La Marche Verte qui fut l'une des plus grandes épopées de l'Histoire tant moderne qu'ancienne du Maroc est un événement sublime dans les annales de l'humanité. Le 6 novembre 1975, en effet, 350.000 marcheurs, hommes et femmes, venus de toutes les provinces du Royaume s'ébranlèrent armés du seul Livre Saint du Coran, du drapeau national et de leur foi en leur cause pour retrouver les frères des provinces sahariennes de l'autre côté des frontières factices que le colonialisme avait dressées entre eux dans le but de démembrer le Maroc et de l'empêcher d'assumer pleinement et correctement la mission qui avait toujours été sienne des siècles durant. La Marche Verte avait été décidée quelques semaines auparavant et annoncée par Feu S.M. Hassan Il dans Son Discours historique du 16 octobre 1975. Ce même discours faisait suite à l'arrêt de la Cour Internationale de Justice qui, au terme de Iongs mois de débats, avait émis, le même jour, un avis consultatif entre les tribus du Sahara Occidental et le Roi du Maroc. Dès lors, le Maroc n'avait plus d'autres choix que d'engager le processus de libération et d'unification de ses territoires. S.M Hassan Il imagina alors une marche pacifique sur les provinces sahariennes à laquelle prendraient part des citoyens de toutes les provinces du Royaume, la récupération du Sahara étant en fait l'affaire de tous les Marocains, toutes tendances et toutes catégories sociales confondues, et non d'un seul homme, d'une région ou d'une catégorie à l'exclusion des autres. Le Maroc, l'un des tous premiers Etats organisés au sens moderne du terme, avait été dans un passé, pas très lointain, une grande puissance politique, économique, militaire et culturelle avec laquelle les plus grandes puissances de l'époque comptaient et traitaient d'égal à égal. Les aléas de l'Histoire ont fait cependant – fait presque unique – qu'il ait connu la colonisation non pas d'une seule puissance, mais de plusieurs à la fois. Son territoire fut ainsi morcelé en plusieurs zones d'influences au gré des ententes et des intérêts des puissances colonisatrices. C'est ainsi que l'Espagne s'empara du Nord et du Sahara occidental du pays et la France du centre, tandis que Tanger était soumise à un protectorat international. Mais tandis que le Nord, y compris Tanger, le centre et une partie du Sud (Tarfaya et Ifni notamment) purent retrouver leur identité avec l'accession du Maroc à l'indépendance où, dans les quelques années qui suivirent, Madrid persistait à vouloir considérer le Sahara comme partie intégrante du territoire espagnol. Occupées successivement en 1884-86 (Oued Eddahab) et 1934 (Sakia Al Hamra) les provinces sahariennes n'avaient aucune chance d'être libérées si ce n'était pas une action de grande envergure, toutes les autres démarches tendant à trouver une solution négociée au problème ayant échoué. Fidèle aux traditions pacifistes de Son peuple, S.M. Hassan II eut alors la géniale idée d'organiser la Marche Verte qui prit l'Espagne et le franquisme agonisant au dépourvu et les obligea à négocier. Ce qu'ils avaient toujours refusé jusque-là. Les négociations purent donc, enfin, être engagées et ordre fut donné aux 350.000 marcheurs de surseoir à leur entreprise. Elles aboutirent, le 14 novembre, à la conclusion des Accords de Madrid par lesquels l'Espagne mit fin à son occupation du Sahara qui recouvrait ainsi définitivement son caractère et son identité marocains. Ainsi, et pour la première fois dans l'Histoire de l'humanité, 350.000 personnes – hommes et femmes – purent accomplir ce que des armées entières et des plus puissamment équipées auraient eu peu de chances de réussir ailleurs en un temps record et sans tirer le moindre coup de feu ou occasionner la plus petite blessure dans un camp comme dans l'autre. Le Maroc put renouer avec ses traditions et son génie ancestraux, parfaire son unité et son intégrité et jeter les jalons de son avenir. Ainsi, et au moment où les Marocains du Nord et du Sahara purent enfin se retrouver et communier à nouveau, c'était en fait toute l'Histoire du Maroc qui se refaisait. Une Histoire faite d'unité, de cohésion et de symbiose entre l'ensemble du peuple marocain et son Roi, de volonté et d'attachement aux valeurs séculaires qui ont toujours fait la force du Maroc et qui ont pour principaux corollaires : foi en Dieu et en les institutions sacrées du pays, volonté d'être libres, indépendants et dignes, et unanimité pour construire un Maroc fort, prospère et rayonnant sur les plans civilisationnel, culturel et religieux pour une meilleure entente entre tous les peuples de la planète qui adhèrent aux mêmes valeurs et croient aux mêmes principes.