Depuis toujours, le temps marque l'histoire. Des événements, des fascinantes apparitions, des changements de différentes natures, enfin des phénomènes de tous genres, n'ont jamais cessé de s'imposer. Et c'est dans la logique de ces enchainements que l'on assiste à l'évolution d'un phénomène qui, aujourd'hui, marque, ostensiblement et négativement, le monde, en l'occurrence, le monde pédagogique. Le mal en question, a pour nom, plagiat. Le phénomène fait des ravages dans le domaine de l'enseignement. Un domaine dont on ne peut mésestimer les valeurs essentielles dans l'édification personnelle. L'usage du plagiat peut se traduire par l'effet réducteur de l'autonomie de la pensée. Il affecte l'inspiration personnelle, amoindrit la réflexion, court-circuite l'activité cognitive, entretient silencieusement l'esprit dans les délices de la paresse. Le Web, se révèle le passage obligé, fontaine intarissable de connaissances, le distributeur de savoirs à l'œil, bradeur des ressources les plus populaires du monde, de même qu'un lieu d'écoute, il tend l'oreille, le regard, la main à toutes curiosités intellectuelles. De nos jours, l'être s'accommode des moyens du bord, internet au premier chef. Il s'approvisionne, pas nécessairement du mieux qu'il convient, à des opportunités numériques. C'est auprès de l'irrigateur planétaire, que le sujet détecteur tâtonne, s'approche, apprécie, balise, se colle à sa cible. Séduit par la puissance des mots, des lignes de velours, pris par des pouvoirs souvent inexplicables, propulseurs du désir d'appropriation d'expressions fines, de splendides élaborations, de créations errant ici et là dans l'univers du net, le prospecteur défie toutes signatures particulières, n'hésitant nullement à voler, à piller. Vestimentaire intellectuel... Naturellement, un sujet qui aspire à un produit, à un besoin immédiat, use de tout ou presque, calque, capture, copie-colle, bricole etc., puise dans les moyens technologiques, comme bon lui semble, des ressources en balade. Agir de la sorte, c'est s'offrir le luxe de ces délices intellectuels prêt à porter, sans avoir froid aux yeux. Bien que d'aspects différents, les actes de détournements, de violation des biens, se donnent tous un même objectif. Lequel objectif n'a d'intention que celle qui aspire à détromper le lecteur, à valoriser illégitimement son propre produit. L'acte de plagier est fort tentant, en raison de l'élasticité technologique, du gain de temps. Mais celui-ci ne serait-il pas aussi chargé d'effets psychologiques ? Outre le désir de valorisation, l'acte de tricher est de vouloir se rassurer, se sécuriser en changeant de vestimentaire intellectuel, en se sentant bon et fort. L'acteur se croit toujours maitre de ces biens en vadrouille. Il s'imagine posséder, même faussement, des plages scripturales interdites que souris, doigts, attrapeurs d'imaginations, exécutent en plein jour commodément. La pratique prend de plus en plus d'ampleur sur le terrain pédagogique. Dans le domaine de l'enseignement, le phénomène s'impose, se propage à l'échelon mondial. Le plagiat constitue aujourd'hui l'une des plus graves problématiques que la communauté éducative au plan international n'ait jamais connue. Défi majeur de notre temps. Les jeunes apprenants ne jurent plus qu'avec de l'authentique, n'hésitent pas à remettre leurs travaux aux contenus intacts. Ils sont respectueux ! Épargnés par l'effort, dispensés d'imagination. Pratique non ? Notre monde universitaire est loin d'échapper au festin du jour, de nouveaux emballages d'artisanats intellectuels de ce temps. Les critiques abondent, les discours de colère aussi, parfois des sanctions à l'égard des plagiats interceptés. Il y va des présentations orales, rapport de stages, mémoires, thèse de doctorat et autres obligations pédagogiques. Une situation face à laquelle, des formateurs de tous poils se trouvent désarmés. La technologie n'a pas que son coté jardin, celle - ci ne manque pas de revers. Si le web soulage, il inonde aussi de connaissances prêtes à porter. Le plagiat embarrasse pédagogie et pédagogue. Il agace. Mais que fait-on face au nouveau phénomène, le nouveau destructeur de la qualité pédagogique ? Oui des anti-plagiats existent, mais de nouvelles stratégies pédagogiques seraient encore, à notre sens, plus judicieuses. Il convient de s'interroger sur les facteurs incitateurs, de sensibiliser à la prise de conscience du mal, de former en savoir-faire dépourvu de plagiat, d'éduquer à l'autonomie intellectuelle. Eduquer à la découverte de ses propres plaisirs par le biais de ses créations, de ses inventions, par les douceurs et les peines qui émergent de l'imagination, propulsent des productions. Peut- être faudra-t-il instaurer aussi des sanctions réglementaires selon le degré de gravité de violation, comme il en existe ailleurs. Après tout, le plagiat n'est que pillage silencieux de bien d'autrui.