Le constructeur automobile français “Renault” mise sur sa nouvelle usine de Tanger, dont l'ouverture est prévue la semaine prochaine, pour faire du Maroc “une nouvelle base arrière” de sa gamme de véhicules à succès “low-cost” (bas prix), écrit vendredi le journal français +Le Figaro+. “Dégageant une rentabilité supérieure à 6 pc, cette gamme est l'un des piliers de la stratégie du groupe: elle lui permet de répondre à une tendance de fond en Europe -vers des voitures à petit budget- et de conquérir des clients dans les pays émergents”, souligne le quotidien dans un reportage au coeur de l'usine de Renault à Tanger, décrivant “l'effervescence” marquant les préparatifs de sa prochaine ouverture. Après avoir vendu 813.000 voitures de sa gamme à bas coûts en 2011 (soit 30 pc du total), le groupe français vise la barre du million cette année. D'une capacité de 340.000 exemplaires par an, le site marocain vient compléter le dispositif de fabrication du constructeur et sa gamme de véhicules “low-cost” vendus sous la marque “Dacia” en Europe, alors que son site roumain de Pitesti arrivait déjà à saturation, selon Le Figaro. Si la production du nouveau site a vocation à être exportée à 85 pc, essentiellement vers le Vieux Continent, l'ambition de Renault est d'”en faire le site le plus performant du groupe”, avec “les mêmes standards de qualité, mais à des coûts encore inférieurs à ceux du site roumain, et un accès à l'Europe beaucoup plus rapide”, relève le quotidien. Renault avait lancé le site de Tanger avec un investissement d'environ un milliard d'euros, en vertu d'un accord signé avec l'Etat marocain à l'été 2007, avec une feuille de route explicite: construire “l'usine la plus compétitive du groupe, en termes de coût rendu au client”, rappelle-t-on. La formation de la main-d'oeuvre est l'un des principaux défis du groupe, qui prévoit une cadence progressive pour l'usine: 60.000 exemplaires en 2012, puis environ 170.000 en 2013. Consciente de cet enjeu, la direction de l'usine a fait en sorte que “tous les salariés passent par une période de formation comprise entre 4-5 mois et 1 an et demi”, tandis que “les plus capés ont été envoyés sur d'autres sites, en France, en Espagne, en Turquie ou en Roumanie”. En outre, les chefs d'activité, des expatriés, sont actuellement épaulés par des adjoints marocains, “qui doivent à terme remplacer leurs chefs “, indique le directeur de l'usine, Edouard Armalet, alors que quelque 250 cadres, venus du reste du groupe, vont aider l'usine au démarrage. Le constructeur français compte recruter 6.000 personnes, dont 2.300 ont déjà été embauchées, en plus de quelque 30.000 emplois qui pourraient être créés chez les équipementiers. Le Figaro relève la présence déjà de plusieurs dizaines d'équipementiers automobiles qui s'étaient installés, bien avant le démarrage du projet, dans la zone franche de Tanger Free Zone (TFZ), créée en 1999 près de l'aéroport, où les sociétés bénéficient notamment d'allégements de taxes. Les pionniers, comme l'américain Delphi ou les groupes japonais Sumitomo ou Yazaki, exportent leur production vers l'Europe. Au total, TFZ emploie 50.000 personnes, dont 30.000 pour le secteur automobile, selon sa direction. “Nous offrons aux fournisseurs des conditions de compétitivité idéales pour équiper un marché potentiel de 5 millions de véhicules fabriqués dans un rayon atteignable en 48 heures par camion et bateau, en Espagne, au Portugal et en France”, a confié au journal M. Fathallah Sijilmassi, directeur général de l'Agence marocaine pour le développement des investissements (AMDI). Récemment, douze équipementiers (Snop, Plastic Omnium ou Valeo) se sont implantés pour accompagner Renault. Pour l'heure, 50 pc des pièces du site de Renault Tanger (en dehors des moteurs et des boîtes de vitesse) proviennent du Maroc. L'objectif est de monter à 80 pc.