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Habitat menaçant ruine à Fès Fouad Serghini, directeur de l'ADER-Fès: La réhabilitation de 1.700 logements à risque recensés nécessite un investissement de 450 millions de DHS
Le laborieux chantier de restauration de l'habitat menaçant ruine à Fès n'a pas réalisé beaucoup d'avancées ces dernières années en raison des nombreuses contraintes d'ordres technique, juridique et socio-économique qui pèsent sur la préservation de ce riche patrimoine historique. Les profondes mutations qui ont marqué ce tissu urbanistique durant les dernières décennies, avec comme toile de fond la pression démographique très forte, ont beaucoup compliqué les stratégies et retardé les initiatives visant à réhabiliter et à sauvegarder cet héritage culturel et civilisationnel. Tout le monde est d'avis que ce grand chantier requiert beaucoup plus que des bonnes intentions et qu'il urge de tout mobiliser pour éviter de transformer la médina de Fès en un musée d'art à ciel ouvert avec des milliers d'habitations menaçant ruine. Et si le projet de réhabilitation de ce patrimoine implique plusieurs axes et composantes tels que les murailles, les sites et monuments historiques, les infrastructures de base et les circuits touristiques, l'habitat menaçant ruine «est problématique et vient en tête des urgences», selon le directeur de l'Agence pour la dédensification et la réhabilitation de la médina de Fès (Ader-Fès), Fouad Serghini. Dans un entretien avec la MAP, M. Serghini révèle que plus de 1.700 logements à risque sont recensés actuellement dans la médina de Fès, dont la restauration et la réhabilitation nécessitent un investissement de l'ordre de 450 millions de DHS. Il a expliqué que les études menées par l'ADER ont démontré, depuis la création de cette agence en 1991, que l'habitat menaçant ruine constitue le principal défi pour la préservation du tissu urbanistique de la médina de Fès, de par ses multiples complications d'ordre technique, topographique et socio-économique et leur impact sur la vie des gens et la sécurité des familles qui y logent. Ce phénomène, affirme M. Serghini, montre clairement que ces logements constituent non seulement un gîte pour des milliers de personnes mais surtout une réalité socio-économique qui mérite des approches innovantes pour la cerner dans ses multiples aspects. L'ADER-Fès, qui a accumulé une expertise d'une grande importance acquise au prix d'importants travaux de restauration et de réhabilitation dans la médina, dispose désormais d'une vision rénovée pour le traitement de cette problématique en tenant compte de ses différentes complications techniques et socio-économiques, mais le principal handicap reste le financement, a-t-il dit. Selon lui, le manque d'argent freine les ambitions de l'ADER et bloque toutes les initiatives visant la réalisation des travaux de réhabilitations et de restauration de l'habitat menaçant ruine, des sites et monuments historiques dans la médina de Fès. M. Serghini a relevé que le dialogue constant avec les élus, les responsables gouvernementaux et les organisations internationales intéressés par ce patrimoine universel a permis de dégager une nouvelle approche visant une rapide mobilisation des financements des opérations d'interventions sur le tissu urbanistique de la médina de Fès. Outre la réhabilitation, a-t-il précisé, les interventions de l'ADER visent à intégrer ces habitations dans le tissu économique et à leur rendre leur attrait d'antan pour encourager les gens à continuer à vivre dans cet espace convivial et éviter d'en faire un musée à des fins purement touristiques. La ville de Fès, a-t-il ajouté, n'est pas seulement une cité ancienne et des monuments historiques datant de plusieurs siècles. Elle est aussi et surtout une réalité socio-économique, des sites qui créent de l'activité et de l'animation et des métiers de l'artisanat qui font vivre des milliers de personnes, ce qui impose l'élaboration d'une stratégie urbaine harmonisée tenant compte de tous ces éléments. Le directeur de l'ADER-Fès a rappelé les différentes actions d'urgence menées par cette agence après l'effondrement d'une maison en 2004 faisant plusieurs victimes, et ayant permis le renforcement de 1200 habitations menaçant ruine garantissant par la même la sécurité des personnes et des familles qui les occupent, soulignant que les résultats de cette opération d'envergure sont «très positifs» en dépit des critiques formulées à l'encontre de certains aspects techniques, concernant notamment le renforcement des murs de ces habitations par des barres en bois. Il a relevé que cette opération menée d'urgence pour éviter la répétition des cas mortels d'effondrement des habitations a été suivie d'autres initiatives après la mise en place de stratégies plus rationnelles pour la réhabilitation de ces maisons ayant reposé sur la contribution des habitants, précisant que plus de 311 opérations d'urgence pour la restauration de maisons menaçant ruine ont été réalisées depuis 2010 pour un coût dépassant 78 millions dhs. M. Serghini a fait remarquer que l'opération de réhabilitation de la médina de Fès, avec la contribution d'institutions internationales comme la Banque mondiale, de départements ministériels et de collectivités locales, a permis de mettre en valeur le tissu urbanistique ancestral ainsi que le patrimoine historique et culturel de la ville, précisant que cette opération a été d'une grande utilité aussi bien pour les habitants et les artisans que pour les topographes et les architectes qui ont acquis une expérience bénéfique dans la conduite de ce genre d'interventions sur le paysage et qui est à même de rendre facile la réalisation d'autres chantiers similaires. Les personnes en charge de ces chantiers, a-t-il dit, sont convaincues que la réhabilitation du tissu urbanistique de Fès fait partie intégrante d'un processus de développement global et durable qui intègre aussi bien les aspects techniques que les dimensions sociale, économique, culturelle et environnementale, dans le cadre d'un souci de préservation de ce riche patrimoine et de valorisation de cette ville inscrite sur la liste du patrimoine mondial.