Le nouveau Premier ministre conservateur britannique David Cameron devait consacrer sa première journée à Downing Street d'hier mercredi à la mise en ordre de bataille de son gouvernement de coalition avec les Lib Dems de Nick Clegg, lui-même propulsé vice-Premier ministre. Au lendemain de l'installation "historique" de David Cameron au 10, Downing Street, comme l'écrit la presse, la liste du nouveau gouvernement était encore largement incomplète. Seule confirmation: les libéraux-démocrates auront cinq portefeuilles ministériels, en échange de leur soutien qui permet de former le premier gouvernement de coalition depuis la Seconde Guerre mondiale. Parmi ces cinq postes, figure leur chef de file Nick Clegg, au poste de vice-Premier ministre, mais le suspense restait entier quant aux quatre autres ministres Lib Dems ainsi qu'à une vingtaine d'autres qui devraient occuper des fonctions clefs. Leur porte-parole aux Finances, Vince Cable, devrait flanquer le ministre des Finances, le jeune conservateur George Osborne, 38 ans, dans un rôle non encore défini précisément. Du côté des conservateurs, seuls ont été confirmés les postes de M. Osborne et de l'eurosceptique William Hague, 49 ans, aux Affaires étrangères. En l'absence d'annonces officielles, la presse en était réduite à spéculer sur les compromis qui ont été nécessaires à chacune des formations pour former le "gouvernement fort dont nous avons besoin", comme l'avait annoncé David Cameron mardi soir dans son premier discours sur le perron de Downing Street. Les médias soulignaient mercredi que les concessions semblaient plus importantes du côté des libéraux, un parti traditionnellement de centre-gauche, que des conservateurs, ce qui pourrait provoquer des frictions au sein de la base libérale. Pour s'allier à des Tories largement eurosceptiques, les Lib Dems ont en particulier dû mettre un bémol à leur europhilie: ils auraient accepté, selon la presse, de renoncer à adopter l'euro le temps de la législature et de soumettre à référendum tout nouveau transfert de pouvoir. Les libéraux auraient également accepté de renoncer à l'amnistie des clandestins qu'ils proposaient, et de soutenir l'intention des conservateurs d'imposer un quota d'immigrants. Les Lib Dems auraient également abandonné leur volonté de ne pas renouveler en l'état le programme de missile de défense nucléaire Trident, qu'ils estimaient durant la campagne trop coûteux et inutile. En revanche, les Lib Dems ont fait céder les conservateurs sur une exigence clef de leur plate-forme: la réforme du mode de scrutin, qu'ils jugent inique et sur laquelle les Tories ont finalement accepté d'organiser un référendum. Quant à la réduction du déficit budgétaire et de la dette publique, que les conservateurs avaient promis de mettre "au coeur" du gouvernement, elle se fera avant tout grâce à un resserrement des dépenses et non un alourdissement fiscal. La hausse de l'abattement pour les classes moyennes les moins fortunées, voulue par les libéraux, aurait ainsi été acceptée par les Tories, selon la presse. Le "changement" promis par David Cameron promet en tout cas d'être au rendez-vous, après 13 ans de travaillisme, dont trois sous Gordon Brown. "Le leader conservateur a ouvert une nouvelle ère politique en avertissant qu'+un travail difficile et ardu+ attendait le nouveau gouvernement, souligne le Times (centre droit). Mais des doutes se font jour sur la "résistance" de la coalition à "l'épreuve du temps", selon le FT. Cameron et Clegg "devront partager l'opprobre inévitable pour certaines des décisions les plus difficiles pour la Grande-Bretagne, depuis, eh bien, l'époque de Churchill", prévient-il. Quant à l'ancien Premier ministre Gordon Brown, il est retourné dans la nuit en Ecosse, laissant un parti travailliste groggy, où la guerre de succession s'annonce acharnée, l'ex-ministre des Affaires étrangères David Miliband faisant figure de favori.