Pleins feux sur Rabha El Haymar, primée à la Maison Blanche pour son « courage » au cours de la 18ème cérémonie du Prix International Woman of Courage (IWOC). Depuis 2007, celui-ci a récompensé plus de 190 femmes de plus de 90 pays, ayant fait preuve de courage dans la promotion, entre autres, de l'autonomisation des femmes et des filles. -Le Prix International de la Femme de Courage (International Women of Courage Awards) vous a été décerné à Washington par la Première Dame des Etats Unis, Jill Biden, et le Secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, lors d'une cérémonie organisée à la Maison Blanche en présence notamment de l'Ambassadeur de SM le Roi aux USA, Youssef Amrani. D'abord, qui est Rabha El Haymar ? -Je suis née en 1987 à Ben Ahmed à Mzab dans la province de Settat. Ma famille m'a obligée à me marier par la « Fatiha » à l'âge de 14 ans. Je n'ai pas pu bénéficier de mon Droit à l'Education. Deux ans plus tard, enceinte, je quitte mon mari violent. Je me suis battue pour obtenir, grâce à un recours prévu par la réforme du Code de la famille marocain de 2004, la reconnaissance de mon mariage traditionnel pour épargner à ma fille une vie de marginalisation et de discrimination en tant que sans-papiers. Ma fille n'a pas pu bénéficier de l'accès à l'éducation et aux soins de santé. Mon histoire a inspiré la cinéaste britannique Deborah Perkin qui l'a racontée dans un documentaire intitulé « Bastards ». Un film qui, j'espère, encouragera d'autres femmes et conduira le changement. -Comment avez-vous reçu ce Prix qui vous a distingué parmi douze femmes inspirantes du monde entier ? -L'ancienne Consule générale des Etats-Unis à Casablanca, Jennifer Rasamimanana, a présenté ma candidature à ce Prix, qui a visiblement attiré l'attention du jury (sourire). Je suis honorée d'avoir obtenu cette distinction et de me retrouver parmi ces femmes formidables et d'horizons divers que j'ai eu la chance de rencontrer à Washington. En partageant nos histoires et en apprenant de nos expériences, nous avons découvert que le fil conducteur dans nos parcours respectifs est effectivement le courage, associé à la résilience. Très heureuse de recevoir ce Prix qui se veut le couronnement des efforts de la femme marocaine. Cette distinction est aussi une reconnaissance des réformes judicieuses du Code de la famille initiées en 2004 grâce aux efforts et à la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste. -A quel point la réforme du Code de la famille marocain de 2004 a-t-elle changé votre sort ? -J'ai bénéficié des amendements apportés par le Code de la famille. Ces réformes m'ont rendu justice. J'ai pu faire reconnaître mon mariage traditionnel et sauvegarder les droits de ma fille. J'espère que les nouvelles réformes protégeront les Droits de toutes les femmes et de tous les enfants en leur donneront les moyens de devenir des citoyens à part entière et égaux. -Quelles sont vos attentes concernant la nouvelle réforme du Code de la famille ? -Je suis optimiste que ces avancées vont continuer dans le cadre de la dynamique inspirée par la volonté Royale de réserver aux femmes marocaines la place qu'elles méritent pour l'édification d'un Maroc fort et développé. J'espère que la nouvelle Moudawana supprimera le mariage des mineures et veillera davantage sur la pension alimentaire (Nafaqa), laquelle comprend l'alimentation, l'habillement, les soins médicaux, l'instruction des enfants et tout ce qui est habituellement considéré comme indispensable.