David Cameron, qui poursuit vendredi à Varsovie et Berlin sa tournée pour arracher des réformes de l'UE et justifier ainsi le maintien de son pays dans l'Union, a reçu un accueil mitigé en Pologne, hostile à son projet de réduction des aides sociales aux ressortissants de l'UE. La veille, le Premier ministre avait demandé à ses partenaires de l'UE d'être "flexibles et imaginatifs" pour que les Britanniques votent oui au référendum prévu d'ici à fin 2017 sur leur maintien dans l'UE. Avec près d'un million de ses citoyens travaillant au Royaume-Uni, la Pologne refuse toute flexibilité sur une éventuelle différence de traitement entre eux et les Britanniques, alors que M. Cameron appuie de tels projets. Lors de son entretien avec le Premier ministre britannique, son homologue polonaise, Ewa Kopacz, a confirmé que "la Pologne refuserait toute discrimination", a indiqué sur son compte Twitter son ministre des Affaires européennes, Rafal Trzaskowski, qui avait prédit une conversation "difficile" sur ce point. Il a cependant indiqué que M. Cameron et Mme Kopacz étaient "tombés d'accord, sur la déréglementation au sein de l'UE, le renforcement de la concurrence et du rôle des parlements nationaux". Le ministre polonais a parlé d'une "bonne rencontre", précisant qu'elle avait porté aussi sur la politique vis-à-vis de la Russie et des migrations. David Cameron, favorable au maintien de son pays dans une Union réformée, aspire notamment à rapatrier certains pouvoirs au nom de la souveraineté du Parlement britannique et à durcir les conditions d'accès aux aides sociales pour les ressortissants de l'UE. Depuis son adhésion à l'UE en 2004, la Pologne a touché des milliards d'euros de subventions pour développer ses infrastructures. Mais certains groupes sociaux influents dénoncent la politique de Bruxelles, tels les mineurs qui craignent la décarbonisation de l'économie prônée par l'UE. Après sa rencontre avec son homologue polonaise Ewa Kopacz, M. Cameron devait gagner Berlin pour un déjeuner de travail avec la chancelière Angela Merkel. Europe à plusieurs vitesses A quelques heures de son arrivée, le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, a plaidé en faveur d'une Union européenne renforcée, mais avec des "vitesses différentes" selon les pays membres. "Une Union européenne forte a besoin de pays qui vont de l'avant. Mais l'Union européenne a 28 pays. Tous ne pourront pas faire tout ensemble au même moment", a écrit M. Gabriel, également ministre de l'Economie, dans les colonnes du quotidien Bild. Jeudi à Paris, M. Cameron avait soutenu que sa priorité était "de réformer l'Union européenne pour la rendre plus compétitive et répondre aux inquiétudes des Britanniques quant à leur appartenance" à l'UE. "Le statu quo n'est pas suffisant, des changements peuvent être faits et bénéficier non seulement à la Grande-Bretagne mais aussi au reste de l'Europe", avait-il déclaré. De son côté, le président français François Hollande a réaffirmé qu'il était de "l'intérêt de l'Europe et du Royaume-Uni d'être ensemble" tout en disant son "respect" pour ce que décidera le "peuple" britannique. M. Cameron a lancé son offensive diplomatique après la présentation formelle jeudi au parlement du projet de loi détaillant les modalités du référendum, qui sera débattu à partir du 9 juin. Les Britanniques devront répondre à la question suivante: "Le Royaume-Uni doit-il rester membre de l'UE ?" La consultation se tiendra au plus tard le 31 décembre 2017, mais pourrait être organisée dès l'année prochaine.