Devant 50.000 fanatiques entassés dans un complexe comme des sardines, les Massaouis de Marouane Bennani sont rentrés dans l'Histoire du football africain par la porte des Seigneurs. Rachid Taoussi et consorts ont ainsi réalisé le rêve de Massaouis du Maroc et du monde. Mieux que ça, les Canaris ont assouvi, pour ne pas dire vengé, les Wydadis de la Oumma, battus sur le terrain de Radès, mais aussi malmenés sur les gradins et sur le macadam de l'aéroport de Carthage, laissant même dans la prison tunisoise de jeunes supporters hagards… Les héros du Complexe de Fès se sont également vengés du mauvais sort qui a voulu que leur précieux médian Bamaâmar soit retenu à Marrakech par M. Virbeek alors que ce Tournoi Olympique ne figure pas dans le calendrier de la FIFA !! Et ce, malgré les multiples réclamations du comité du MAS… Mais comme cela s'est passé lors de la 2ème mi-temps du match « aller » à Tunis, les Fassis ont su trouver dans la malchance (voire injustice) l'énergie nécessaire pour se surpasser. D'autant plus que le décor planté par les « Fatals Tigers » interdisait tout renoncement au résultat suprême. A événement exceptionnel, Tifos exceptionnels… D'abord ces deux banderoles en bas des deux virages : « Al Qalaâ Assafrae Taghzou Al Qaara Assamra » d'un côté, et « Al Maghrib Fakhrouna, Lil Malik walaouna oua l'ka'sou houlmouna » !. Et pour couronner le tout, ce tifo géant s'étalant sur plus de 150 mètres sur la tribune opposée à la tribune officielle où le nom géant de la capitale spirituelle était encadré par deux cartes du Continent Africain. Un chef d'œuvre made in jeunesse illuminée de « ville de la science et du savoir »… En fait, c'est toute une cité qui s'était mobilisée pour cet événement rarissime jamais vécu depuis la fondation du Maghreb de Fès en… 1946 ! A peine ouvertes à midi, les portes du Complexe étaient envahies par des amateurs venus des 4 coins du Royaume. Vers les 16 heures, le complexe n'en pouvait plus. Même la tribune de presse, et malgré avertissements et mesures de management adéquat, l'enceinte se révéla un authentique… poulailler donnant le tournis aux hôtes tunisiens. Il est vrai que malgré nos propres recommandations, aucune aire supplémentaire n'a été prévue pour faire face à un afflux journalistique massif tout à fait prévisible. Et c'est dans ce décor populaire digne des grands événements artistico-sportifs de notre pays (tout de même) bien aimé que fut donné le coup d'envoi de ce sommet maghrébo-africain honoré de grosses pointures du continent : Un Issa Hayatou, Moncef Belkhayat etc, etc. A peine démarré, le match offre sa 1ère émotion avec ce fantastique déboulé de l'ailier tunisien Ben Akremi qui faillait tout gâcher pour Taoussi et cie. Mais ce ne fut que feu de paille puisque les Tunisiens allaient dévoiler, assez tôt, les ficelles où ils excellent si bien en pareilles circonstances. A savoir « jouer la montre » à intervalles quasi réguliers pour casser l'engouement de leurs adversaires. En outre, les Rouge et Blanc compliquèrent la tâche des Massaouis par des regroupements monstres dans l'entre-jeu dès la perte du ballon. Une tactique assaisonnée d'une très bonne technicité individuelle. Il fallut attendre le quart du match pour voir les Fassis réagir sur cette fusée des 25 m du médian Chtibi qui force le keeper tunisien à s'y prendre à deux fois pour maîtriser le cuir. Néanmoins, les hommes de Taoussi peinent terriblement à dérouler leur fameux répertoire de remontées en passes courtes surmultipliées jusqu'aux abords du carré adverse. De fait, c'est le défenseur Hammouni qui se hasarda en pointe pour décocher un maître-tir des 30 mn qui força de nouveau le portier visiteur à relâcher le ballon (28ème mn) soudain, le plus gros couac du match ! Sur un pressing local, la défense tunisienne désaxée cède au désarroi. Ce dont profite Diop pour décocher un boulet-canon qui cogne sur la transversale avant de franchir la ligne du but adverse. L'arbitre sénégalais M. Badara désigne le centre du terrain accordant le point. Mais à la surprise générale, le juge N°2 agite son drapeau annulant le but pour faute imaginaire soulevant la bronca des 50.000 présents. Mais ce n'est que partie remise. Alors que l'on jouait les arrêts de jeu de ce 1er half, et sur ce cafouillage monstre devant les bois visiteurs, Moussa Tigana réussit une volée superbe qui fit mouche. Les tribunes du complexe chavirent de liesse et de bonheur. Le MAS venait de mettre à zéro l'avance tunisienne du match aller. Galvanisés par ce but à la charge psychologique super-dopante, les Canaris retournent des vestiaires avec la décontraction des beaux jours. En découle une avalanche de remontées stylisées à la Rémoise mais qui s'avortèrent par des tirs mal-cadrés profitant à une défense club-africaine intraitable à l'image du géant gardien maître dans ses 6 mètres. Le scénario allait, cependant, sourire potentiellement aux Fassis lorsque M. Diatta Badara expulsa Ndouasel Ezechiel, coupable de coup sans ballon. Hélas pour les Jaunes, l'avantage numérique, à une demi-heure de la fin, ne leur profita guère. Même que les visiteurs parvinrent à forcer la défense fassie à dégager en corner. Plus grave encore : La galerie tunisienne juchée sur cet angle de la tribune couverte se mêla de l'enjeu sur la pelouse en allumant à répétition des fumigènes qui provoquent de gros nuages de fumée réduisant la visibilité des acteurs et notamment des joueurs fassis dans un stratagème de plus funestes. Et c'est dans ce décor de sinistrose générale que fut donné le coup de sifflet final renvoyant le coup du sort des Jaunes au pari diabolique de l'épreuve des penalties. Pourtant, cela commença plutôt bien avec ce 1er tir tunisien que détourna Zniti sur un montant. Réussite que doubla Chtibi par un essai réussi. Joie vite gâchée par un scénario inverse à la 2ème série avant qu'Hitchkok ne vint mettre à blanc les nerfs des 50.000 impatients. Sur les 4 séries suivantes, les deux clans réussirent leurs penalties. Aïe ! Aïe ! Arrive le 7ème tunisien qui tire… dans les décords. Silence de cimetière lorsque du paquet massaoui se lève… le gardien Zniti et s'avance ballon dans les mains, l'embrasse tout en levant les bras au ciel implorant la justice divine. Anas pose le cuir au point de penalty. Recule jusqu'à la ligne des 18 m. S'avance à pas mesurés puis botte le tir de sa vie qui s'en va avec la bénédiction de Moulay Idriss secouer les filets de l'ogre tunisien. Désolé chers lecteurs, le stylo de votre humble serviteur déclare forfait pour décrire le délire de cette merveilleuse marée humaine que tout l'or du Golfe n'aurait pu compenser le bonheur d'avoir goûté, enfin, à la félicité de leur vie. Pour les plus âgés des fanatiques des Jaune et Noir, Âzrine serait alors le bienvenu pour les emporter à leur dernière demeure. Quant aux plus jeunes, l'expression de l'espoir et de l'optimisme viscéral est on ne peut plus claire que ce message affiché sur les tie-shirts de jaune immaculé alignés de ces Massaouis de Casablanca Youssef, Saïf Eddine, Hind, Lotfi, Mehdi, Adil, Walid, Oulfa, Driss, Amine et cie adressés à leurs favoris : «Yes we CAF» ! Sacrés mordus jusqu'à la moelle !