Le Maroc a plaidé, dimanche à Tripoli, pour une approche globale en matière sécuritaire associant l'ensemble des pays de la région de l'Afrique du nord et du Sahel. S'exprimant lors de l'ouverture des travaux de la Conférence ministérielle régionale sur la sécurité des frontières, le ministre de l'Intérieur, Mohand Laenser, a indiqué que cette approche doit prendre en considération la problématique du développement des pays de la région qui doit être soutenu par les partenaires, notamment l'Union européenne, le but étant de contribuer au décollage économique, condition sine qua non pour assurer la stabilité sociale et la sécurité. Le ministre a également souligné la nécessité d'adopter une stratégie sécuritaire régionale basée sur la coordination bilatérale et l'interaction entre la région sahélo-saharienne et l'espace maghrébin, tout en veillant à la collaboration avec les forces agissantes. M. Laenser a, dans ce sens, estimé que la conférence de Tripoli pose les premiers jalons de cette stratégie, exprimant la disposition du Maroc à abriter une réunion ministérielle pour évaluer la mise en œuvre des recommandations issues de cette conférence. Selon le ministre, cette conférence se tient dans une conjoncture marquée par d'importants défis sécuritaires auxquels fait face la région, notamment le crime organisé et le terrorisme, précisant que les organisations terroristes profitent de cette situation pour intensifier leurs actes grâce à des ressources financières illégales tirées des trafics de drogue, d'armes et d'êtres humains. Il s'est également arrêté sur les principaux problématiques dont font face les pays de la région à savoir l'immigration clandestine dont le traitement nécessite l'adoption d'une approche globale qui prend en considération la dimension humanitaire, tout en agissant avec la sévérité requise face aux réseaux criminels. Le traitement de cette problématique nécessite aussi la mise en place d'une stratégie de développement à même de garantir un essor social et économique dans les pays de la région. Le ministre a, dans ce cadre, insisté sur la nécessité de trouver des solutions urgentes à cette problématique à travers un partenariat efficient et solidaire entre les pays d'origine, d'accueil et ceux de transit garantissant la dignité et les droits des migrants dans le cadre de la responsabilité partagée. Pour ce qui est de la lutte contre les crimes transfrontaliers et le terrorisme, le ministre a insisté sur la nécessité d'accorder plus d'attention à la dimension sécuritaire tant au niveau bilatéral, que régional et international en vue de promouvoir le développement humain, économique et social durable auquel aspirent les peuples de la région. M. Laenser a, par ailleurs, félicité le gouvernement libyen pour les réalisations accomplies, un an après la révolution du 17 février, en vue d'assurer la sécurité et la stabilité et instaurer les bases d'un Etat prospère, exprimant la disposition du Maroc à soutenir les efforts du gouvernement libyen pour la préservation de son intégrité territoriale et de la cohésion sociale. Ouvrant les travaux, aux côtés du président du Conseil national de transition (CNT), Mustapha Abdeljalil, le chef du gouvernement libyen, Abdel Rahim Al-Kib, a précisé que son pays aspire à des liens de confiance et de coopération avec ses voisins et les autres Etats de la région, à même de garantir la sécurité et la prospérité de leurs peuples. M. Al-Kib a évoqué la situation sécuritaire dans les régions frontalières de la Libye, qui sont marquées par une augmentation manifeste d'activités liées au trafic illicite, sous toutes ses formes, prévenant que les groupements terroristes vont toujours trouver dans ces zones un climat propice pour déstabiliser la sécurité dans la région, tant que les efforts ne sont pas unifiés pour les combattre. Il a souligné le besoin urgent d'adopter un plan d'action pour renforcer la coopération régionale, devant comprendre des procédures et des mesures précises et opérationnelles, permettant d'échanger les informations et les expertises pour mettre fin aux défis sécuritaires qui guettent la région. Outre la Libye et le Maroc, la Conférence, qui se tient deux jours durant sous le thème "Opportunités de renforcer la coopération opérationnelle" connaît la participation, de l'Algérie, de la Tunisie, du Niger, du Tchad, de la Mauritanie, du Mali, de l'Egypte et du Soudan, ainsi que de représentants des Nations unies, de l'Union européenne, de la Ligue arabe et de l'Union africaine. Cette rencontre examinera les problèmes de sécurité dans la région, dont la prolifération et le trafic d'armes transfrontaliers, le terrorisme, le trafic de stupéfiants, l'immigration clandestine, le crime organisé transfrontalier et le trafic de migrants, ainsi que la consolidation du dialogue stratégique, l'échange d'expertises et d'informations et la coordination opérationnelle dans le domaine de la sécurité aux frontières. A côté du ministre de l'ntérieur, la délégation marocaine à cette conférence comprend aussi le ministre délégué auprès du chef de gouvernement chargé de l'Administration de la défense nationale, Abdellatif Loudiyi.