Les cours du pétrole ont augmenté fortement en 2010 et au début de 2011 pour avoisiner 115 dollars le baril, puis sont tombés aux alentours de 100 dollars le baril, avant de remonter aux environs de 115 dollars le baril. La production s'est redressée en Libye, mais a diminué dans plusieurs autres pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), et la production hors OPEP est restée relativement faible. En outre, les risques géopolitiques, notamment ceux liés à la République islamique d'Iran, ont fait monter les cours du pétrole. Les projections pour 2012–13 supposent que les cours du pétrole tombent aux environs de 110 dollars le baril en 2013, conformément aux prix des marchés à terme, mais, dans la conjoncture actuelle, les bas niveaux des stocks et des capacités inemployées constituent des risques de hausse importants. Récemment, les cours d'autres produits de base sont montés temporairement sous l'effet de résultats macroéconomiques meilleurs que prévu, mais ils restent bien plus bas qu'en 2011. Les projections des PEM supposent une baisse de l'indice des cours des produits de base hors combustibles de 10,3 % en 2012 et de 2,7 % en 2013 L'amélioration des perspectives en matière de disponibilités alimentaires en 2012 est un facteur important à cet égard. Les stocks demeurent faibles, ce qui représente un risque, mais un retour à des niveaux plus normaux semble en cours. Dans son dernier rapport intitulé « Perspectives de l'économie mondiale avril 2012 », le FMI co,sacre un dossier aux marchés des produits de base et souligne que les retombées sur le cours du pétrole d'une perturbation potentielle ou effective des approvisionnements pétroliers de l'Iran, qui est le troisième exportateur mondial de pétrole brut, seraient considérables si elles n'étaient pas compensées par une augmentation de l'offre ailleurs. Une interruption des exportations de la République islamique d'Iran vers les pays de l'OPEP (sans compensation) provoquerait probablement une hausse initiale du cours du pétrole d'environ 20 % à 30 %; au fil du temps, les autres producteurs ou le déblocage des stocks d'urgence fourniront sans doute une certaine compensation, dont une partie est déjà probablement intégrée dans les prix. Une montée de l'incertitude entourant les perturbations des approvisionnements pétroliers pourrait entraîner une hausse du cours bien plus forte. FMI avance un scénario défavorable où un choc sur l'offre fait monter le cours réel du pétrole d'un peu plus de 50 % en moyenne pendant les deux premières années. Cela réduit la croissance déjà anémique des revenus réels des ménages et accroît les coûts de production, ce qui affaiblit la rentabilité. Ces facteurs compromettent le redressement de la croissance de la consommation et de l'investissement privés dans toutes les régions, sauf pour les pays exportateurs nets de pétrole. À l'échelle mondiale, la production est réduite d'environ 1 1/4 %. Les effets à court terme pourraient être bien plus marqués si le choc pétrolier altérait la confiance ou débordait sur les marchés financiers, ces effets n'étant pas inclus dans ce scénario. Les marchés mondiaux des produits de base ont quelque peu perdu de leur éclat en 2011. S'ils sont restés élevés en termes réels, les cours de ces produits ont reculé pendant la majeure partie de l'année, à l'exception de ceux du pétrole brut qui ont réagi de plus en plus aux risques géopolitiques d'approvisionnement vers la fin de l'année. Ils ont rebondi au premier semestre de 2012, tout en demeurant en général en deçà des niveaux observés à la fin de 2010. Un certain nombre d'éléments nouveaux ont amené à se demander s'ils pouvaient encore augmenter beaucoup, comme l'indique, par exemple, les récentes sous-pondérations des actifs liés aux produits de base, alors qu'il était de règle de les surpondérer ces dernières années. La baisse des cours des produits de base en 2011 s'explique premièrement par les incertitudes plus grandes que d'habitude qui pesaient sur les perspectives à court terme de l'économie mondiale. Deuxièmement, la croissance des pays émergents ou en développement a été moins forte que prévu et le fléchissement du marché de l'immobilier en Chine a de nouveau fait craindre un atterrissage brutal dans ce pays. Troisièmement, l'essor généralisé des marchés des produits de base a commencé il y a une dizaine d'années environ (avec quelques différences selon les produits), mais il existe des doutes quant à sa durabilité étant donné que les cours élevés ont commencé à susciter des réactions au niveau de l'offre, surtout d'un certain nombre de céréales et de métaux de base importants. Ces derniers mois, les cours du pétrole brut se sont écartés de la tendance générale suivie par ceux des produits de base, qui ont reculé lorsque les anticipations concernant la croissance mondiale pour 2012 ont été revues à la baisse pendant le second semestre de 2011. À la mi-mars 2012, ils avaient dépassé le pic atteint en avril 2011 aussitôt après les perturbations causées aux approvisionnements par la crise libyenne. L'aggravation des risques géopolitiques explique pour l'essentiel la récente divergence des cours du pétrole, mais d'autres réductions des approvisionnements survenues l'année dernière montrent aussi combien la croissance continue de la production mondiale de pétrole reste difficile et fragile. L' étude du FMI analyse les causes de la récente évolution des marchés des produits de base et examine les effets qu'elle aura sur les perspectives à court terme de ces marchés. Les facteurs économiques mondiaux, comme l'activité industrielle, influent tous sur les cours des produits de base en empruntant les mêmes circuits, dont la demande de ces produits et le coût des stocks. De solides données empiriques montrent que quelques facteurs communs, en général un ou deux, expliquent une bonne partie des variations des cours (mesurées par la variance de leurs fluctuations) pour tous les grands groupes de produits de base Le facteur commun agrégé des cours des produits de base est étroitement lié aux fluctuations de la production industrielle mondiale (variable de substitution de l'activité économique mondiale). Cette relation étroite se reflète dans la synchronisation des cycles des cours des produits de base et de l'activité mondiale. En fait, les cours des produits de base et l'activité économique mondiale s'inversent en général en même temps. La production industrielle mondiale a aussi une valeur prévisionnelle pour les cours des produits de base de l'échantillon et, parfois, même en dehors de l'échantillon. À l'inverse, il existe une relation forte et positive entre les erreurs de prévision de la production industrielle mondiale et le facteur commun des cours des produits de base. Dans ce contexte, le récent recul des cours des produits de base après la révision à la baisse de plus en plus générale des projections relatives à la croissance mondiale en 2011 et en 2012 correspond à un schéma normal. À l'inverse, quand les indicateurs précurseurs du premier trimestre, notamment les indices des directeurs d'achat dans le secteur manufacturier, semblaient indiquer un raffermissement de l'activité à court terme, les cours cycliques des produits de base (les métaux de base et le pétrole brut surtout) se sont redressés. D'autres événements économiques et financiers mondiaux ont également influé sur les cours mondiaux des produits de base en 2011. En particulier, lorsque la crise de la zone euro a commencé à s'aggraver à la fin de l'été, le dollar s'est apprécié par rapport à la plupart des autres monnaies sous l'effet des flux en quête de sécurité, alors que l'instabilité générale des marchés financiers s'intensifiait. On a constaté une relation en général négative entre les cours des produits de base exprimés en dollars, l'unité de compte de la plupart des opérations sur les marchés internationaux des produits de base, et les chocs sur la valeur extérieure du dollar, étant donné les variations du pouvoir d'achat et des coûts en dehors de la zone dollar entraînées par les mouvements de la monnaie des Etats-Unis. Il existe aussi une corrélation en général négative entre toute évolution non anticipée de l'instabilité des marchés financiers et les cours mondiaux des produits de base. Les incertitudes se répercutent aussi sur les conditions financières qui sont alors resserrées. Par la suite, la hausse parallèle des primes de risque a des effets sur les marchés des produits de base. Sur les marchés des dérivés de produits de base, les investisseurs non commerciaux demandent des primes de risque plus élevées, ce qui augmente les frais de couverture. Sous l'effet conjugué de cette augmentation et des hausses des primes de risque sur le crédit lié aux produits de base, les coûts de stockage augmentent également. Les incertitudes relatives à l'activité future étant plus fortes et les incitations à la détention de stocks plus faibles, les cours au comptant ont tendance à diminuer. Les dérivés sur produits de base étant en fait des actifs à coefficient bêta élevé basés sur des perspectives mondiales à court terme, l'aggravation des incertitudes influe en outre sur le sentiment des investisseurs. Par ailleurs, la forte corrélation constante (due aux incertitudes) entre les cours des produits de base et les cours mondiaux des actions réduit l'attrait, à des fins de diversification, des actifs liés aux produits de base. Les investisseurs se sont retirés des fonds de contrats sur marchandises pendant la majeure partie de 2011. Dans l'ensemble, les retraits cumulés en 2011 ont dépassé ceux opérés pendant la crise financière mondiale de 2008– 09. L'instabilité plus forte des positions sur contrats à terme non commerciaux à la fin de 2011 est un autre signe de ce qui semble être une plus grande réticence à prendre des risques sur les marchés des dérivés sur produits de base Dans le climat tendu de la croissance mondiale anticipé pour 2012–13, les cours des produits de base ne varieront guère selon les projections. Les cours cycliques peuvent se redresser si la croissance mondiale est plus forte que prévu. Toutefois, ce redressement resterait sans doute modéré, car la croissance en 2012 ne dépassera probablement pas les taux anticipés avant la recrudescence des incertitudes en 2011. De même, la réduction attendue de la croissance potentielle en Chine et dans d'autres pays émergents, même si elle est modérée, atténuerait les pressions cycliques à la hausse.