Halima Doua est née a Rabat. Depuis son jeune âge, elle a commencé à aimer les travaux pratiques ou le bricolage avec une facilité étonnante, une facilité d un enfant de son âge. Après des études à Rabat à l Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II comme ingénieur d'Etat généticien et puis en travaillant dans le domaine paysager, elle commence à pratiquer le dessin quand elle a découvert en elle une habilité à le faire. Alors elle commence a réaliser des plans de jardins avec une créativité personnelle. Ce qui la pousse à s'investir dans le dessin : dans un premier temps dans le dessin paysager pour aboutir à dessiner tout ce qu'elle voit, portrait, Médina, Souk, nature morte etc. Puis après, elle a décidé d'entrer dans le monde de la peinture où elle s'investit avec beaucoup de passion. Ses œuvres sont faites avec force. On ne peut que rester attaché à ses réalisations. Sur ses toiles, les couleurs sortent directement du tube ou presque, et se posent avec une manière très animée avec la spatule C'est une superposition de couches les unes sur les autres pour donner un travail fascinant et excellent et en même temps propre. Les couleurs se bousculent entre elles, avec une richesse qui ne dérange pas celui qui les regarde. Ses œuvres viennent d'être montrées au public à la galerie La Découverte. Rencontre avec l'artiste. *Pourquoi le paysage ? -Très tôt dans ma carrière professionnelle, j ai été interpellée par la problématique du paysage. Et ma démarche en tant qu'artiste, telle que je la conçois, consiste à présenter la nature sous un angle nouveau, qu'il s'agisse de champs découpés, de champs de fleurs ou de perspectives. Je suis une peintre figurative, je cherche un lieu à peindre et je peux parfois passer des jours à chercher. Mais dans l ensemble, ce sont des lieux qui se prêtent à la contemplation et où l'espace est présent. A certains moments de l'année, la nature n'est pas encore prête. Il me faut des paysages denses et avec des teintes fortes, ce qu'on ne peut rencontrer qu'en été ou en printemps. Je prends le lieu en photo et je le peins à ma manière. Avant de peindre, je sens un trac écrasant, paralysant. Je commence d'abord par choisir les peintures et la spatule avec lesquelles je vais travailler. Ce combat intérieur est toujours présent avant de commencer une toile. Mais dés que je touche ma toile avec ma spatule chargée de couleurs, les automatismes me reviennent, parfois facilement. Donc, le vrai calvaire est de s'y mettre ! La réalisation d une toile est une naissance pour moi et aussi un mélange de liberté ; liberté des couleurs et le paysage choisis. * Vous travaillez sur grand format. -Le grand format, c est un défi parce que il devient un paysage qui prend de l'espace réel. J aime appliquer la lumière et la voir, au lieu de l'ignorer, ce qui donne une peinture simple et harmonieuse. Dans mes peintures, je cherche l'harmonie plus que les contrastes. La peinture à l'huile vous donne-elle plus d'aisance ? Chaque toile constitue pour moi un voyage, une errance entre le rêve et le conscient. Mes sens se laissent absorber par la matière et la constitution progressive du dessin. Je trouve qu'il n y a pas plus convaincant que les empâtements à l huile pour faire communiquer dans des gestes simultanés la couleur et le trait. Depuis mes débuts, j entretiens une relation très forte avec ce médium, prendre une grande quantité de peinture à l huile dans la spatule et par conséquent dans ma main. L'écraser dans un geste précis et fort, mais d une manière agréable, me satisfait beaucoup et me plait en même temps. Je prépare mes peintures avant de commencer, je prends désormais le temps de composer mes couleurs. Certaines teintes sont relativement faciles à obtenir, d'autres au contraire résultent de recherche complexe. Pourquoi le couteau ? Sur ma table de travail, on trouve aussi bien le couteau que la brosse. Mais c'est le travail de spatule qui domine. Je débute une ébauche au pinceau, mais très vite je passe à différents couteaux pour étaler la couleur ou pour reprendre le dessin. Pourquoi n'y a –t-il pas de noir dans vos tableaux? A un moment de ma vie, j ai éprouvé le besoin de me jeter sans trop réfléchir dans la peinture. Et la couleur pour moi fut comme un cri d'espoir. Dans les troncs d arbre, les roches, et aussi la terre, il existe des failles visibles qui se transforment dans mon travail en des couches épaisses, lisses et chaleureuses de peintures. Je n'y vois aucun noir, mais seulement des couleurs vives et agréables. Je vois dans chaque couleur une multitude de couleurs : des verts, des rouges, des bleus et aussi des oranges. Ces couleurs flamboyantes s' entassent sur la toile pour donner une œuvre pleine de vibration et d'animation où je ne retrouve guère de place pour le noir. Vous traitez le portrait, la nature morte, le paysage. Que cherchez-vous à transmettre ? J'aime faire référence aux peintres que j apprécie avant d'arriver à mon propre style ; les uns pour leurs couleurs, les autres pour leur lumière ou leur nature morte. Ce qui me donne l'opportunité de rechercher l'équilibre entre la lumière et l expression d'un corps. L'attitude, le placement de la figure ou du paysage, les incidences des jeux d'ombre et de lumière vont apporter la sensation et l'émotion. J'essais de voiler une présence, de suggérer, plutôt de confirmer ce que je vois, de telle façon que je ne décris pas une chose ou un lieu bien précis. * Vous êtes entrée dans la scène artistique marocaine. Comment l'appréciez-vous ? -A mon avis, c est une scène très prometteuse, en pleine évolution et aussi en cours de maturité. Cela est basé sur plusieurs facteurs qui sont : Un nombre plus grand d'artistes qui voient le jour avec le temps, grâce à l'éveil artistique que vit notre payé ces jours-ci et aussi à l'éducation artistique qui débute dès l'enfance, de telle façon que l'artiste apprenant acquiert un niveau lui permettant de comprendre et d'exprimer l'art plus facilement. L éducation artistique à travers les expériences des autres artistes, Soit à travers les visites des galeries, ou à partir des sites Internet, cela permet à l artiste de connaître toutes les tendances de l'art. La multiplication des galeries d'expositions permet à l'artiste de mettre en valeur sa création. Aussi la multiplication des foires et festivals et aussi les associations d'artistes peintres.