Le Premier ministre tunisien, Habib Essid, a estimé que le pays était "en danger", et a déclaré que "cette opération lâche vise en premier lieu l'économie tunisienne". Cette action terroriste intervient, en effet, alors que la saison touristique démarrait. Une grosse centaine de touristes visitaient ce matin le musée du Bardo. L'attentat de ce mercredi au musée du Bardo, à Tunis, pourrait bien porter un nouveau coup au tourisme dans le pays, déjà convalescent. Le musée où s'est déroulée la prise d'otage, entièrement rénové entre 2009 et 2012, est un des lieux les plus touristiques du pays. A ce titre, le symbole du musée Bardo est particulièrement dommageable. C'est l'un des monuments les plus visités de Tunisie. Il abrite une exceptionnelle collection de mosaïques, dans un bâtiment mitoyen du Parlement. Installé dans un palais du XIXe siècle, il accueille des centaines de milliers de visiteurs chaque année. Avec de fortes variations ces dernières années. Un pic, en 2005, avec 600 000 personnes, contre seulement 100 000 en 2011, année de la révolution qui a renversé le président Zine el-Abidine Ben Ali. Ce qui est l'un des premiers secteurs d'activité du pays est directement visé. Au mois de janvier, après l'annonce de la décapitation d'Hervé Gourdel en Algérie, le secteur touristique avait chuté de 21 %. Le tourisme constitue une manne conséquente pour la Tunisie, puisqu'il représente 7 % du PIB. Car, en plus du drame humain, ce nouveau coup sera difficile à encaisser pour la société tunisienne. Dans les mois qui viennent, le tourisme pourrait s'ajouter à la liste des victimes. Or, toute l'économie en dépend. Il représente sa première source de devises, et compte quelques de 400 000 emplois directs et indirects, soit près de 12% de la population active. En 2010, la révolution de Jasmin avait déjà saigné à blanc le secteur. Après un pic à près de 7 millions de visiteurs par an, la fréquentation touristique s'était effondrée de 30% en 2011 à 4,8 millions de visiteurs. Pour l'instant, le secteur touristique n'a toujours pas réussi à retrouver son niveau d'avant la révolution. Avant la révolution, le nombre de touristes avait plus que doublé en 5 ans, passant de 3 à 6,5 millions entre 2005 et 2010. Mais les résultats des années 2013 et 2014 se sont montrés encourageants. L'an dernier, le tourisme a rapporté 1,6 milliard d'euros à la Tunisie, soit 6,4 % de plus qu'en 2013, mais 14,5% de moins qu'en 2010, selon les statistiques du ministère du Tourisme. Le nombre de touristes a, lui, baissé de 3,2% à 6,07 millions, contre 6,27 millions en 2013. En 2014, le nombre de touristes était encore 12% inférieur à celui de 2010. Les Français, deuxième contingent de visiteurs après les Lybiens, boudent la destination. "Leurs nuitées ont baissé de 53% entre 2010 et 2013, et de 31% entre 2013 et 2012. La Tunisie avait enregistré 8,7 millions de nuitées "françaises" en 2010, contre 4 millions en 2013 et 5,8 en 2012. Selon l'Ambassade de France en Tunisie, aujourd'hui, 1/9e des touristes vient de France, contre 1/6e avant le printemps arabe, où ils étaient 1,4 million.