Muet en équipe de France, buteur et passeur avec le Real Madrid, Karim Benzema connaît un début de saison énigmatique mais le Français peut profiter des projecteurs de la Ligue des champions, mardi contre Galatasaray (18h45 GMT), pour révéler enfin son vrai visage. Pas à un paradoxe près, l'attaquant a essuyé depuis le début de la saison les sifflets d'une partie du public madrilène alors même qu'il est enfin devenu le titulaire naturel du poste d'avant-centre au Real, que lui contestait ces dernières années l'Argentin Gonzalo Higuain. Pour mettre tout le monde d'accord, Benzema va devoir se montrer décisif en Ligue des champions à l'heure où tout le camp merengue rêve de conquérir la "Decima", c'est-à-dire le dixième titre du club dans l'épreuve-reine des compétitions européennes. Difficile de croire que le même joueur puisse être à la fois stérile en Bleu et prolifique en blanc, sifflé par le public de Santiago Bernabeu et décisif sur les terrains du Championnat d'Espagne. Et pourtant Benzema, qui a signé deux buts et deux passes décisives en quatre journées de Liga, a réalisé un début de saison plus qu'honorable en club. "C'est vrai que ça va bien pour moi mais surtout on gagne les matches, c'est le plus important", a commenté l'ancien joueur de Lyon jeudi dernier. "Après, je continue à travailler et j'espère que je vais continuer à marquer beaucoup de buts." Sans Higuain parti cet été à Naples, "Karim" dispose d'une opportunité sans précédent de s'imposer comme l'avant-centre indiscutable du Real, d'autant qu'il bénéficie de la confiance d'Ancelotti et de son adjoint Zinédine Zidane. "Très content de lui", dit Ancelotti "Pour le moment, Karim se débrouille bien, a jugé vendredi l'entraîneur italien. Il a marqué deux buts lors des deux premiers matches, il a fait deux bonnes passes décisives (pour Isco, NDLR) contre l'Athletic (...) Je suis très content de lui." Mais, comme en équipe de France où le sélectionneur Didier Deschamps a choisi de se passer de lui face au Bélarus mardi dernier (4-2), la roue pourrait tourner, car les jeunes Alvaro Morata et Jesé (20 ans) poussent derrière lui au Real. Morata a d'ailleurs inscrit cinq buts en deux matches avec les moins de 21 ans Espagnols pendant la trêve internationale, alors que Benzema restait désespérément en quête d'un premier but en Bleu depuis juin 2012. "Comme ailleurs dans l'équipe, il y a de la concurrence à son poste, l'a mis en garde Ancelotti. Morata vient de faire de belles choses en sélection. C'est bien pour Karim que Jesé et Morata soient derrière lui." Toujours vaguement suspect de nonchalance depuis son arrivée à Madrid, Benzema a l'occasion de bousculer cette image grâce à la Ligue des champions, une compétition où il a souvent été brillant, comme en demi-finale retour fin avril contre Dortmund (1 but, 1 passe décisive). Le Real, versé dans le groupe B avec Galatasaray, la Juventus Turin et le FC Copenhague, doit obtenir un résultat dès mardi à Istanbul s'il veut briguer la première place de sa poule. Et s'il veut consolider sa place en blanc et reconquérir son statut en Bleu, Benzema a tout intérêt à se mettre en évidence.