Les classes prépas publics sont censées représenter l'élite dans le système éducatif, mais ce n'est malheureusement pas encore le cas. Les conditions matérielles ajoutées aux problèmes de l'encadrement pédagogique des classes préparatoires aux grandes écoles constituent un véritable accroc. La révolte des élèves relevée dans certaines classes prépas n'est que le précurseur d'un processus de décrochage que l'on voyait venir depuis des années. Les responsables se réfugient dans un curieux silence. Aux questions légitimes que posent ces jeunes inscrits dans les classes prépas, la seule réponse semble être l'indifférence. _Le Maroc compte aujourd'hui une quarantaine de classes préparatoires réparties à 50-50 entre le privé et le public. Mais en termes d'effectifs, c'est le secteur privé qui draine le plus de monde. Les classes publiques sont dans un tel état de délabrement qu'elles ont beaucoup perdu de leur lustre. Le privé s'est évidemment engouffré dans la brèche. _Certes, la rénovation des murs est primordiale pour un minimum de confort matériel, mais les problèmes sont bien plus profonds. Selon les professionnels du secteur, il existe plusieurs sources de malaise. D'abord, l'encadrement pédagogique. Il s'agit aujourd'hui de mobiliser les professeurs des classes prépas. Ces derniers touchaient une indemnité spécifique ce qui leur donnait une situation particulière. Mais depuis 2003 et dans un «élan» d'équité, cette indemnisation a été généralisée à tous les professeurs agrégés, ce qui a créé des tensions entre les deux camps, le premier s'estimant léser du fait de la charge de travail. Par ailleurs, une grande partie des professeurs semble complètement absorbée par leur intervention plus rémunératrice dans les écoles privées. Du coup, cela leur laisse peu de temps à consacrer aux élèves. Malgré les plaintes des élèves, la tutelle ne se donne pas souvent la peine de donner une suite favorable. Résultat, pour boucler le programme, les élèves se voient bien souvent contraints de s'en remettre aux cours supplémentaires (payants). Ce n'est pas tout ! Le problème se pose aussi au niveau des débouchés. Si les élèves de la deuxième année de CPGE semblent plus favorisés à se présenter à différents concours d'accès à des grandes écoles marocaines ou françaises (écoles d'Ingénieurs: Ecole Hassania des travaux publics, l'Ecole Mohammadia d'ingénieurs, l'Ecole nationale de l'industrie minérale, l'École nationale supérieure d'électricité et de mécanique (ENSEM), l'École nationale supérieure d'informatique et d'analyse des systèmes (ENSIAS), l'Institut national des statistiques et d'économie appliquée), pour ceux des filières économiques, les débouchés sont faibles, voire inexistantes, au vu du nombre d'élèves qui passent le concours. _Dans son plan d'urgence, le ministère de l'Education nationale consacre toute une partie pour redynamiser le dispositif des classes préparatoires, dont il veut faire le miroir d'excellence du système. Les mesures annoncées sont la révision du statut des enseignants agrégés des classes préparatoires, pour qu'ils continuent à assurer un encadrement de qualité. Ainsi, il est prévu des heures supplémentaires rémunérées pour assurer l'encadrement effectif des colles (examens blancs) et des travaux dirigés. D'autre part, les infrastructures des centres des classes préparatoires seront mises à niveau. Enfin, certains services au sein des internats seront externalisés pour une gestion plus efficace et une qualité renforcée. En tout cas, c'est ce que prévoit le programme d'urgence. So Wait and See !