*Après Abdenbi El Jirari qui s'est éteint il n'y a pas longtemps suite à une courte maladie, le virtuose du «qanoun», Salah Cherki, nous a fait ses adieux à l'âge de 88 ans, avant-hier dans une clinique à Rabat, après une courte maladie lui aussi. Que Dieu entoure de sa sainte bénédiction nos deux grands artistes. Musicien de talent, ayant vu le jour en 1923 à Salé, Salah Cherki a débuté sa carrière artistique à un âge très précoce, 15 ans, en jouant tout d'abord d'une manière prodigieuse du luth avant de passer au “qanoun”, instrument très rare à l'époque dans les Orchestres puisque trop compliqué à manier. Cherki, lui, a relevé le difficile défi en maîtrisant à merveille cet instrument “indomptable” que trop peu d'artistes osaient approcher à l'époque ! Pour fourbir ses armes en la matière, il s'est inscrit à l'Ecole de musique andalouse qui ne comptait pratiquement pas d'adeptes de cet “effrayant” instrument. Feu Mohamed Zniber lui a été d'un grand secours en lui prodiguant conseils et aides. Le maestro Ahmed El Bidaoui y a mis du sien lui aussi pour donner un coup de pouce à notre jeune et courageux “qanousiste”. En 1949, Cherki est allé en France où il a exercé différents petits métiers. Dans ses déplacements, il était toujours accompagné de son désormais inséparable ami : le «qanoun». Et c'est dans ce pays où il a vraiment cultivé son violon d'Ingres en rencontrant les maîtres universels dans ce domaine : des artistes Arméniens, Libanais et Syriens de renom auprès desquels il a beaucoup appris. Une fois de retour, au début des années cinquante, il a été recruté au sein de l'Orchestre de «Radio-Maroc» qui venait tout juste d'être crée. A partir de là, débutait “officiellement” sa longue et brillante carrière. Salah Cherki a aussi une renommée internationale puisqu'il a été invité à plusieurs reprises à animer des Soireés de «qanoun» dans différents pays arabes ainsi qu'au Japon, en Inde, en Irlande, en Chine, en France, au Pays-Bas, en Angleterre, aux Etats-Unis, ... Son meilleur souvenir, d'après l'artiste lui-même : “c'est le fait d'avoir composé une chanson “ya rasoulla Allah khoud byadi”, magistralement interprétée ici même au Maroc à la fin des années 60 par l'Astre de l'Orient : Oum Kelthoum”. Une consécration inoubliable. Adieu Salah et merci pour tout ! Repose en paix. Ton souvenir demeurera éternel dans notre mémoire.