SM le Roi Mohammed VI a tenu à préciser le cadre conceptuel dans lequel il inscrit son engagement, celui de son Royaume, ainsi que celui de tous les peuples arabes aspirant à la libération d'Al- Qods. « Notre attachement à l'identité d'Al-Qods ne s'explique pas seulement par le fait qu'il s'agit de la première des Qibla et du troisième Lieu Saint, mais également par la nécessité que cette cité demeure ce qu'elle a toujours été : un symbole du monothéisme des religions célestes et un espace de coexistence entre ses populations dans un climat de paix et de concorde ». Par ces propos traduisant parfaitement l'esprit de justice et de tolérance religieuse qui fait la grandeur civilisationnelle de l'Islam véritable, le Souverain marocain a envoyé aux nations du monde un message à la fois d'exigence d'équité et d'espoir en un avenir meilleur, dans son discours de clôture adressé aux participants à la 20éme session du Comité Al-Qods, dont les travaux se sont déroulés les 17 et 18 janvier à Marrakech. « Notre réunion aujourd'hui constitue un message au monde indiquant que nous sommes une nation attachée à la paix et à l'alliance des civilisations et des cultures », avait déjà affirmé SM le Roi dans son discours d'ouverture des travaux de cette session. C'est la première réunion du Comité Al-Qods depuis treize ans, et comme l'a si bien souligné SM le Roi, celle-ci intervient « dans un contexte où la solidarité à l'égard de la cause palestinienne connaît un repli sensible, tant en termes de soutien politique et matériel, qu'au niveau des médias ». Le Royaume du Maroc se devait donc d'agir, surtout qu'il s'agit d'une « cause prioritaire, au même titre que notre première cause nationale, et l'avons inscrite parmi les constantes de notre politique étrangère », ainsi que l'a souligné le Souverain dans son discours d'ouverture. « Il n'en demeure pas moins que cette réunion constitue en soi la meilleure démonstration de notre volonté commune de continuer à défendre les droits légitimes du peuple palestinien frère, ainsi que l'identité arabo-islamique d'Al-Qods Acharif », a toutefois fait observer SM le Roi, qui a ajouté que la tenue de cette session du Comité Al-Qods, qui compte une quinzaine de pays musulmans, était également « une occasion propice pour engager les concertations et la coordination nécessaires afin de concevoir les moyens les plus adaptés pour faire face aux politiques agressives menées contre le vaillant peuple palestinien et pour contrecarrer les plans de colonisation et les violations attentatoires au Haram Al-Qodsi Acharif et à la Mosquée bénie d'Al Aqsa ». C'était aussi l'opportunité pour SM le Roi Mohammed VI de brosser le tableau de la situation actuelle de la question palestinienne sur la scène diplomatique internationale, afin que les pays membres du Comité Al-Qods puissent élaborer en commun la stratégie la plus adaptée dans le but de faire avancer le processus de paix au Proche-Orient. Le bilan tracé par le Souverain est plutôt contrasté. « Nous nous réjouissons de l'attribution à la Palestine du statut d'État observateur non membre au sein des Nations Unies. Pour autant, Nous appelons à la mise en œuvre de toutes les résolutions onusiennes afférant à Al-Qods et à la question palestinienne en général ». Comme quoi, un premier pas onusien sur la bonne voie du règlement de la question palestinienne a été accompli, mais n'aurait de réelle signification que s'il est suivi par l'application des résolutions relatives à la Palestine et à sa capitale, Al-Qods, malheureusement restée lettre morte depuis plusieurs décennies. Dans le communiqué final élaboré au terme des travaux de la 20éme session du Comité Al-Qods, les pays membres ont exprimé leur soutien à la reprise des négociations de paix et au rôle « sérieux » des Etats-Unis en tant que « parrain des pourparlers ». Ils ont toutefois exhorté « toutes les composantes de la communauté internationale » à « faire pression sur Israël pour qu'il arrête ses opérations de colonisation illégales et provocantes en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée ». « L'arrêt de la colonisation créerait un contexte favorable à la poursuite des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens, conformément à l'initiative de paix arabe », ont-ils précisé. Il est à rappeler que les ministères des Affaires étrangères de la France, de l'Espagne et de l'Italie ont récemment convoqué les ambassadeurs israéliens pour leur signifier la réprobation par les gouvernements de ces pays de la dernière décision des autorités israéliennes de procéder à la construction de quelque 1.800 nouveaux logements dans les colonies de peuplement sionistes dans les territoires occupés. SM le Roi a affirmé de manière claire l'importance capitale pour les Musulmans de la question d'Al-Qods dans le règlement du problème palestinien et les moyens pour y parvenir. « Nous réaffirmons qu'Al-Qods demeurera au premier rang de nos préoccupations, et qu'elle restera profondément enracinée dans les cœurs de nos peuples islamiques » Il s'agit, donc, pour ce faire, affirme le Souverain, de « poursuivre les efforts de soutien à leur résistance, et d'aller de l'avant dans le processus de paix, dont le point nodal tient au règlement équitable de la question d'Al-Qods Al Charif ». Car, « l'aboutissement favorable de cette dynamique reste tributaire de l'adoption d'une approche globale touchant toutes les questions liées à la solution définitive, se rapportant à des référentiels clairs et s'inscrivant dans un horizon temporel bien défini. (...) Dans ce cadre, il faut insister sur le fait qu'Al-Qods est l'essence de la question palestinienne, et qu'il ne saurait y avoir de paix sans définition du statut définitif d'Al-Qods-Est en tant que capitale de l'État palestinien indépendant ». Un effort concret mais peu soutenu Pour le Royaume du Maroc, l'engagement en faveur de la cause palestinienne en général et Al-Qods en particulier, n'est pas un vain mot. C'est en fonds investis et en actions déployées, via l'Agence Bayt Mal Al-Qods, l'instrument opérationnel du Comité Al- Qods, qu'il se traduit dans la réalité. Ainsi, 30 millions de Dollars, payés à 80% par le Maroc, ont été consacrés à la réalisation de 130 projets à Al-Qods, de 2008 à 2012. « L'Agence Bayt Mal Al-Qods déploie, en collaboration avec les différentes institutions officielles islamiques et avec les ONG œuvrant en faveur d'Al-Qods, des efforts soutenus pour promouvoir le secteur de l'éducation et de la formation, notamment en assurant la préservation et l'entretien des établissements scolaires, en procédant à l'achat de bâtiments et à leur transformation en écoles et en favorisant la scolarisation des enfants. L'Agence travaille également à stimuler les activités économiques génératrices de revenus stables et d'emplois, se charge de la réhabilitation et de l'équipement d'établissements sanitaires et de la mise en œuvre de programmes de logement, et met en place des structures socioculturelles, notamment au profit des jeunes. Citons plus particulièrement la restauration du Centre culturel marocain situé au cœur de la Ville sainte, et dont la réalisation a été entièrement financée par le Maroc ». « En matière de sauvegarde du patrimoine religieux et culturel d'Al-Qods », a poursuivi le Souverain, « l'Agence s'efforce de préserver la Mosquée bénie d'Al-Aqsa avec le reste des lieux saints et des symboles civilisationnels. Elle s'emploie également à contrer la fermeture des établissements palestiniens vitaux et la confiscation des terres et des biens dans cette ville spoliée. Afin de poursuivre cette démarche solidaire, l'Agence Bayt-Mal Al-Qods Acharif a mis au point un plan quinquennal 2014-2018. Pour réunir les conditions de réussite de ce plan, l'Agence a tenu à préparer une étude minutieuse sur les différents projets qu'elle compte réaliser, tout en déterminant les délais de mise en œuvre et les moyens de financement y afférents. Toutefois, notre ambition dépasse largement les moyens limités dont dispose l'Agence, et qui sont dus aux faibles contributions prévues à son budget ». On se rend compte à travers la lecture de ces données concrètes présentées par le Souverain que les pays qui font le plus de bruit à propos de la question palestinienne et s'autoérigent en parrains de cette noble cause ne sont pas forcément des plus actifs et productifs sur le terrain. Quelques hirondelles ne peuvent faire à elles seules le printemps et il est plus que temps de joindre l'acte à la parole, tous les Arabes ensemble. « Il est impératif de resserrer les rangs, d'agir avec efficacité et de faire preuve de maximum de solidarité et d'engagement », a insisté SM le Roi. « Aussi, appelons-Nous à une forte mobilisation de nos moyens et de nos ressources propres pour s'en servir dans la défense de la Ville sainte, considérée comme la cause de la Oumma islamique tout entière ». L'objectif premier étant la mise en place de l'État indépendant de Palestine « sur ses terres libérées, ayant Al-Qods-Est comme capitale et vivant dans la paix et la sécurité et en bonne intelligence avec Israël », a indiqué SM le Roi Mohammed VI, il faut s'attendre à un chemin menant vers la paix qui serait « long et ardu » et exigerait « des sacrifices énormes de la part de toutes les parties ». Ce qui exigerait également de s'armer du « courage nécessaire pour prendre des décisions difficiles et déterminantes où la logique de la raison, de la sagesse, de l'espérance et de la vie, l'emporte sur les démons de la haine, de l'extrémisme, du désespoir et de l'agression, et ce, dans l'intérêt bien compris des peuples de la région ». Les propos empreints de sagesse du Souverain marocain trouveront-ils écho aussi bien du côté des sionistes, adeptes du fait colonial accompli, que des pays arabes, si généreux en slogans et si chiches en donations ?