En tirant leurs cartes en ce début d'année, les voyantes n'ont pas vu venir la démolition de leurs baraques qui abritaient leurs activités aux abords du Mausolée de Sidi Abderrahmane, signes de baraka pour les uns et d'opprobre pour tant d'autres. Pourtant, tel était leur mektoub. Vendredi, dès potron-minet, des responsables administratifs et autres élus locaux de la Cité blanche du Royaume étaient de première heure devant les locaux inhabitables entourant le Mausolée de Sidi Abderrahmane, haut-lieu et principal temple du charlatanisme de la ville. S'ils ont été aux aguets, c'est qu'ils ont sorti une armada de mesures pour lutter contre l'insalubrité et la pestilence qui sévissaient dans cet endroit chargé de mythes et de fables. Longuement pris d'assaut par des guérisseurs, fqihs et autres chouafates qui n'y voyaient que du feu, ces lieux devaient, vaille que vaille, être rasés car ils étaient aux antipodes de la réputation d'une métropole qui se lève à l'heure pour affronter les gageures de l'avenir. Aussitôt dit, aussitôt fait, les responsables de la ville ont concrétisé leur projet de démolir les habitations délabrées près du mausolée de Sidi Abderrahmane, sis à Aïn Diab. De ce fait, les diseurs de bonne aventure ainsi que les vendeurs de broutilles et babioles ccultistes qui occupaient les lieux ont également été contraints de déguerpir. Une mise au point s'impose Contrairement à ce qui s'est répandue comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux, la décision qui a été prise par Mohamed Mhidia, le nouveau wali de la région de Casablanca-Settat, ne concernait que les alentours du mausolée. La tombe du Saint Abderrahmane lui-même n'était pas concernée par l'ordre de démolition. Il sied, aussi, de mentionner que les autorités n'ont pas demandé la destruction de la tombe de Sidi Abderrahmane, imam et connaisseur du Livre Saint de l'Islam. Cette décision s'inscrit purement et simplement dans le cadre d'une campagne de lutte contre l'habitat insalubre et l'exploitation illégale de l'espace public dans la métropole. Outre les guérisseurs, les magouilleurs et autres fauteurs de troubles, les autorités ont également ordonné l'assainissement de l'espace occupé illégalement par les snacks et les cafés dans de nombreux quartiers de la ville. Plusieurs devantures et terrasses illégales ont été démolies. Par ailleurs, les pouvoirs publics ont eu recours à des bulldozers pour déplacer les chariots des vendeurs ambulants et retirer les bâtons en plastique dressés par certains propriétaires de cafés sur la voie publique. Houda BELABD Sidi Abderrahmane, l'imam émérite Les origines de ce mausolée plongent dans les légendes et les récits mystiques et datent de plusieurs siècles. Il est dit que Sidi Abderrahmane, venu d'Orient, séjourna sur l'île en tant que solitaire, séduit par la tranquillité des lieux. Au fil des ans, le terrain est devenu un lieu de pèlerinage pour les croyants en quête de réconfort spirituel. Le mausolée, avec son architecture traditionnelle, incarne la pérennité de la foi et demeure un point de repère spirituel important dans la région de Casablanca. Toutefois, des escrocs et autres charlatans se sont appropriés ce lieu de pèlerinage dans l'optique d'en faire un business fructueux.