Plus de 70% de la population mondiale n'est pas couverte par la protection sociale de manière adéquate. C'est ce qu'affirme, en tout cas, un nouveau rapport de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) sur la protection sociale intitulé : « Vers la reprise économique, le développement inclusif et la justice sociale ». Seuls 27% de la population mondiale disposent d'un accès à une sécurité sociale complète, ajoute le rapport qui étudie les systèmes de protection sociale, la couverture, les prestations et les dépenses de sécurité sociale dans plus de 190 pays. Il en ressort également que les gouvernements allouent seulement 0,4% du PIB aux allocations familiales, avec des dépenses qui varient de 2,2% dans l'ouest de l'Europe à 0,2% en Afrique et dans l'Asie/Pacifique. Les dépenses de protection sociale pour les travailleurs pendant leur vie active (par exemple, en cas de chômage, de maternité, handicap ou accident de travail) varient, quant à elles, considérablement d'une région à l'autre, passant de 0,5% en Afrique à 5,9% en Europe de l'Ouest. A l'échelle mondiale aussi, seuls 12% des chômeurs perçoivent des allocations chômage, variant de 64% en Europe de l'Ouest à moins de 3% au Moyen-Orient et en Afrique. Quant aux pensions de vieillesse, près de la moitié (49%) des personnes ayant dépassé l'âge de la retraite ne reçoivent aucune pension. Et pour beaucoup de celles qui en touchent une, le niveau des pensions les laisse bien souvent en dessous du seuil de pauvreté. De même, les futurs retraités recevront des pensions plus faibles dans au moins 14 pays européens. Le rapport montre aussi qu'environ 39% de la population mondiale sont privés de toute affiliation à un système ou dispositif de santé. Le nombre atteint plus de 90% dans les pays à bas revenu. L'OIT estime qu'il y a une pénurie de 10,3 millions de personnel de santé pour garantir des services de santé de qualité pour tous ceux qui en ont besoin. «La communauté mondiale a reconnu en 1948 que la sécurité sociale et les soins de santé pour les enfants, les personnes en âge de travailler confrontées au chômage ou à un accident et les personnes âgées étaient un droit humain universel », rappelle Sandra Polaski, Directrice générale adjointe de l'OIT. Pourtant, ajoute-t-elle, « ...en 2014, la promesse d'une protection sociale universelle n'est toujours pas tenue pour la grande majorité de la population mondiale.» De même, poursuit-elle, «La justification de la protection sociale est encore plus incontestable en cette période d'incertitude économique, de faible croissance et d'inégalités grandissantes. C'est aussi une question que la communauté internationale devrait faire figurer en bonne place dans le programme de développement pour l'après-2015». Malgré ces chiffres accablants, l'OIT se veut optimiste. « Comme un consensus existe entre les gouvernements et les organisations d'employeurs et de travailleurs de 185 pays sur la nécessité d'étendre la sécurité sociale, il ne manque qu'une volonté politique pour que cela se concrétise...».