L'air à Casablanca est-il plus pollué que dans les autres villes du pays ? Depuis la semaine dernière, à croire le nouveau bulletin consacré à la qualité de l'air, désormais diffusé sur Al Oula après le JT de 20h30, en ouverture du bulletin météorologique, les Casablancais n'ont pas à se plaindre par rapport aux habitants d'autres agglomérations moins peuplées et qu'on pensait moins polluées par les émanations de l'automobile et de l'industrie. Le contrôle de la pollution atmosphérique en particulier dans de grandes agglomérations est devenu un enjeu majeur des politiques environnementales. Alors que la prise de conscience de l'acuité du problème s'accroît dans le grand public et dépasse les milieux spécialisés, les responsables politiques, le corps médical et l'industrie, plusieurs alertes sont venues renforcées l'inquiétude que suscite l'évolution de la qualité de l'air des villes et particulièrement à Casablanca. Le Secrétariat d'Etat Chargé de l'Eau, par le biais de la Direction de la Météorologie Nationale et avec le soutien de la Fondation Mohamed VI pour la protection de l'environnement, a engagé un programme ambitieux et réaliste pour l'équipement de plusieurs agglomérations du Royaume de réseaux de mesure de la qualité de l'air, en collaboration avec la Direction Générale des Collectivités Locales. Un système de gestion de la qualité de l'air dont l'alerte par la prévision est l'une de conséquence. Le système repose sur quatre composantes : l'observation et le suivi, la modélisation, l'alerte par la prévision et l'évaluation de l'impact. Un réseau de mesure pour le suivi de la qualité de l'air a été à cet effet implanté en premier dans le Grand Casablanca avant de s'étendre aux autres agglomérations actuellement couvertes. Des campagnes de mesures, dont la première a durée deux ans, ont été effectuées par des laboratoires mobiles par la Direction de la Météorologie Nationale afin de connaître l'étendue et l'intensité de la pollution dans la capitale économique. Ces campagnes ont fait sortir parfois des dépassements de normes en particulier pour l'ozone, les particules fines et le dioxyde de soufre dans plusieurs parties du Grand Casablanca. Cette campagne de mesure a été relayée par une étude épidémiologique afin d'évaluer les liens à court terme entre la pollution atmosphérique urbaine et le nombre de décès, de consultations aux urgences et centres de santé pour asthme, bronchite, rhinite, conjonctivite chez les plus de cinq ans et les infections respiratoires chez les moins de cinq ans. Les mesures réalisées par les analyseurs des différentes stations fixes fonctionnement 24h/24h. Les moyennes des concentrations instantanées sur 1/4 d'heure sont stockées dans la station et acheminées dans le serveur-concentrateur au siège de la Direction de la Météorologie Nationale. Analysées et validées, elles sont sauvegardées sur une base de données. Un bulletin quotidien qui résume la qualité de l'air est ainsi élaboré. L'objectif ultime est d'instaurer une culture de développement durable, l'objectif immédiat est d'abord d'enclencher un processus permettant de mettre ces agglomérations dans la logique de la recherche d'un air de qualité ; La mise en évidence de l'impact d'une qualité dégradée de l'air sur la santé permettra d'atteindre cet objectif. Le processus se poursuivra par le renforcement des compétences réglementaires (diminuer le nombre de véhicules en circulation, arrêter les émissions d'une installation industrielle, aménagements urbains, délocalisation, ...) des autorités territoriales pour la prise d'initiatives permettant de diminuer les émissions nocives ; Ces initiatives n'auront de sens que si elles sont justifiées par des outils fiables. A cet effet un système d'alerte par la prévision, permettra d'anticiper les situations dangereuses et partant donner aux décideurs la possibilité justement d'organiser les initiatives à prendre. Ces initiatives, indique-t-on, ne doivent pas être improvisées. Elles sont identifiées, préparées et leurs conséquences socio-économiques étudiées et négociées avec les acteurs. Le système d'alerte à la qualité de l'air repose sur trois composantes principales : - L'observation et le suivi : elles englobent les données météorologiques, les données topographiques, les données de la qualité de l'air issues d'un réseau urbain et les données sur les émissions. L'inventaire des émissions (des sources mobiles et fixes) constitue une étape essentielle pour la mise en œuvre d'un système d'alerte. - La modélisation numérique et statique: il s'agit de développer des outils simulant l'évolution des concentrations des polluants atmosphériques. - L'évaluation de l'impact de la pollution sur la santé de la population à travers des études éco-épidémiologiques. Le recensement des données cliniques devrait se faire au même rythme que les données relatives à la qualité de l'air. Un tel système assurera une véritable intégration des préoccupations environnementales dans les plans d'aménagement des villes, dans une perspective de développement durable. L'aménagement du réseau routier et des implantations industrielles à l'intérieur des agglomérations se feront alors sur la base de données mesurées afin de minimiser l'exposition de la population aux émissions dues au trafic routier et à l'activité industrielle. Il faudrait souligner que d'importantes entreprises sont engagées pour renforcer le cadre législatif et réglementaire, contrôler les émissions des véhicules roulants, améliorer la qualité du carburant, densifier les réseaux de mesure, installer les outils numériques d'un système d'alerte, élaborer un cadastre des émissions, évaluer l'impact de la qualité de l'air sur la santé et diminuer les émissions de quelques grands émetteurs de pollution.