La fonte des grands glaciers de l'Ouest de l'Antarctique, qui contiennent assez d'eau pour faire monter les océans d'au moins un mètre, s'accélère sous l'effet du réchauffement climatique et paraît irréversible, selon les conclusions de deux études séparées publiées lundi 12 mai 2014. La première s'appuie sur de nombreuses données incorporant quarante années d'observations, qui indiquent que le recul des plus grands glaciers de la mer d'Amundsen, dans l'Antarctique de l'ouest, «a atteint un point de non-retour», explique Eric Rignot, un glaciologue de l'université de Californie à Irvine et de la NASA, principal auteur de cette recherche à paraître dans la revue Geophysical Research Letters. La fonte des six plus grands glaciers de cette région, Pine Island, Thwaites, Haynes, Smith, Pope et Kohler, contribue déjà de façon importante à la montée des océans, lâchant presque autant de glace annuellement dans l'océan que toute la banquise du Groenland. Ils contiennent suffisamment d'eau pour faire grimper le niveau des océans de 1,2 mètre et fondent plus vite que ne le prévoyaient la plupart des scientifiques. Cette fonte pourrait aussi déstabiliser d'autres plaques de glace de cette partie de l'Antarctique et entraîner potentiellement une montée de trois mètres et plus au total des océans au cours des prochains siècles, estime ce scientifique. Selon lui, cette situation, nécessite de réviser à la hausse les projections du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), selon qui les océans pourraient s'élever de 90 centimètres d'ici la fin de ce siècle sans mesures pour réduire les émissions de gaz à effets de serre, affectant des dizaines de millions de personnes vivant dans des régions côtières. «Ces glaciers seront un contributeur majeur à la montée des océans au cours des décennies et des siècles à venir», insiste-t-il. L'accélération de l'écoulement de l'eau et le recul des glaciers sur le socle rocheux se renforcent mutuellement, expliquent ces chercheurs. En fondant, les glaciers s'allongent et leur épaisseur diminue, ce qui réduit leur masse et les séparent de plus en plus du socle rocheux et les fait glisser plus vite. «L'effondrement des masses de glace de cette partie de l'Antarctique paraît ainsi être irréversible, conclut Eric Rignot. Le fait que ce recul des glaciers se produit simultanément sur une vaste zone laisse penser que ce phénomène a résulté d'une seule cause : un réchauffement de l'eau de l'océan dans laquelle flotte une partie de ces masses de glace».