L'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a réitéré son soutien aux efforts du Maroc pour la sauvegarde des différentes composantes de son patrimoine culturel immatériel, couronnés par l'inscription récente d'un cinquième élément sur sa Liste représentative, le Festival des cerises de Sefrou. Après l'espace culturel de la place Jemaa el-Fna de Marrakech, le Moussem de Tan-Tan, la diète méditerranéenne, et «la fauconnerie, un patrimoine humain vivant», le festival de Sefrou vient enrichir cette liste qui «vise à assurer une plus grande visibilité du patrimoine culturel immatériel en général, faire prendre davantage conscience de son importance et favoriser le dialogue dans le respect de la diversité culturelle», a assuré Mme Cécile Duvelle, secrétaire de la Convention de l'Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Dans un entretien à la MAP, Mme Duvelle a souligné l'importance de ces inscriptions au regard de leur contribution «à mobiliser une attention renforcée sur la notion de patrimoine immatériel en général, grâce à la forte visibilité dont l'élément bénéficie avec son inscription». Le Festival des cerises de Sefrou est célébré chaque année depuis près d'un siècle, pendant trois jours au mois de juin. Il met en valeur le fruit emblème de la ville par diverses manifestations, dont le concours de beauté «Miss cerisette», un défilé avec des troupes de fantasia, de musiques rurales et urbaines, de majorettes et de fanfares, et des chars représentant les producteurs locaux de cerises. Pour le cas spécifique du festival de Sefrou, la responsable de l'Unesco s'est dite convaincue que cette inscription permettra au Maroc de «mobiliser un nombre croissant d'acteurs, surtout parmi la jeunesse, en suscitant une dynamique de reconnaissance de l'importance fondamentale de cette forme de patrimoine pour la cohésion sociale». Le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'humanité a retenu le Festival des cerises de Sefrou du fait notamment que toute la population de la ville contribue à la réussite de la manifestation : «les femmes artisanes fabriquent les boutons en soie pour les vêtements traditionnels portés lors de la parade, les arboriculteurs fournissent les cerises, les clubs sportifs locaux prennent part aux compétitions et les troupes de musique et de danse animent l'ensemble des festivités». Il considère que le festival des cerises offre également une occasion à la ville entière de présenter ses activités et ses réalisations, d'autant plus que la jeune génération est aussi intégrée dans les activités festives pour en assurer la viabilité, ce qui en fait «une source de fierté et d'appartenance qui valorise l'amour-propre de la ville et de ses habitants, et constitue une contribution fondamentale à leur identité locale». Pour ce qui est de l'état de sauvegarde du patrimoine immatériel national, Mme Duvelle a indiqué que le Maroc devrait soumettre, en cette fin d'année, un rapport périodique sur sa mise en oeuvre de la Convention de l'Unesco, «y compris sur la situation des éléments inscrits». «Nous aurons donc l'occasion d'avoir en détail le point sur ces mesures. Mais le Maroc nous semble très actif, et dispose d'excellents experts nationaux», a-t-elle dit. Quant à l'inscription d'autres éléments du patrimoine immatériel à court terme, la responsable de la sauvegarde du patrimoine immatériel à l'Unesco a relevé que «ces inscriptions ne sont pas un concours des éléments exceptionnels ou les plus beaux», mais «Je suis certaine que le Maroc aura d'autres très belles candidatures à l'avenir». Pour ce qui est des perspectives de la coopération du Maroc avec l'Unesco en la matière, Mme Duvelle a indiqué que celle-ci peut prendre diverses formes, en particulier dans le cadre de l'action du Bureau de l'organisation onusienne à Rabat, pour «le renforcement des capacités des différents acteurs et détenteurs du patrimoine immatériel afin de le sauvegarder». D'ailleurs, a-t-elle souligné, «un important projet de coopération vient d'être lancé grâce à un financement de la Norvège, qui permettra de travailler avec le Maroc pendant au moins deux années sur ces questions». Ce programme qui concerne également la Mauritanie et la Tunisie, devrait démarrer en début d'année prochaine. Axé autour de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, ce projet vise à offrir à ces trois pays un accompagnement «sur-mesure» pour que «les politiques, législations et cadres institutionnels soient mis en place et fonctionnels pour la meilleure prise en compte des besoins spécifiques du patrimoine immatériel». La formation des ressources humaines sera aussi «au coeur de notre coopération», a conclu la responsable de la Convention de l'Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Adoptée en 2003 après soixante ans de travail avec les Etats membres de l'Unesco, cette convention est le premier instrument multilatéral contraignant de la communauté internationale destiné à sauvegarder et à sensibiliser sur «ce patrimoine fragile». Son but est d'inciter et de soutenir les pays à «prendre les mesures nécessaires pour assurer la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel présent sur leur territoire». Lors de sa session de début décembre, le Comité intergouvernemental a inscrit vingt-sept nouveaux éléments sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.