Alex Ferguson, le coach de Manchester-United qui sait de quoi il parle quand il parle football. Il répète à tous ses amis et aux responsables du club mancunien : « Inutile de me chercher le jour de Réal Barcelone car je serai en Espagne » comme tout le monde pourrait-on écrire… Sauf que Ferguson le manager au chewing-gum (comme Henri Michel mais ce dernier, hélas, fut insulté pour cela) Ferguson donc, ne parle pas du derby qui aura lieu demain à Madrid, mais du match retour de demi-finale en ligue des champions qui oppose, aussi, les 2 grands clubs espagnols. Par un hasard démentiel du calendrier voilà qu'en ce printemps 2011, le bon peuple du football a droit 4 portions de son dessert favori : le classico d'Espagne multiplié par quatre. Déjà, rien qu'un seul derby suffisait au bonheur des amateurs de foot. Celui qui a vécu ce derby à Barcelone ou à Madrid en parle toute sa vie, et aujourd'hui, comble de l'extase, il peut, grâce aux photos prises par son portable, montrer à tous ses copains qu'il était là, et bien là. Réal-Barça, ou Barça-Réal c'est aussi la fortune des agences de voyages et des opérateurs télé. C'est aussi la perspective de recettes alléchantes pour tous les cafés. Inutile, ici à Rabat ou ailleurs au Maroc d'espérer trouver une place dans la moindre gargote équipée d'un écran plasma, si vous n'y êtes pas installé au moins 3 heures avant la retransmission. C'est dingue ? Oui, mais c'est du foot avec tout l'engouement pour ce sport. Si certains encore ne comprennent pas les raisons de cette « folie », on leur répondra : « ça ne s'explique pas, c'est comme ça ». Tenez, il y en a même qui organisent chez eux un dîner de plusieurs tables, avec traiteur, et invitant des supporters des 2 camps, Barçaouis et Realistes, ils recréent à leur échelle l'ambiance du Camp Nou ou du Bernabeu. Et comme on le disait plus haut, ce Réal-Barça, est proposé en 4 éditions. Tous les amateurs de foot le savent et donc on ne leur fera plus ici l'offense de leur rappeler le pourquoi du comment. Mais on dira que trop de « Barça-Réal » peut tuer le classico. Le match de demain qui est le match retour du championnat (à l'aller, Messi et ses copains avaient flanqué une tannée monumentale au Réal de Mourinho) aurait pu être « le » sommet de la saison. On aurait cherché à voir comment l'orgueilleux Mourinho auto proclamé « numéro uno » depuis qu'il a tout remporté l'an dernier avec l'Inter de Milan, allait essayer de prendre sa revanche. Même que Mourinho aurait joué, dans ce derby, non seulement sa réputation mais aussi sa tête ; le Barça de Guardiola étant, bien sûr, capable de gagner à Madrid. Et d'ailleurs, en foot, un club humilié, quand il cherche à prendre sa revanche, en s'entêtant sur cet objectif, se fait souvent avoir. On peut vous donner quelques cuisants exemples, mais ce sera, Inchaâ Allah, pour une autre fois, car ce match retour n'a plus aucune importance. Eh oui, avec ses 8 points d'avance le Barça peut même se permettre de perdre, alors que Mourinho lui n'aura plus cette obsession de gagner demain soir. Les enjeux ont changé, et bigrement. Entre le Réal et le Barça, ce n'est plus une question de titre national. Il y a désormais mieux, beaucoup mieux et c'est la qualification pour la finale de la ligue des champions. Tout simplement. Même « l'autre » Réal Barça qui se jouera mercredi prochain pour la Coupe du Roi n'est plus un objectif majeur. Si Mourinho perdait demain soir le match retour et mercredi prochain la finale, il serait le plus heureux des hommes et tout Madrid avec, s'il éliminait le Barça de la Ligue des Champions. Même Guardiola, qui a tout remporté avec son Barça ne pèserait plus lourd aux yeux des Catalans s'il était éliminé par le Réal de la scène européenne. Et ce, même si Barcelone remportait tire national et coupe royale. Vraiment Ferguson a bien vu les choses. De ces quatre matches Barça-Réal, un seul vaudra plus que tous les autres. Bougrement plus. Et ce n'est pas celui de demain soir, ni même de mercredi prochain.