Conformément à ses missions de contrôle de l'efficacité de la gestion des services publics, la Cour des comptes amené une mission d'évaluation de la gestion des catastrophes naturelles. Le rapport publié au terme de cette mission rend compte du niveau d'efficacité des organismes et dispositifs mis en place par les pouvoirs publics pour prévenir les catastrophes, et les coûts y afférents. Le rapport constate, de prime abord, que sur le plan budgétaire et financier, la composante « risques naturels » n'est pas clairement identifiée au niveau des budgets des différents départements qui interviennent dans la gestion des catastrophes naturelles. Néanmoins, des fonds sont dédiés à des risques sectoriels spécifiques dont le plus important est le fonds de lutte contre les effets des catastrophes naturelles, en plus d'autres fonds qui contribuent à la lutte contre les catastrophes. La Cour des comptes rappelle que le Maroc a connu, au cours de la dernière décennie, plusieurs catastrophes naturelles qui ont été à l'origine de pertes de vies humaines, de dégâts matériels et de déficits importants sur les plans économique, social et environnemental. Ces événements ont nécessité des budgets importants pour reconstruire et réparer et pour protéger les zones exposées aux risques. Les inondations de novembre 2014, dans les provinces du sud et avant elles, le séisme d'Al Hoceima du 24 février 2004, ont mis à découvert plusieurs faiblesses liées à la vulnérabilité du tissu socio-économique et des infrastructures de base, ainsi que des insuffisances sur le plan institutionnel, technique, et organisationnel de la gestion des catastrophes.L'évaluation de la Cour des comptes s'est focalisée sur cinq risques naturels, à savoir : les inondations ; les incendies de forêts ; les séismes et l'invasion acridienne. Durant les dernières décennies, notre pays a subi différentes catastrophes : les tremblements de terre d'Agadir et d'Al Hoceima, les invasions acridiennes, les sécheresses, et principalement les inondations. Ainsi, au Maroc l'historique des catastrophes naturelles indique que les risques hydrométéorologiques sont les plus menaçants, notamment les inondations, la sécheresse et les vagues de chaleur et de froid. 20. Le graphique ci-après rappelle l'évolution des sinistres majeurs survenus au Maroc entre 1960 et 2014. La Cour des comptes fait remarquer que les sinistres majeurs ont été multipliés presque par quatre entre 1980 -2000 et presque vingt-deux fois entre 2000-2014. L'existence d'une stratégie revêt une importance capitale eu égard au rôle qu'elle est sensée jouer en matière de prévention et de gestion des risques. A ce sujet, il y a lieu de noter l'existence d'un ensemble de plans sectoriels en l'absence d'une stratégie nationale clairement définie. La survenance d'un événement majeur est souvent l'occasion pour les autorités gouvernementales d'envisager des projets de mise à niveau des infrastructures endommagées ou celles de protection. A titre d'exemple, le séisme d'Al Hoceima de 2004 a servi d'élément stimulateur pour un débat public très élargi sur la problématique des constructions anarchiques et de l'habitat insalubre et pour l'élaboration d'une nouvelle réglementation nationale en matière de construction dans les zones sismiques. Ainsi, l'observation majeure relevée dans le cadre de la définition de la stratégie nationale indique que l'accent a été longtemps mis sur la gestion des situations d'urgence lorsqu'elles surviennent plutôt que sur la prévention des risques avant la catastrophe et qu'aucune politique en la matière n'est intégrée aux programmes de développement retenues. Même les budgets en place n'accordent pas les moyens nécessaires à la réduction des risques de catastrophes. Prise en compte insuffisante des risques naturels dans les politiques publiques Les projets relatifs à la prévention, la gestion et la réhabilitation en matière de gestion des risques naturels au niveau de notre pays restent insuffisants, bien qu'un changement soit perceptible dans les efforts consentis pour adapter la résilience aux risques et progresser d'un exercice purement technique pour s'inscrire dans une logique stratégique intégrée. Au niveau international, de nombreux pays ont commencé à intégrer la notion de risque dans les politiques publiques. D'après une étude menée par l'OCDE sur les politiques de gestion des risques en 2013, la quasi-totalité des pays membres « prennent systématiquement en compte les risques de catastrophe dans leurs stratégies et leurs plans sectoriels en matière d'investissements publics.» Retard dans la mise en place de la Stratégie de gestion intégrée des risques (GIR). Depuis une décennie, la prise de conscience de la nécessité de mettre en place une stratégie nationale de gestion des risques est bien affichée. En effet, après le séisme d'Al Hoceima, les autorités gouvernementales ont cherché à se doter d'une stratégie globale et efficace en la matière en s'appuyant sur des structures institutionnelles responsables avec des attributions claires et précises. Néanmoins un bon nombre d'initiatives visant à renforcer la résilience n'ont pas permis d'obtenir les résultats escomptés dont le projet de mise en place de la Stratégie de gestion intégrée des risques (GIR) qui n'a pas encore abouti à ce jour. Il est à signaler que le Royaume a bénéficié, en avril 2016, d'un financement de 200 millions de dollars dans le cadre du Projet de gestion intégrée des risques de catastrophes naturelles et de la résilience. Ce dernier a pour objectif d'introduire une approche globale combinant des réformes institutionnelles, des investissements dans la réduction des risques et une assurance. Ce financement permettra ainsi la mise en place d'un fonds national destiné à promouvoir les investissements dans des projets visant l'anticipation des catastrophes naturelles (notamment inondations, sécheresse, tsunamis, glissements de terrain et tremblements de terre) et la gestion de leurs effets.