Longtemps en jachère, la profession de guide de tourisme peinait à trouver le mérite de sa véritable valeur marchande. Aussi, le guide ou l'accompagnateur, fussent-ils déclarés officiels par le ministère de tutelle, étaient-ils considérés aux yeux des commerçants comme des caïds mafieux qui dictaient leurs lois, faisant le beau et le mauvais temps à leurs guises quand ce n'est pas selon la tête du clients. Bazaristes et restaurateurs leur faisaient la courbette, les engraissant copieusement pour gagner leur bénédiction comme les guides à leurs tours courtisaient les concierges des hôtels, se mettant sous leurs ordres. A l'époque, les guides étaient craints, gare à celui qui oserait les défier, il y allait de la survie de son commerce. Guides et commerçants étaient complices, se sucrant sur le dos des visiteurs étrangers, le boum du secteur touristique aidant. Mohamed JHIOUI Il fallait attendre l'après 2000 pour voir l'arrivée d'une nouvelle vague de guides frais émoulus, bardés de diplômes universitaires, au savoir académique avéré, à cheval sur l'éthique professionnelle ce qui donnera lieu à une guéguerre entre les 2 générations en présence. Mais la résistance des vétérans conjuguée avec la filouterie continuera pendant longtemps à l'emporter sur le savoir faire et le langage dépouillé des mauvaises intentions des jeunes loups. Vint alors comme un salut le Dahir n° 1-12-34 du 16 chaoual 1433 (04 septembre 2012) portant promulgation de la loi n° 05-12 réglementant la profession de guide de tourisme. On y trouve différents chapitres. Dans le premier la définition de la profession de guide de tourisme, dans le second les conditions d'exercice, dans le 3e les modalités d'exercice, dans le 4e, les conditions particulières relatives aux sociétés de guides de tourisme article qui stipule que les guides de tourisme dûment agrées peuvent constituer entre eux des sociétés de personnes et de se fendre dans les conditions. Nous sommes alors devant la possibilité de voir fleurir un concept innovant à même de moraliser cette profession. Voilà une loi qui tombe à pic pour mettre fin à l'hégémonie des concierges sur les guides et à celle des guides sur les commerçants ce qui est de nature à humaniser ce métier. Il est vrai que des tentatives dans ce sens étaient déjà entamées mais furent soldées d'échec devant le vide juridique. A ce titre, nous citons Moroccan Héritage, Expert guiding company, qui a été pionnier en la matière, réussissant même la ratification d'une convention avec le prestigieux hôtel la Mamounia. Il s'agit d'une société regroupant d'imminents lauréats d'académies et instituts supérieurs de tourisme, qui a pris sur elle l'engagement solennel de répondre aux attentes de ses clients en termes de prestations de haute qualité et de valeurs morales et civiques qui feront honneur au Maroc. Malheureusement le vide juridique qui existait et l'acharnement appuyé de certains guides malintentionnés ont eu raison de cette entité qui, somme toute, est demeurée en veilleuse grâce à l'intelligence de son manager Ahmed Hatim. Aujourd'hui avec la loi 05-12, désormais la porte est ouverte devant de pareilles sociétés qui pourront enfin concrétiser leurs programmes de coaching des guides dans l'esprit de servir honnêtement leur profession et partant leur pays avec comme credo principal le respect formel voire religieux à la déontologie professionnelle.