Driss Lachgar réélu à la tête de l'USFP    La délégation de l'USFP-France dénonce les conditions du congrès national et annonce son boycott    Pragmatisme russe    Ouahbi veut dépénaliser la faute médicale    Lachgar dénonce "une élite déconnectée" et plaide pour une refondation politique    Cybersécurité : la société bretonne Ornisec fait du Maroc le pivot de son expansion africaine    Marché avicole : l'association des éleveurs alerte sur les dérives des prix des poussins    Semaine dans le rouge pour la Bourse de Casablanca    L'Algérie boycotte un forum russe après la position de Lavrov sur le Sahara    ONU : près d'un milliard de personnes pauvres menacées par les catastrophes climatiques    Espagne : enquête sur la mort suspecte du fondateur de Mango    Mondial U20: Jamal Fathi explique l'exploit de la sélection du Maroc    Pyramids et la RSB se disputent une Supercoupe d'Afrique historique au Caire    La participation de Mazraoui contre Liverpool toujours incertaine : Amorim fait le point    Le Policy Center for the New South publie une étude sur la «ruse psychopolitique» qui alimente la fracture entre générations, en marge du mouvement de la Gen Z-212    Le temps qu'il fera ce samedi 18 octobre 2025    Les températures attendues ce samedi 18 octobre 2025    Trois pêcheurs marocains condamnés en Espagne à six mois de prison pour la capture illégale d'un thon rouge dans le détroit    INDH: Des projets pour autonomiser la femme rurale à Khouribga    "Yallah' Afrika", une exposition collective à Rabat célébrant la CAN Maroc 2025    Flottille vers Gaza : L'incarcération en Israël de deux Marocains s'invite à l'ONU    Mondial U17 féminin : Le Maroc s'incline face au Brésil    L'Office des changes trace les grandes lignes de sa stratégie 2025-2029 devant la Fédération Tijara    Después del discurso real, las instituciones se movilizan para encuentros con los jóvenes    Ya se han vendido 222,206 entradas para la CAN Marruecos 2025    Après le discours royal, des institutions mobilisées pour des rencontres avec les jeunes    La mémoire de Hassan Ouakrim honorée lors d'une projection documentaire à Washington    John Bolton, la voix de l'Algérie à Washington, risque la taule après son inculpation    La DGSN ouvre une enquête suite à la tentative de suicide d'un policier impliqué dans un homicide    La Nuit de l'Horreur transforme les cinémas marocains en labyrinthes du frisson    L'humeur : Diane Keaton, au cinéma comme à la vie    Casablanca-Settat: Mohamed Mhidia valide le budget 2026    Le Conseiller spécial du Président Trump réitère le soutien des Etats-Unis à la souveraineté du Maroc sur son Sahara    Mondial U20 : Mohamed Ouahbi, stratège d'une nouvelle épopée glorieuse du football marocain    Logistique : BLS finalise le rachat de La Voie Express    Mondial U-20 : Deux vols spéciaux de RAM pour assister à la finale    Jalil Tijani en tournée : Un nouveau spectacle « habitus » entre rires et vérités    La Russie salue les Initiatives Royales relatives à l'Atlantique et au Sahel    « Sport » : Gessime Yassine, la nouvelle pépite du Maroc !    Mondial masculin U17. Qatar 25 : Nabil Baha dévoilera sa liste lundi prochain    SM le Roi adresse un message de condoléance au Président kényan suite au décès de l'ancien Premier ministre Raila Odinga    Le Maroc et la Russie scellent un nouvel accord de pêche    Classement FIFA : le Maroc recule d'une place à cause de l'Allemagne !    Festival du Cinéma Méditerranéen de Tétouan : la 30e édition lève le voile sur sa sélection officielle    Le compositeur marocain Youssef Guezoum en lice pour les Grammy Awards 2025    Le nouvel ambassadeur des Etats-Unis au Maroc prête serment    GenZ 212 : Jusqu'à 15 ans de prison pour 17 accusés des émeutes à Ait Amira    Sous le Haut Patronage de S.M. le Roi, un opéra de la Fondation El Akademia Masterclass célèbre le cinquantenaire de la Marche Verte    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



PATRIMOINE MUSICAL
Maâllam, Mekki Farfra, premier musicien «quânounji» marocain
Publié dans L'opinion le 29 - 07 - 2011

La musique marocaine se déploie depuis des siècles dans des manifestations en tous genres. Cette variété indique que la simple division entre musique académique et musique vernaculaire ne sied pas à la musique purement marocaine moderne. A dire vrai, la musique marocaine est aujourd'hui l'une des plus riches de tout le paysage sonore arabe, et cela est dû en grande partie à la maturité de ses différents genres, forts chacun de caractéristiques et d'accents propres, qui dépassent toutes les barrières de subdivisions stylistiques.
Il est hautement probable que la musique marocaine soit connue aussi à l'étranger, surtout et notamment dans les pays arabes, davantage pour ses manifestations folklorique et para-folklorique, que dans n'importe quel autre genre : vitales en poésie et en musique marocaine, notamment par les musiciens qu'elles ont révélés et qui étaient des virtuoses du Maroc.
Parmi eux, citons tout d'abord maître Mekki Farfra, au début des années 40, capable d'authentiques prouesses techniques avec son quânoun avant même maître Salah Cherki et bien d'autres.
Feu maitre Farfra, qui faisait partie de la troupe musicale intime et restreinte de feu Sa Majesté Mohammed V, excellait dans le jeu de plusieurs instruments : piano, flûte, luth... Mais son instrument préféré était le quânoun (voir encadré). Il a d'ailleurs fabriqué son quânoun de ses propres mains puisqu'il était maitre ébéniste de par son métier. Après sa mort en 1975, sa famille a fait don de son luth au Conservatoire National de Musique de Casablanca, où l'instrument est toujours exposé.
Il est intéressant de rappeler que maître Farfra, envoyé par feu Sa Majesté le Roi Mohammed V à Paris au début des années 50, avait obtenu sept médailles en section solfège. Ces médailles étaient sa grande fierté et ont établi sa notoriété à l'époque ; il est vrai qu'il était non seulement le premier quânounji marocain, mais aussi le premier musicien marocain à lire et à écrire la musique. Avant lui, tous les musiciens marocains jouaient à l'oreille uniquement, y compris lui-même. Après l'indépendance, il a enseigné le quânoun ainsi que le solfège pendant de nombreuses années au Conservatoire national de Casablanca et surtout celui de Rabat aux côtés de Mr Agoumi, qui en était le directeur à l'époque. Viennent ensuite d'autres grands musiciens : Ahmed Benchehboune, plus célébre sous le nom d e Ahmed EL Bidaoui, pour lequel Maitre Farfra était intervenu pour qu'il rejoigne l'orchestre du Palais Royal sous la direction du chef d'orchestre Si Mohamed Jaïdi, ainsi que tous ceux qui ont fait perdurer la Musique Andalouse et le Malhoun tels que Ahmed Labrihi, Thami EL Harouchi, My Ahmed Loukili, Mohameded Bouzoubaa père, El Housseine Belmekki Hajjam, Mohamed Laghrabli, Abdelkrim Guennoun.
Maître Farfra avait un jeu résolument particulier et personnel. C'était un artiste ayant à la fois engendré de nouvelles esthétiques et un ensemble remarquable de partitions allant dans le sens de la diversité thématique propre au registre musical du Maroc . Par là, il a largement contribué à moderniser la musique dès les années 50. Il est un pilier de la musique andalouse et de la musique marocaine moderne qui se sont imposées sur la scène nationale en s'affirmant comme d'intéressantes illustrations de ce genre au Maroc et dans les pays arabes au même titre que d'autres musiques typiques des pays voisins. Mekki Farfra est considéré par plusieurs grands musiciens et critiques marocains comme un grand nom de la musique marocaine et un artiste consacré. En outre, son éventail générique est particulièrement vaste puisqu'il embrasse l'expérimentalisme du classique et du moderne, commençant par le piano en passant par la cythare, le luth, la flûte, le violon, jusqu'à ce qu'il choisisse définitivement le quânoun comme éternel compagnon et ce, jusqu'au dernier jour de sa vie. Il était parmi les rares musiciens marocains qui maîtrisait le jeu sur plusieurs instruments. Il faisait également partie des rares pianistes de l'époque, tels que Abdelouhab Agoumi, Abdenbi Jirari, Mohameded Temsamani, Ghita El Oufir. J'ai d'ailleurs eu le plaisir et l'honneur de réaliser des soirées artistiques avec ces derniers chaque samedi en direct et en différé à la Télévision Marocaine des années 60 aux années 70.
Tout aussi rares sont les orchestres dans l'exécution de répertoires novateurs. Parmi les très rares orchestres au début des années 50 « dans l'espace orchestral privilégié de Rabat », on peut citer l'Orchestre du Palais Royal de Touarga dans lequel Mekki Farfra travaillait en tant que musicien et enseignant et à nouveau, dans les années 60. Feu Sa Majesté Hassan II à son tour, tout comme son père, l'appréciait particulièrement à sa juste valeur pour son savoir-faire et son talent d'artiste polyvalent et très doué de ses mains. Effectivement, peu de gens savaient qu'on pouvait jouer du quânoun de façon aussi extraordinaire : alliance d'une grande dextérité et d'une remarquable célérité ; maître Farfra intégrait dans son jeu des techniques de la harpe en produisant des arpèges et des alexandrins à ne pas en croire ses oreilles ! Il a également intégré la guitare classique en jouant carrément des accords de luth, exécutant des trémolos avec précision.
Il a appris dès l'âge de 15 ans à jouer, à l'oreille, avec un musicien égyptien à Casablanca, Morsi Barakat, chef d'orchestre égyptien, maître dans la musique ancienne arabe « Takht » et « Mouwachahat » et qui était le seul à jouer du quânoun au Maroc au milieu des années 30. Le musicien égyptien, fasciné par le talent inné de Mekki Farfra, lui a transmis tout son savoir. En parallèle, le très jeune artiste-musicien, orphelin par son père, était déjà chef de famille ; de ce fait, il a été contraint de travailler comme ébéniste chez les italiens, pour faire vivre sa mère et son jeune frère. Il fut d'ailleurs un artisan émérite et hors-pair, puisque tout simplement possédant des doigts d'or ! (Sa famille conserve encore aujourd'hui quelque meubles qu'il avait fabriqués)
Sa façon d'enseigner était simple : apprendre aux étudiants et autres artistes et amateurs de quânoun, différents exercices pour arriver à jouer l'essentiel des techniques du jeu de cet instrument , tel que joué par les égyptiens . Il est évident qu'en se donnant à fond au cours de ses séances, même avec les moins doués, il arrivait bien souvent à l'état d'épuisement.
Durant toutes ces années, il a également travaillé à la RTM en tant que quânounji soliste, au sein de l'Orchestre National et de l'Orchestre Andalous sous la direction de My Ahmed Loukili, avec lequel il était très lié sur le plan musical. De nombreuses soirées intimes purement artistiques et musicales, avaient lieu chez le maître, avec tout ce qui comptait comme chanteurs, compositeurs, musiciens. De nombreux et importants travaux musicaux ont vu le jour pendant ces réunions de travail amicales et musicalement fructueuses. En témoignent aujourd'hui quelque artistes encore en vie tels que le professeur-compositeur Abdellah Issami, le professeur-musicien My Abdeslem Ouazzani, et le violonniste réputé My El Ghali et d'autres.
En 1975, Mekki Farfra s'est éteint d'épuisement et d'acharnement à travailler sur plusieurs fronts, dévoré par sa passion, à peine âgé de 55 ans.
*Ecrivain, réalisateur
(Rabat, Le 25 Juillet 2011)


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.