SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, que Dieu L'assiste, a présidé, jeudi au palais Royal à Casablanca, une nouvelle causerie religieuse du mois sacré de Ramadan. Cette causerie a été animée par M. Said Oukail Serraj, président de l'Association de la renaissance des oulémas en Indonésie. Le conférencier a traité du thème : "Protection de la foi et de la religion dans l'Etat démocratique" en s'inspirant du verset : "Nulle contrainte en religion! Car le bon chemin est distinct de l'égarement" (véridique est la parole de Dieu). Le conférencier a entamé sa causerie en rappelant les principes fondamentaux qui sont à la base de l'Etat en terre d'islam, à savoir la consécration de la liberté de culte et de diversité religieuse, la garantie de la sécurité et de la liberté d'exercice du culte pour les adeptes des autres religions en tenant compte des spécificités et des constantes de chaque pays afin que les libertés ne se transforment pas en une sorte d'anarchie et de menace pour la sécurité, et enfin la nature de la relation et de l'Etat qui contredit la doctrine de la séparation entre le spirituel et le temporel. Il a expliqué, à cet égard, que l'Etat musulman n'était pas uniquement un Etat à caractère purement religieux puisqu'il assumait aussi des tâches à caractère politique consistant à assurer la protection à tous les membres du corps social, qu'ils soient musulmans ou autres, ajoutant que le Prophète Sidna Mohammed, prière et bénédiction sur Lui, a veillé à la création d'un Etat respectant les principes de la diversité religieuse, comme l'atteste la Charte de Médine qui avait consacré l'égalité en droits et en devoirs des différentes composantes de la société, y compris au profit des membres de la communauté juive. Cette situation s'est perpétuée sous les différentes dynasties en terre d'Islam, de sorte à garantir la diversité politique, administrative et religieuse dans le cadre du régime confessionnel. Le conférencier a souligné que son pays, l'Indonésie, s'est inscrit dans cette optique en garantissant dans sa constitution la liberté de chacun de professer la foi de son choix et de pratiquer son culte sans contrainte. Toutefois pour parer à toute dérive consistant à porter atteinte à la sacralité de la religion, il a été décidé de promulguer une loi interdisant toute atteinte à cette sacralité, sachant que la liberté de culte ne signifie nullement une permission donnée pour l'évangélisation et le prosélytisme ciblant les membres de la communauté musulmane, a dit le conférencier. Face aux entreprises d'évangélisation menées par des milieux mus par l'animosité envers l'islam, les musulmans, a dit le conférencier, doivent resserrer les rangs en adoptant des politiques judicieuses basées sur l'équité et l'égalité en droits et en devoirs entres toutes leurs composantes, renforcer la foi et la conscience d'appartenance religieuse des citoyens, à travers des colloques et conférences spécialisées, en consolidant le rôle des institutions islamiques œuvrant dans ce sens. Il s'agit également, a poursuivi le conférencier, d'accroitre le soutien aux institutions islamiques dans les pays en développement en leur accordant les aides nécessaires afin qu'elles puissent s'acquitter convenablement de leur missions et de développer et moderniser les systèmes d'enseignement pour les mettre en adéquation avec les principes islamiques. Les pays musulmans doivent également assurer un contrôle plus judicieux de l'enseignement étranger notamment celui destinée aux élèves en bas âge pour éviter toute exploitation abusive de la liberté d'enseigner, encourager les efforts de propagation du message islamique à travers le monde et veiller à un changement salutaire du mode de vie des musulmans pour mieux se conformer aux préceptes de l'Islam. M. Said Oukail Serraj a relevé le caractère infondé de la doctrine de la séparation de la religion et de l'Etat en terre d'Islam, étant donné que la religion constitue le coeur battant de la Oumma islamique, en ce sens qu'elle garantit les droits et les obligations pour les membres de la communauté dans leur diversité. Il a expliqué que si ces principes ont un caractère universel, il faudrait toutefois tenir compte des spécificités de chaque pays islamique pour mieux servir la foi et la religion. Il a relevé à ce propos que le Royaume du Maroc se distingue par deux éléments marquants, à savoir l'institution d'Imarat Al Mouminine qui est garante de la foi et de la religion, ce qui laisse aux organisations de la société civile toute latitude pour s'occuper de tous les domaines générant des bienfaits pour la société. L'autre caractéristique du Royaume, a-t-il poursuivi, consiste en sa diversité religieuse en ce sens que chaque communauté est libre d'exercer son culte sans contrainte, citant notamment les droits garantis aux communautés juive et chrétienne, ce qui ne signifie nullement que le Royaume puisse tolérer une instrumentalisation de cette liberté pouvant ouvrir la voie aux tenants du prosélytisme et de l'invasion évangélique ou autres.