre marocaine. L'ARTI estime, en outre, qu'en dix ans d'exercice professionnel, les radios privées marocaines ont réussi à produire une proximité inégalée avec les citoyens, dans toutes les régions et de tous les bords, dans la différence de leurs sensibilités culturelles, intellectuelles, sociales et politiques. Non seulement la radio indépendante a créé un espace de communication en direct permanent avec les Marocaines et les Marocains, plus, elle a su participer, de manière évidente, à la consolidation du Maroc démocratique, pluriel et tourné résolument vers l'avenir progressiste. Un parcours en deux vagues de libéralisation Autre élément soulevé par l'ARTI : La libéralisation de l'espace audiovisuel marocain s'est faite en deux temps, ce que les professionnels appellent les vagues de libéralisation. La première vague, que l'on peut périodiser durant les années 2002 à 2005, a été marquée par les négociations et discussions entre les professionnels privés et la HACA. Agité, voire frontal parfois, ce parcours du combattant pour une radio et une télévision libres était traversé par une lame de fond, qui a permis à la radio et à la télévision publiques de connaître une prolifération notable, avec la création de nombre de chaînes de télévision et de radio publiques, régionales ou thématiques. Dans ce contexte à riches rebondissements sont nées pas moins de dix radios privées: six radios régionales ou multirégionales, deux radios locales et deux stations nationales. Toutes ces entités ont bénéficié du libre choix d'être généralistes ou thématiques (radios économiques ou musicales en l'occurrence). Bémol négatif cependant, exception faite de la création de la chaîne Médi1 Sat, qui deviendra par la suite Medi1 TV, aucune licence de création de chaine télé privée ne sera délivrée. Cet état de fait demeure la donne fondamentale qu'affronte la dynamique audiovisuelle marocaine de ces dix dernières années. Il s'agit de la deuxième vague, caractérisée par la frustration de voir des projets de télévision indépendante emprunter le chemin fructifiant de la radio privée. Cette vague n'a enregistré la naissance que de quatre radios à couverture multirégionale. En tout état de cause, l'ouverture du secteur audiovisuel marocain a permis une couverture nationale radiophonique la plus élargie possible, dans la diversité et la richesse de la programmation en trois langues usuelles au Maroc : l'Arabe dialectal, l'Amazigh et le français. En termes comparatifs, les émissions de la radio et de la télévision privées couvrent actuellement la plupart des régions du Royaume. Elles dépassent en cela le cadre du seul territoire national, captées qu'elles sont dans différentes régions de par le monde. Au plan quantitatif, il est enregistré au Maroc, selon des estimations officielles, un poste radio pour trois citoyens et un poste TV pour six personnes. Récemment, et a-contrario, l'émission quotidienne de la télé publique, à travers le satellite Eutelsat, permet à des dizaines de millions de téléspectateurs dans différents continents de suivre les programmes de la première chaîne RTM et des chaines affiliées. En conséquence, poursuit l'ARTI, la naissance et la prolifération de la radio libre au Maroc a bouclé la première boucle de la diversité radiophonique marocaine. L'enjeu de ce dixième anniversaire et donc clair et instructif : faire un bilan d'étape, dans l'attente, à terme, de l'enrichissement de l'espace télévisuel indépendant. Pendre date avec cette troisième vague, perceptible et prévisible avec l'entrée en vigueur de la régionalisation avancée, les dix prochaines années, devrait marquer le prélude à un véritable défi à l'échelle régionale et internationale: Faire du Maroc en devenir la vitrine du pluralisme idéel, de la richesse linguistique et de la diversité culturelle, bien comprise de tous, et socle indélébile du Maroc millénaire. L'Association des Radios et Télévisions Indépendantes est une un cadre interprofessionnel qui regroupe les responsables de la radio et de la télévision privées marocaines. Créée en décembre 2008, ARTI une institution corporative qui regroupe l'ensemble des patrons des radios et télés indépendantes. Elle est dirigée par un bureau élu en assemblée générale. Organe de concertation et de prise de décision en ce qui concerne l'organisation et la vie de la radio et de la télévision libres, ARTI veille à l'exercice démocratique et dynamique de la profession.