Un bateau transportant 137 migrants en provenance d'Afrique du Nord a atteint lundi l'île de Lampedusa, alors que le gouvernement italien se prépare à multiplier les patrouilles en Méditerranée pour tenter d'éviter de nouveaux naufrages. Plusieurs centaines de personnes ont péri en mer depuis le début du mois en tentant de gagner l'Europe. Le président du Conseil italien, Enrico Letta, a annoncé samedi soir le déploiement de moyens navals et aériens supplémentaires au sud de la Sicile. Lundi matin, un bateau transportant en majorité des Syriens a accosté dans le port de Lampedusa, petite île italienne située entre la Sicile et la Tunisie, a annoncé la garde-côtes. Plus de 200 autres migrants sont arrivés sur la côte orientale de la Sicile après avoir été secourus dimanche en pleine mer par un navire de commerce italien et une vedette de la garde-côtes. Le 3 octobre, le chavirage d'un bateau à seulement un kilomètre de Lampedusa a coûté la vie à plus de 350 migrants, pour la plupart des Somaliens et des Erythréens. Vendredi dernier, un autre naufrage a fait au moins 34 morts au sud de la Sicile mais le bilan définitif pourrait dépasser les 200 morts. La guerre civile en Syrie, les troubles en Egypte et dans d'autres pays arabes ou africains alimentent ce flot des réfugiés, dont beaucoup s'embarquent en Libye pour tenter de gagner l'Europe. Le ministre italien de la Défense, Mario Mauro, a déclaré dimanche que son pays allait tripler sa présence dans le sud de la Méditerranée «à la fois en termes d'effectifs et de moyens (...) pour une mission militaro-humanitaire rendue nécessaire en partie par le fait que la Libye est un ‘non-Etat'». «Il faut une action énergique pour faire cesser ces naufrages en mer», a-t-il ajouté. Selon plusieurs journaux italiens, des drones basés en Sicile apourraient être utilisés pour repérer les bateaux de migrants. Dans une interview au quotidien italien La Repubblica de lundi, le Premier ministre libyen Ali Zeidan reconnaît que son pays est incapable de contrôler ses frontières. «Nous avons besoin de l'aide de l'Europe pour contrôler les frontières, former notre personnel, utiliser des satellites afin de suivre ces flux migratoires. C'est un phénomène qui dépasse largement les capacités d'un seul Etat», dit-il. L'Italie et Malte, où débarquent la majorité des migrants, ont demandé une aide financière de l'Union européenne et veulent que ce dossier soit inscrit à l'ordre du jour du prochain Conseil européen les 24 et 25 octobre. Le gouvernement italien, confronté à la récession économique et à des difficultés budgétaires, a déjà reçu de l'UE plus de 30 millions d'euros pour financer ses centres d'accueil des immigrés. Des rescapés du naufrage de vendredi dernier ont raconté que leur bateau avait essuyé des tirs en quittant les côtes libyennes, a rapporté Barbara Molinario, porte-parole du Haut Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR). Cecilia Malmström, commissaire européenne aux Affaires intérieures, s'est prononcée la semaine dernière pour un renforcement des moyens de Frontex, l'agence chargée de la sécurité des frontières extérieures de l'UE, afin qu'elle puisse assurer les secours de l'Espagne jusqu'à Chypre. En plus des moyens de la garde-côtes et de la police des frontières, trois bâtiments de la marine italienne, quatre hélicoptères et deux avions de reconnaissance équipés d'appareils de vision nocturne sont pour le moment affectés à la surveillance du sud de la Méditerranée.