Une intense activité au plus haut niveau entre l'Algérie et la Sierra Léone, ces derniers temps, marque un rapprochement entre les deux pays que ne manque pas d'exploiter Alger pour ramener dans son giron un pays qui non seulement reconnaît la souveraineté marocaine sur le Sahara, mais, la concrétise par l'ouverture d'un consulat dans la ville de Dakhla. Membre non permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU au même titre que le Mozambique et l'Algérie, la Sierra Léone se voit de plus en plus courtisée par le régime algérien qui veut mettre à profit une conjoncture idoine pour planter une banderille dans le champ diplomatique marocain qui ne cesse de multiplier les succès sur la scène internationale. Tout a commencé par une surprenante visite du président sierra léonais, Julius Maada Bio, à Alger, du 2 au 4 janvier. Une visite qui sera suivie vingt jours plus tard par son chef d'état-major de l'armée, le général Peter Kakowou, reçu le 24 du mois par son homologue algérien le général d'armée Saïd Chengriha. Le régime algérien croit avoir trouvé une bonne pioche pour désarçonner son éternel rival de l'Oue qui, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Timothy Musa Kabba a affirmé le soutien indéfectible de la Sierra Leone à l'intégrité territoriale du Maroc en septembre 2023. Une déclaration qui confirme avec force une reconnaissance concrétisée par l'ouverture d'un consulat à Dakhla depuis août 2021. Mettant à profit la tenue du 37e sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba, le 17 février dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères a poursuivi l'opération de charme en direction de Freetown. Il invita ses homologues mozambicain et sierra léonais à une réunion de coordination en leur qualité de membres non permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU pour entamer de franches pressions sur le chef de la diplomatie sierra-léonaise. Il avait la partie facile en se faisant aider par le représentant du Mozambique dont le pays reconnaît la « République Arabe Sahraoui Démocratique » proclamée par le Polisario le 28 février 1976 a quelques kilomètres de la ville de Tindouf, dans le désert algérien. L'objet de la réunion des trois ministres est fixé par Ahmed Attaf : « débattre de la stratégie visant à préserver la dynamique de l'action africaine commune pour des causes justes », notamment la « décolonisation du Sahara occidental », selon des sources diplomatiques algériennes. » Pas besoin d'être grand clerc pour comprendre les visées algériennes. Le Sierraloaded, site d'information sierra léonais, n'hésite pas à écrire « Lors du 37e sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba, l'Algérie aurait entrepris des efforts diplomatiques pour influencer la position de la Sierra Leone sur le Sahara occidental. » Et de poursuivre, plus loin « l'Algérie semble rechercher des victoires diplomatiques, et la position de la Sierra Leone constitue une cible potentielle. »