C'est une première au Maroc, du 12 novembre au 15 novembre, Rabat abrite la première édition du salon Visa For Music, le salon des musiques d'Afrique et du Moyen-Orient, sous la direction d'un homme du métier, Brahim El Mazned, organisateur de l'évènement et directeur artistique de Timitar. La manifestation cultuelle réunit les tourneurs, les programmateurs d'artistes dans les grands festivals internationaux... Cet événement qui regroupe les métiers de la musique est une opportunité pour nos artistes marocains et leurs agents, surtout à travers les expositions aux stands, les showcases et les speed-meetings. Des mini-réunions cadencées de 10 min organisées au Théâtre Mohammed V pour permettre aux professionnels et aux artistes de se rencontrer et de nouer des relations professionnelles dans un cadre organisé et convivial. L'artiste a dix minutes pour se vendre à un programmateur de festival ou un tourneur international et c'est à l'artiste de donner le maximum. Ce genre d'occasion, on n'en a jamais eu au Maroc, l'artiste doit toujours se débrouiller, il n'a pas le contact qu'il faut. Si nos artistes ont de bons échos à l'étranger, il leur faut les connexions, parce que le show biz, c'est autre chose, il ne faut pas juste avoir le talent mais c'est le réseau qui compte, affirme Mounya Boushaba, agent de communication du festival. Outre cette particularité, plusieurs stands où les artistes, les professionnels de l'industrie de la musique et les représentants d'organismes culturels exposent leur travail et leur carrière. Les jeunes groupes et artistes n'ont pas manqué au rendez-vous, une occasion à ne pas rater. Plusieurs pays sont représentés, Colombie, MaliUganda, Madagascar, Brésil, Guadeloupe, Tun-Bel, Ile de la réunion Egypte, Pays-Bas, Liban... Au programme, plusieurs concerts, conférences et projections de films. Le concert inaugural, produit le mercredi au Théâtre Mohammed V a vu la participation de Alle's Tones, Al Qantara et Aziz Sahmaoui. Un hommage a été rendu à Maloma, à Ismaël Lô, à Idir et à Omar Sayed de Nass El Ghiwane. Les conférences, en partenariat avec Zone Franche et l'Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement, sont organisées autour de réflexions nécessaires à la compréhension et au développement du secteur culturel de l'Afrique, du Moyen-Orient et des Caraïbes. Deux thèmes ont été mis en avant : « Expressions et énergies urbaines », « Métissages & insularité ». Sans oublier la projection de cinq films documentaires musicaux liés aux enjeux artistiques et économiques du secteur de la musique. Au niveau des stands mis en place au théâtre national où artistes et maisons de production exposent, dont Ribab fusion, L'Boulevard..., on a recueilli des témoignages et impressions sur ce grand événement. On a rencontré Amine El Hannaoui, responsable et manager du groupe FNAÏRE, connu, entre autres, pour son tub « Yed El Henna ». L'artiste a loué VFM, l'initiative de Brahim El Mazned, une opportunité pour les artistes marocains, les producteurs artistiques et les responsables d'évènements internationaux. Les showcases permettent aux artistes de faire leurs prestations pour que les organisateurs puissent connaître leur travail en direct et son répertoire. C'est l'occasion pour le groupe d'exposer ses produits et sa carrière, et de rencontrer les professionnels du domaine au niveau national et international. « On a eu de bons retours pour le groupe, sachant que sur facebook, on a un million de fans, qu'on a 15 ans de carrière et que l'on a déjà fait des tournées mondiales, en Russie, aux USA, au Japon, en Europe et dans plusieurs pays arabes. Les speedmeetings sont très importants, ce sont des rencontres avec les professionnels du domaine et les directeurs d'évènements pour les convaincre de notre présence artistique, on expose notre carrière et notre travail. La première journée s'est bien passée, il y aura d'autres rencontres et rendez-vous avec des professionnels ». Après le buzz ou réussite de « Yed el hanna » en 2007, il y eut un autre album « Al Basma » en 2012, mais avant il y avait des singles avec Cheb Bilal, avec la diva Samira Saïd en Egypte, qui a reçu le Prix Africa Music Awards, best sound in south africa. Des singles avec des clips sont en cours. L'artiste Mohamed Jbara, fusion du rock marocain, guitariste, compositeur, producteur ... pionnier de la musique marocaine contemporaine, a une carrière assez riche dans : « koullna jirane », « nezha fi douar », « chefchaouen ya nouara » de Naamane Lahlou. Il a fait de la fusion maroco-marocaine et la world music acoustique. Il expose au niveau des stands et nous parle de Visa for music. « C'est une première au Maroc, c'est très important pour nous artistes, c'est en quelque sorte le marché de la musique qui donne accès aux managers du monde entier, aux tourneurs et aux maisons de disques. Le moyen sûr de véhiculer l'art marocain à travers le monde, et selon une méthode qui est normale, professionnelle, avec des contrats, droit d'auteur... Saâd, le AKA de H-NAME, artiste marocain dans la catégorie du Hip Hop, en particulier le rap, depuis des années fait partie aussi des exposants dans VFM. C'est la première rencontre un peu officialisée pour une ouverture marocaine à l'étranger. C'est très important dans la mesure où on ressent ce vide, en tant qu'artistes lors des tournées qu'on fait à l'étranger, il y a un grand feed back avec le public mais il n'y a pas de suite. Si l'on apprécie notre musique, on s'intéresse à la musique marocaine et on fait des recherches dessus, cette manifestation lui donne et à l'artiste une nouvelle envergure. Comme vous savez, le marché à l'international nous dépasse, il est plus structuré, musicalement parlant, l'artiste peut trouver des opportunités à l'étranger en attendant certaines réformes et réparations, côté musical pour que cela atteigne le niveau préconisé. On doit travailler ce côté musical au Maroc et si l'on arrive à l'international, c'est un grand pas. J'espère que VFM ne s'arrête pas là, le bilan que les organisateurs feront à la fin va évaluer les points positifs, les points forts de l'évènement et les points à améliorer. Brahim El Mazned est très connu dans le milieu, il peut facilement améliorer ce projet. Cette vision de collaboration à l'échelle internationale afin d'externaliser notre musique est très importante. En tant qu'artistes, on prenait des initiatives individuelles comme pour « Africano », un projet sorti au Sénégal, mais s'il y a une entité derrière comme Visa For Music pour structurer tout cela et faciliter les rencontres et les contacts, ce serait l'idéal. Il y a des perspectives, des choses en cours de concrétisation.