Voici une affaire de permis d'habitation et de certificats de conformité qui a fait couler beaucoup d'encre en raison des susceptibilités qu'elle avait créées, une affaire qui remet en question l'esprit de confiance entre les citoyens et les autorités qui sont censées le protéger des abus et des malversations des sans foi ni loi ? En effet, depuis son lancement, ce projet immobilier n'a cessé de soulever des polémiques et de connaître des revers exaspérants pour les acquéreurs de 600 appartements et locaux commerciaux. Une affaire de corruption avait éclaté entre le promoteur et le président du conseil municipal à la base d'un enregistrement vidéo sur mobile qui avait été visionné en public sur la chaîne 2M. L'affaire fut portée en justice, mais sans aucune suite, ni poursuite. Pire encore : les acquéreurs ont été arnaqués puisqu'ils ont été contraints de payer une dette du promoteur à la banque en versant 25.000 DHS chacun à multiplier par 600 et imaginez la somme. Aujourd'hui, ce dossier, qui connaît à chaque fois des rebondissements décevants, est entre les mains du gouverneur avec l'espoir d'un dénouement heureux car l'attente des acquéreurs n'a que trop duré. En effet, ces acquéreurs, en majeure partie des fonctionnaires moyens qui se sont endettés pour avoir un logement et se soulager du calvaire du loyer, se trouvent toujours dans une situation ambigüe et peut-être même sans espoir aucun. Ils voient déjà leur complexe se transformer en joutia et station de grands de taxis. D'ailleurs, certains d'entre les acquéreurs, ne pouvant plus vivre au rythme de deux échéances, celle du loyer et celle du crédit, ont déjà déménagé dans leur nouvel appartement à la lumière des bougies et supportant avec leurs enfants les incommodités du manque d'électricité et tous les risques que ce manque peut engendrer sur leur vie quotidienne dont la scolarité normale de leurs enfants. L'attente n'a donc que trop duré et tourne déjà au désespoir de centaines de familles qui n'ont plus confiance en personne tellement les promesses sans lendemain les ont exaspérés. Certains ont même mis en doute leur citoyenneté en déclarant à quelques agents d'autorité : «Quelle citoyenneté vais-je apprendre à mes enfants, quel respect pour les institutions vais-je leur apprendre quand ils sont confrontés quotidiennement à une réalité amère, celle de l'incapacité des instances concernées à résoudre des problèmes d'ordre social, celle des instances compétentes à rendre justice aux citoyens lésés dans leurs droits les plus élémentaires, celle des instances judiciaires à punir les violeurs de la loi ?». Un promoteur qui a basé toutes ses tractations sur l'attentatoire et sur les rouages de la concussion, qui a bouleversé la vie de centaines de familles. Un président de commune urbaine qui a été révoqué pour des chefs d'accusation irréfutables qui ont été publiés dans un bulletin officiel et qui a gardé sa qualité de membre de conseil municipal et qui se présenta aux élections communales et osa encore une fois présenter sa candidature à la présidence d'une autre commune rurale et qui ne fut jamais poursuivi en justice. C'est donc un véritable imbroglio pour le citoyen qui ne demande qu'un droit élémentaire, celui d'un habitat décent pour lequel il a sué eau et sang, un habitat qu'il a payé au prix de mille privations, un habitat pour lequel il a vraiment souffert le martyre.