La Fédération des Entités Culturelles Catalanes d'origine marocaine (FECCOM) a exprimé, samedi, son «indignation» suite aux propos tenus par un responsable catalan accusant les immigrés marocains d'être des fraudeurs de l'aide sociale. Le conseiller catalan à l'Emploi Francesc Xavier Mena avait déclaré, jeudi, que «plusieurs» parmi les 9.000 Marocains touchant le Revenu minimum d'insertion (RMI) en Catalogne étaient des fraudeurs. D'après lui, ces derniers continueraient à percevoir les allocations sociales, même après avoir quitté la Catalogne et regagné leur pays. «Nous tenons à exprimer notre indignation et notre tristesse suite aux propos du conseiller catalan qui témoignent d'une énorme méconnaissance de la situation des ressortissants marocains résidant en Catalogne», indique la FECCOM dans un communiqué adressé à la MAP, qualifiant de «fausses» les données fournies par le responsable catalan. «Nous ne nions pas qu'il puisse y avoir des cas de personnes qui ont quitté la Catalogne et qui bénéficient encore du RMI, ce qui constitue bien évidemment une fraude, mais l'immense majorité de ces 9.000 Marocains vit toujours en Catalogne», ajoute le communiqué, précisant que plusieurs ressortissants marocains établis dans cette région depuis plus de 20 ans et dont certains portent la nationalité espagnole n'ont pas encore touché le RMI pour le mois d'août. «Au lieu de présenter des excuses et trouver une solution rapide à ce problème, M. Mena cherche plutôt à donner une image négative de la communauté marocaine suscitant la méfiance à son égard en la criminalisant et en l'accusant de fraude», note la FECCOM que préside l'ancien député catalan d'origine marocaine Mohamed Chaib. Les Marocains viennent en tête des collectifs étrangers affiliés à la sécurité sociale en Espagne et en Catalogne (218.481 dont 53.611 adhérents en Catalogne selon les chiffres de juillet publiés par le ministère espagnol du Travail), rappelle encore la FECCOM, qui fédère une quarantaine d'associations à travers l'ensemble des provinces catalanes. Les propos du responsable catalan ont également suscité l'indignation de plusieurs acteurs de la société civile catalane. Le secrétaire général de la centrale syndicale «Union générale des travailleurs» (UGT) de Catalogne, Josep Maria Alvarez, a accusé la veille le gouvernement catalan d'»alimenter» le discours de l'extrême-droite. Les propos de M. Mena sont de nature à «alimenter» et à «donner des ailes» au discours anti-immigrés de «Plataforma per Catalunya», a déclaré M. Alvarez à «Catalunya Radio», contestant les données présentées par le responsable catalan sur le nombre d'immigrés qui perçoivent de manière frauduleuse le RMI. Pour sa part, la porte-parole d'Initiative pour la Catalogne/Verts au Parlement régional, Laia Ortiz, a annoncé qui son parti va demander à la chambre de dénoncer les «déclarations racistes» du conseiller à l'emploi. Il s'agit d'une «grave irresponsabilité» qui intervient dans «un contexte de conflit social et de montée des attitudes racistes», a estimé la députée catalane. Les travailleurs sociaux ont, de leur coté, manifesté devant le siège du gouvernement autonome de Catalogne pour dénoncer les arguments de Mena au sujet du suivi des fraudes. Ils ont notamment souligné que chaque dossier est vérifié deux fois par an et qu'en cas de soupçon les agents demandent les passeports des immigrés pour vérifier leurs voyages à l'étranger. Pour empêcher la fraude sociale, le gouvernement de Catalogne a modifié sans préavis le mode de paiement du RMI. Les bénéficiaires ont été payés par chèque nominal envoyé par courrier recommandé, et non par versement sur leur compte bancaire, comme c'était le cas auparavant. Les bénéficiaires du RMI doivent rester en Catalogne et ne pas quitter l'Espagne durant toute la période au cours de laquelle ils reçoivent l'aide sociale (420 euros par mois). Selon le porte-parole du gouvernement catalan, Francesc Homs, cette mesure a été décidée pour «contrer les fraudes». D'après les chiffres rendus publics par le gouvernement catalan, 34.000 personnes dont 9.000 Marocains perçoivent le RMI dans cette région autonome du nord-est de l'Espagne.