Et si nous commençons par le non dit, nous disons qu'il y a des séminaires qui sont plus aimables, plus gais, et plus gentils que d'autres. C'est exactement le cas de ce séminaire organisé avec beaucoup de talent par l'Observatoire National du Développement Humain (ONDH) en cette belle journée du mardi 14 juin 2011, au siège de l'Observatoire. Cela dépasse le pressentiment subjectif pour être celui de tous les participants ; tellement leur bonheur était lisible à travers les expressions de leurs visages. C'est l'une des raisons qui a certainement fait ses effets synergiques de réussite épatante de ce séminaire fructueux et très intéressant ; qui restera gravé dans les annales de l'ONDH. Ce ton salvateur est exalté par la présence du ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des affaires économiques et générales, M. Nizar Baraka qui a voulu redonner de l'énergie aux invités ; une énergie qui a rayonné de mille feux et qui a plané sur l'esprit du séminaire le long de la journée. Rappelons que la tenue de ce séminaire s'inscrit dans le cadre du lancement d'une enquête de type nouveau ; utilisant pour la première fois de nouvelles approches d'évaluation connues chez les experts d'enquêtes panel ; dépassant les enquêtes classiques dites transversales qui ne permettaient pas d'appréhender l'évolution des trajectoires. En d'autres termes, les enquêtes de type classique ont montré leurs limites chaque fois qu'il s'agissait d'identifier les niveaux de vie des ménages entre deux dates charnières, où le taux de pauvreté aurait baissé ; ce qui avait pour conséquence néfaste de ne pouvoir tenir compte de toutes les personnes ayant quitté le seuil de pauvreté, ou celles, par contre, qui sont devenus pauvres. Le programme fut d'une grande intensité ; aussi bien par le poids des intervenants qui sont tous des experts internationaux, que par la qualité de leurs communications très suivies et appréciées par les participants. Cela paraissait éloquent à l'occasion des deux débats du matin et de l'après midi qui ont été extrêmement constructifs. Pourtant, outre les allocutions d'ouverture du ministre, du président de l'ONDH, et du représentant du PNUD, six communications étaient suffisantes pour allumer les débats et coiffer toute la problématique objet du séminaire. C'est Mme Michelle Simard, spécialiste des enquêtes longitudinales panel au «statistics Canada», l'un des partenaires privilégiés de l'ONDH, qui a épaté les présents par sa démonstration intitulée «conception et mise en œuvre des enquêtes panel de ménages et leur apport dans le suivi de l'évaluation des politiques publiques de développement humain». C'est grâce à cette première communication, que les premiers indices fussent effleurés ; notamment les échelles et les scores. Le but, selon Mme Simard, est de recueillir l'information pertinente afin d'identifier les trajectoires et transitions dans les domaines d'intérêt de l'enquête. La démarche Panel permet aux chercheurs d'analyser comment les évènements en affectent d'autres. Panel sert aussi à comprendre les relations causales sous-jacentes aux changements et les interventions optimales afin d'aider la population d'un pays dans sa vie quotidienne. La deuxième communication qui a bouclé la réflexion matinale fut celle de Mr Mohamed Mahmoudi, consultant ONDH pour le panel des ménages, baptisé «approche méthodologique du panel de ménages ONDH». L'objet principal mis en lumière est que le panel ménages-ONDH puisse observer les unités «logement» et «ménage» et de suivre l'unité «membre du ménage» dans le temps. Cela va permettre plusieurs types d'analyses et d'évaluations; dont ceux des programmes de l'INDH (initiative nationale de développement humain). Les intervenants au titre de la séance de l'après midi ont été de quatre experts. Et c'est de Mr Mohamed Benkassmi, responsable du pôle enquêtes et méthodes à l'ONDH, qui a ouvert les débats via sa communication «étude expérimentale et préparation du projet de panel de ménages ONDH». Les objectifs de l'étude expérimentale est de tester les questionnaires élaborés, d'organiser la collecte des informations sur le terrain, d'assurer la réalisation pratique de la collecte des données, de tester aussi les méthodes alternatives sur papier ou à l'aide des méthodes CAPI et CATI, et finalement tester la capacité des bureaux d'études engagés. La communication de Mme Sabina Alkire, directrice de Oxford poverty and human development initiative (OPHI), était un moment très fort de ce séminaire; dans la mesure où son intervention « méthodologie et utilisation des indices de pauvreté multidimensionnelle » fut une démonstration claire et limpide qui a fixé l'attention des présents pendant une bonne demi heure. Les axes de son intervention ont concerné les approches suivantes : the Multidimensional Poverty Measurement (la mesure multidimensionnelle de la pauvreté), the Global Multidimensional Poverty Index -MPI- (l'indice multidimensionnel global de pauvreté), the National Multidimensional Poverty Indices (les indices multidimensionnels nationaux de pauvreté), the Poverty Dynamics (les dynamiques de la pauvreté). La cinquième communication «Enquêtes de panel et évaluation de l'impact des programmes de développement humain» était présentée par le très sympathique Mr Jean Louis Arcand, professeur à l'Institut des Hautes Etudes Internationales de Genève. Voilà une communication s'appuyant sur des formules sophistiquées qui ont été rendues intelligibles grâce à l'humour savant de l'expert. A se confier à l'opinion personnelle de Mr Arcand, la qualité technique d'une évaluation d'impact devrait être inversement proportionnelle à la richesse du pays. Le coût d'une évaluation est une fraction infime du coût du programme lui-même ; surtout lorsqu'on dispose d'un panel «générique» qui suit un grand nombre d'individus à travers le temps. Et c'est finalement Mr Christophe Muller, Professeur à l'Université de Marseille, spécialiste des enquêtes de revenus et dépenses ménages qui a fermé la parenthèse des interventions à l'aide de ses « Enquêtes de panel et mesures de la pauvreté ». Le moment fort de cette communication est la question du renouvellement de l'échantillon. D'après l'expert, la plupart des enquêtes mesurent les niveaux de vie via les revenus qu'on peut consulter grâce aux fiches des salaires. Cependant, dans beaucoup de pays cela n'est pas possible en l'absence de ce genre de fichiers. Or, pour obtenir des indicateurs de niveau de vie0 il faut utiliser des questionnaires relevant des dépenses de consommation, ce qui est assez rare pour les enquêtes panels. Après le débat, Mr Rachid Ben Mokhtar, président de l'ONDH, a remercié tout le monde et a félicité Mme Farida Moha pour sa compétence en qualité de présidente des séances, une journaliste capable d'animer et de réanimer les grandes rencontres.