Le discours royal, prononcé samedi à l'occasion de la fête du Trône, dresse un plaidoyer sans détour en direction des forces vives de la nation pour un Maroc nouveau, en faveur duquel s'était prononcé le peuple marocain, par voie référendaire, il y a un mois jour pour jour. C'est aussi un diagnostic lucide et réaliste des maux et des dysfonctionnements qui affectent, encore aujourd'hui, le paysage politique national et rendent parfois peu efficiente l'action des institutions, avec ce qui en découle en termes de désaffection électorale et de désintérêt pour la participation politique, en général. Désormais, la porte des espérances est grande ouverte au lendemain de l'échéance référendaire, au même titre que s'avère colossal le travail à accomplir pour les acteurs politiques, mais aussi pour la société civile. Reste que, dans tout cela, la priorité des priorités consiste, selon le discours royal, à «traduire sur le terrain, de façon tangible, l'essence et la substance de cette Constitution avancée». Le Souverain a tenu, d'emblée, à saluer la forte adhésion de l'ensemble du peuple au processus de réforme constitutionnelle, dans un élan de mobilisation sans précédent qui a scellé un nouveau pacte sociétal et conforté, par la même, le modèle marocain de démocratie et de développement. Mieux, il s'agit là d'une «grande mutation» dans la vie des Marocains, rendue possible par une volonté nationale indépendante. L'ambition royale va bien au-delà d'un simple constat sur l'acquis historique qu'incarnent le processus de réforme constitutionnelle et la mobilisation qui a suivi, tant il appartient à tous d'assurer la mise en oeuvre optimale du nouveau texte pour rendre possible le Maroc de demain, que le Souverain n'a cessé d'appeler de Ses voeux. «Toute Constitution, aussi parfaite qu'elle puisse être, n'est ni une fin en soi, ni même le terme d'un parcours. Elle constitue plutôt une base solide pour un nouveau pacte constitutionnel marquant la volonté d'aller de l'avant dans la mise en place d'institutions efficientes et crédibles, en vue de la consolidation de l'Etat de droit et des droits de l'Homme, de la bonne gouvernance et du développement», a relevé SM le Roi en s'adressant au peuple samedi. La démarche royale trace en effet les axes prioritaires devant présider à l'accomplissement de cette «mission constitutionnelle» : l'attachement à la suprématie de l'esprit et de la lettre de la Constitution, unique voie judicieuse pour son application, la création d'un climat politique sain, digne du Maroc nouveau, et l'opérationnalisation des institutions constitutionnelles et des réformes politiques requises. C'est là justement un chantier de taille qui n'est pas sans interpeller tous les acteurs concernés, avec à la clé l'émergence d'un paysage politique et institutionnel nouveau, «digne de notre Constitution avancée, et de nature à prévenir la reproduction des travers et des dysfonctionnements affectant le paysage politique actuel». Pour y parvenir, la confiance et l'adhésion à l'action collective doivent prévaloir sur les tentations démobilisatrices, démoralisantes et nihilistes, et sur les pratiques mystificatrices éculées. Les partis politiques, dont la nouvelle Constitution est venue conforter le statut comme acteurs centraux dans le processus démocratique, ont le devoir donc de redoubler d'efforts pour favoriser la réconciliation des citoyens, surtout les jeunes, avec l'action politique dans sa noble acception patriotique. A juste titre, le Souverain souligne l'impératif de rendre effective la consécration constitutionnelle du rôle assigné à la société civile et aux médias dans la construction politique et dans les domaines des droits de l'Homme et du développement. A cet égard, le sursaut réformateur accompli dans les domaines institutionnel et de la bonne gouvernance avec en particulier l'instauration de la régionalisation avancée, a pour vertu de conforter le Royaume dans ses efforts visant à trouver une solution politique et définitive à la question du Sahara. «La remarquable évolution enregistrée sur le plan institutionnel et en matière de bonne gouvernance et de développement va constituer, Nous en sommes persuadé, un puissant soutien à l'Initiative d'Autonomie en tant que solution politique et définitive au conflit artificiel suscité autour de notre Sahara», a affirmé SM le Roi. Telle est globalement la vision réformatrice du Souverain, dont la mise en oeuvre judicieuse ne saurait se passer d'une nouvelle génération d'élites qualifiées, imprégnées de culture et d'éthique politiques nouvelles, et en mesure d'édifier un Maroc nouveau, uni, démocratique et avancé.