Le congrès HTIC (Healthcare Training & Innovation Conference) a capturé l'essence même de la simulation en santé et de l'innovation pédagogique. Sous la présidence de Mohammed Mouhaoui, ce rassemblement a levé le voile sur les dernières avancées remarquables dans le domaine de la formation en sciences de la santé au Maroc. * Quels sont les objectifs principaux et les thèmes traités lors de la 3ème édition du Congrès HTIC 2024 ?
La tenue de cette édition marque la troisième itération consécutive, suivant les précédentes qui se sont déroulées à Tanger et à Casablanca. Les objectifs fondamentaux de ce congrès sont ancrés dans le développement des aspects liés à la formation initiale et continue en matière de simulation en santé et d'innovation pédagogique. Un élément essentiel à souligner est la diversité des thèmes abordés, visant à toucher un public très vaste. Ce congrès s'est déployé sur treize tracks distincts, chacun se déroulant simultanément aux autres sur une période de trois jours successifs, avec un public diversifié entre enseignants, médecins, médecins dentistes, pharmaciens, infirmiers, ingénieurs, managers, biomédicaux et étudiants en sciences de la santé. Ils étaient consacrés à une thématique particulière, permettant ainsi une exploration approfondie et spécialisée dans différents domaines de la simulation en santé et de l'innovation pédagogique. Ensemble, ces tracks ont été le terrain de l'organisation de 112 activités parallèles, illustrant la richesse et la diversité des discussions et des présentations qui ont eu lieu pendant le congrès. La variété des thèmes, la simultanéité des activités et la participation engagée ont contribué à faire de cet événement un rendez-vous incontournable, nourrissant les échanges et favorisant le partage de connaissances et d'expériences au sein de la communauté participante.
* En quoi le Prix de l'innovation pédagogue joue-t-il un rôle central dans cet événement ?
Au sein des activités du congrès, il est important de souligner le rôle de la Morocco Sim en tant que partenaire dédié à l'excellence pédagogique. Dans cette optique, elle donne vie à ce que nous appelons les "Morocco Sim Awards". Trois distinctions ont été soigneusement instaurées : un Prix récompensant le meilleur iposter, un second décerné à la meilleure communication orale, et, bien entendu, un Prix dédié à la meilleure innovation pédagogique de l'année. Il convient de noter que ce dernier Prix revêt une importance particulière, honorant les jeunes chercheurs qui ont consacré leurs efforts à concevoir des projets d'innovation pédagogique visant à renforcer l'enseignement dans les domaines de la science et de la santé. En attribuant ces récompenses, la Morocco Sim stimule la créativité, la recherche et le progrès dans le domaine de la pédagogie en santé, contribuant ainsi à l'évolution constante des pratiques éducatives et à la promotion d'une excellence pédagogique durable.
* Ces derniers temps, quelles tendances ou évolutions notables avez-vous remarquées dans le domaine de l'innovation pédagogique au Maroc ?
En effet, l'évolution constante de la pédagogie dans les sciences de la santé a été marquée par une pléthore de projets innovants. Ce qui est aujourd'hui considéré comme novateur peut, avec le temps, devenir la norme. Un exemple frappant est celui de la simulation qui, après des années d'innovation, est désormais intégrée de manière tout à fait ordinaire, voire basique, dans l'enseignement des sciences de la santé. Une autre tendance majeure dans l'innovation pédagogique concerne l'intégration de l'Intelligence Artificielle dans l'éducation médicale. De plus, l'utilisation de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée joue un rôle croissant dans la transformation de l'apprentissage médical. L'émergence de l'enseignement hybride, également appelé hybridation de la pédagogie, représente une autre avancée significative. Parmi les développements notables, la télé-simulation, qui permet la simulation à distance, et l'expansion de la simulation dans le lieu même de l'exercice des professionnels de la santé constituent des éléments clés de l'évolution actuelle. Ces avancées réaffirment l'engagement continu envers l'innovation pédagogique, visant à adapter les méthodes d'enseignement aux progrès technologiques et aux besoins changeants du domaine médical.
* Pouvez-vous nous éclairer sur les domaines spécifiques ainsi que sur les créations qui ont été récompensées par ce Prix ?
Pour ce Prix, dix-huit porteurs de projets ont soumis leurs propositions, parmi lesquelles six ont été sélectionnées pour le concours final et présentées en plénière lors de la session dédiée au concours de l'innovation pédagogique. Dans l'ensemble, les projets ont gravité autour de trois axes majeurs. Le premier axe met en avant la création de projets liés à la ludification pédagogique et à l'apprentissage par le jeu, une approche de plus en plus populaire dans le domaine de l'enseignement des sciences de la santé, notamment pour les étudiants en début de cursus. Un autre thème a abordé l'élaboration d'un livre combinant l'Histoire de la médecine et celle de la simulation en santé. Les autres créations présentées ont été en lien avec soit l'utilisation de l'Intelligence Artificielle, soit la création d'un portfolio numérique pour les étudiants en médecine. Notamment, le lauréat du premier Prix, Dr Qjidaa, a centré son travail sur l'Intelligence Artificielle en développant la plateforme web "SIMUNEST". Cette plateforme utilise des moteurs d'Intelligence Artificielle pour aider les étudiants en sciences de la santé à renforcer leur apprentissage de manière plus efficace.
* Quelle est la plus récente avancée en matière d'Intelligence Artificielle dans le domaine de la formation en sciences de la santé ?
Indubitablement, l'IA fait désormais partie intégrante de la formation en sciences de la santé au Maroc, et ce, grâce à plusieurs avancées significatives. Deux de ces avancées méritent d'être mises en lumière. Tout d'abord, la mise en place de mannequins de simulation de haute fidélité dotés d'Intelligence Artificielle intégrée. Ces mannequins ont la capacité unique de répondre directement aux interrogations des apprenants, de comprendre leurs expressions faciales, et de réagir en fonction de leurs actions vis-à-vis des patients simulés. Cette avancée représente une immersion pédagogique sans précédent, permettant une expérience d'apprentissage interactive et personnalisée. En outre, une autre percée majeure réside dans l'utilisation de l'Intelligence Artificielle au sein de solutions de patients virtuels, communément appelées simulations numériques. Cette approche novatrice permet aux apprenants, qu'ils soient médecins ou infirmiers, d'acquérir des compétences directement sur une plateforme web intuitive alimentée par l'IA. Cette plateforme guide l'apprenant à travers un raisonnement diagnostique robuste, préparant ainsi le professionnel de la santé à appliquer ses compétences sur de vrais patients.
* Quelles initiatives ou actions concrètes espérez-vous voir émerger suite à cet événement, en termes d'innovation pédagogique et de simulation en santé ?
Effectivement, le Maroc se positionne parmi les pays au monde qui connaissent un développement significatif dans le domaine de la simulation en santé. À présent, notre ambition repose sur la concrétisation de deux objectifs essentiels. Tout d'abord, il est impératif que l'apprentissage par simulation soit solidement ancré au niveau institutionnel. Il est crucial de souligner que la simulation ne peut pas se substituer au stage hospitalier, elle est plutôt un outil destiné à améliorer l'apprentissage en offrant des expériences pratiques et immersives. En parallèle, notre deuxième objectif concret est le développement de la formation interne professionnelle au sein des écoles de médecine et des sciences infirmières. Nous croyons fermement que puisque nous soignons les patients ensemble, il est tout aussi essentiel de partager cette expérience de soin en interne. Ce développement vise à renforcer les compétences, la collaboration et la compréhension mutuelle au sein de la communauté médicale et infirmière. Ainsi, en consolidant ces deux piliers, nous visons à promouvoir une pratique de la santé plus robuste et axée sur la collaboration au Maroc.