Fallait-il s'étonner de la victoire-plébiscite (sans prendre la peine de mettre des guillemets) de Bouteflika à la présidentielle et au premier tour S.V.P.? Que non ! Que ce soit avec 80%, 90%, ou même avec quelque 55% pour sauver les apparences d'une démocratie spoliée, cela importerait peu et ne changerait rien à la donne. A la république pétrolière maghrébine, le hold-up a été opéré sur la démocratie algérienne, si démocratie il y avait, depuis belle lurette. Et sans remonter aussi loin à l'épisode de l'annulation du deuxième tour des législatives des premières années de la décennie 90 du siècle dernier, il faut savoir que le coup de grâce a été donné à une démocratie en gestation à défaut d'être naissante, dès lors que Bouteflika, lui, ou quelques uns d'autres ont imposé l'amendement de la Constitution algérienne pour proroger, à souhait, les mandats de la présidence. On aurait pu avaler la couleuvre, quand bien même le postulant aurait été de bonne santé et en possession de toutes ses qualités physiques, motrices, de santé et de discernement. Ce qui est loin d'être le cas pour l'ancien-actuel président algérien. Candidat par contumace, ce n'est pas lui qui s'est déclaré candidat, il n'a prononcé aucun discours, ni pour annoncer sa candidature ni pendant la campagne électorale menée par ses suppléants-tuteurs, tout au plus si on l'a vu voter sous assistance. Et même à l'occasion, il n'a susurré le moindre mot au bureau de vote, même pas le « Salamou alikoum » de rigueur dans notre culture arabo-musulmane. N'empêche. Elu, Bouteflika n'a même pas adressé (l'aurait-il pu ?) un message, à défaut d'un discours, pour remercier ses électeurs ou pour présenter son programme. Non, l'homme est absent. Et sauf miracle, il serait difficile d'escompter son retour normal sur les devants de la scène politique, algérienne ou autre. Une scène appelée à être occupée par ses « suppléants » qui, durant les meetings de campagne, se sont évertués à colporter la promesse de Bouteflika, une fois re-re-réélu, d'amender la Constitution. Sûrement pas pour une autre prorogation de mandat, le forfait étant épuisé, mais pour l'institution d'un éventuel poste de vice-président. Car, il faudrait bien un lien entre un chef d'Etat grabataire et impotent et le lobby militaro-industriel qui tient les ficèles, d'une part, et un fusible à faire sauter si besoin est, pour éteindre la colère populaire. Et ce ne sont pas les postulants qui feraient défaut. Il y aurait même bousculade au portillon! A commencer par tous les lieutenants de la campagne qui aspireraient à une récompense de leur « loyauté », on pourrait aussi repousser le rayon au cercle des frères et gendres et on en passe. Peut-on avec de tels ingrédients aspirer à un changement en Algérie ? Que non, car il semble bien que le pays a raté l'une des rares occasions de rompre en douceur avec l'inertie. Car, on ne peut espérer d'un système, figé depuis 1962, un changement en un seul mandat. L'Algérie a-t-elle encore une fois repoussé l'avenir aux calendes grecques ? Tout semble l'indiquer.