Pour des solutions «urgentes, tangibles et pratiques» aux problèmes que vivent les enfants handicapés, pour un budget étatique spécial à leur scolarisation pour que la question du handicap mental soit placée parmi les «priorités nationales», plusieurs centaines de personnes, représentant quelque 80 associations marocaines réunies au sein de l'Union nationale des associations œuvrant dans le domaine du handicap mental (UNAHM), ont manifesté dimanche devant le Parlement à Rabat pour dénoncer la «marginalisation» de 347.000 citoyens atteints de déficit mental, dont seulement 10.000 sont pris en charge. Le Maroc, pays de près de 35 millions d'habitants, compte «plus de 347.000 personnes souffrant d'un handicap mental» soit 23% sur le total des 1,5 millions de handicapés que compte le royaume, a déclaré la présidente de «l'Union nationale des associations oeuvrant dans le domaine du handicap mental»(Unahm), Mme Sabah Zemmama. «Seules 10.000 de ces personnes» sont prises en charge, a déploré Mme Zemmama, qui a souligné que la moitié d'entre elles sont accueillies par des associations réclamant plus d'aides pour fournir les prestations de «soins, d'éducation et de formation» aux enfants en priorité. Sachant qu'une prise en charge d'un enfant en situation d'handicap coûte cher, entre «3.000 et 4.000 dirhams par mois, selon la même source. L'UNAHM a appelé, dimanche à Rabat, à l'amélioration des conditions de vie des enfants souffrant de handicap mental. Lors d'un sit-in organisé devant le Parlement, l'UNAHM a réclamé des solutions «urgentes, tangibles et pratiques» aux problèmes que vivent ces enfants, et appelé à ce que la question du handicap mental soit placée parmi les «priorités nationales». L'Union a également exhorté le gouvernement à consacrer un budget spécial à la scolarisation de ces enfants et élargir la base des bénéficiaires des services spéciaux dédiés aux enfants souffrant de handicaps mentaux. Les revendication de l'UNAHM comprennent aussi la mise en place d'un plan d'action et d'une stratégie en faveur des enfants en situation de handicap mental, tout en se conformant aux Conventions des Nations Unies y afférentes, outre la création d'une structure spéciale dédiée aux personnes handicapées, le respect des dispositions de la nouvelle Constitution et la réhabilitation des associations opérant dans ce domaine. Dans une déclaration à la MAP, la présidente de l'association des parents et amis des enfants handicapés mentaux, Amina Msafer, a préconisé la mise en application de l'arsenal juridique du Maroc en la matière, en particulier l'article 34 de la Constitution et l'activation de la Convention internationale relative aux droits des enfants handicapés. Elle a averti que les centres dédiés à ces enfants sont menacés de fermeture pour manque de moyens. Amina Msafer a ainsi mis en garde contre la détérioration de la situation de ces enfants et leur abandon après la mort de leurs parents. Pour sa part, le président de la «Coalition régionale pour la protection des droits et de la citoyenneté des personnes handicapées» de la région de Casablanca, Mohamed Al Azri, a fait savoir que ce sit-in reflète le mécontentement des centres d'accueil des enfants handicapés mentaux par rapport à la situation financière difficile qu'ils connaissent, appelant le gouvernement à revoir sa gestion de ce dossier. De son côté, le vice-président de l'UNHAM, Ali Redouane, a exhorté le gouvernement à traiter cette frange de la société de «manière convenable», relevant les souffrances endurées par les parents des enfants en situation de handicap et plaidant pour la mise en oeuvre des dispositions prévues par la Constitution en la matière. La militante associative Touria Roudani, s'est prononcée, pour sa part, pour des actions à même de permettre aux associations concernées de recevoir l'aide nécessaire dans les délais impartis, appelant le gouvernement à trouver des solutions aux problèmes que vivent ces enfants. Ces associations réclament aussi un «dialogue avec l'Etat» et «la mise en oeuvre de la Constitution» qui garantie le «droit à la santé», a dit le président des parents et amis des enfants déficients mentaux, Ali Redouane. Rappelons qu'une étude menée conjointement, sur 22 établissements, par l'UNICEF, et plusieurs département ministériels et autres associations sur «les enfants en situation de handicap abandonnés dans les institutions au Maroc», révèle l'absence d'un minimum de normes de qualité au sein des établissements sociaux, tant au niveau des ressources humaines que des infrastructures appropriées et de l'accès aux services de santé à cause des prix élevés des soins et des médicaments. En matière de ressources humaines, l'étude, présentée lors d'une conférence de «Handicap International», montre que les établissements d'accueil ne disposent pas de cadres qualifiés et spécialisés dans le domaine de l'éducation des enfants handicapés, avec une nourrice pour chaque 23 enfants.