Le monde célèbre aujourd'hui la journée internationale pour l'élimination de la violence contre les femmes. L'occasion de mettre le point sur une situation peu réjouissante au Maroc. La violence contre les femmes au Maroc atteint, en effet, des dimensions alarmantes, en l'absence de protection juridique efficace... La violence conjugale se taille la part du lion : 85% des cas enregistrés... Alors que la loi nord-américaine fait presque regretter d'être homme pour le châtiment qu'elle fait subir à l'homme agressif dès qu'il touche le bout du doigt d'une femme, le code de la famille au Maroc baigne toujours dans la confusion et ne donne presque pas plus qu'avant raison à la femme. Le nord américain violente sa conjointe, et l'appel fatidique du 911, numéro vert prévu aux plaintes et urgences de toutes sortes, ameute une cohorte d'agents de la sécurité pour embarquer le coupable, menottes aux poignets, en tôle où il passe un menu séjour, son coin de réflexion sur son acte « criminel ». De quoi lui passer l'envie de récidiver définitivement. Et pour le conforter dans sa décision de se tenir dans le droit chemin à sa sortie de prison, il est interdit d'approcher sa maison et les siens jusqu'à nouvel ordre, j'entends réconciliation et bénédiction de la plaignante. La première plainte est aussi efficace que les suivantes, s'il y en a. L'Eden pour les femmes ? En quelque sorte quoique c'est une solution extrémiste que la mentalité marocaine trouverait facilement le moyen d'esquiver. Contrairement à la mentalité des femmes nord-américaines, les Marocaines passent souvent le bien-être des leurs avant le leur propre. Preuve en est qu'elles endurent, pour celles mariées à des hommes agressifs, moult peines, coups, abaissements pour garder l'harmonie de la famille et le bien-être des enfants, conformément aux coutumes familiales héritées des mères et grands-mères. Chose qui peut encourager encore plus l'abus et faire que la violence s'intensifie. On se retrouve ainsi avec un nombre hallucinant de victimes : 14 mille femmes agressées au Maroc, avance le ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité en 2008. Ceci pour ne compter que les cas déclarés ou reconnus comme tels par la jurisprudence marocaine. Car l'héritage culturel, la peur, l'incompréhension et les jugements d'une société patriarcale, les menaces corporelles ou autres facteurs réduisent beaucoup d'autres victimes au silence. Le harcèlement sexuel reste un autre aspect de la violence exercée sur les femmes, que ce soit dans son foyer, au bureau ou dans la rue. Forme très répandue de la violence qu'on tait volontiers pour éviter les jugements de la société, les retombées sur le couple ou la famille. La violence psychologique vient à la tête de ce triste recensement. Par violence psychologique ou verbale on entend insultes et humiliation, toujours à l'encontre des femmes mariées. Suit de près la violence corporelle. 98% des cas, toujours selon les statistiques annoncées par le ministère du Développement social, de la famille et de la Solidarité, se sont plaints de coups et de blessures. La tranche d'âge des victimes se situant entre 18 et 24 ans est la plus concernée par la violence, suivie par celle des 25 à 35 ans. Le Maroc a pourtant ratifié plusieurs conventions internationales en matière des droits de l'Homme, dont la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard de la femme, le 21 juin 1993, mais les valeurs patriarcales restent toujours un obstacle à l'application de la loi qui, ainsi, ne donne pas toujours des réponses claires quant au cas de violence. Les plaintes déposées ne sont pas souvent prises au sérieux par les responsables et rarement suite est donnée aux doléances des femmes agressées. Preuve en est qu'en cas de viol, ce délit manque de rigueur quand la victime est une mineure, il est permis aux tuteurs de la victime de retirer leur plainte contre le mariage de leur fille par le violeur, question de sauver l'honneur... Le ministère de Développement social, de la famille, et de la Solidarité, se penche actuellement sur l'élaboration d'une nouvelle loi pour la lutte contre la violence faite aux femmes, vu les lacunes constatées dans la loi actuelle, et met en route un système de formation et de perfectionnement de son personnel. Le nouveau projet de loi devrait bientôt trouver sa place dans l'arsenal législatif. En mars 2008 déjà, la ministre, madame Nezha Skalli, a annoncé un plan de travail englobant 16 nouveaux centres pour les femmes violentées et la réalisation d'une étude nationale sur la recrudescence du phénomène au Maroc, la construction d'un centre de réhabilitation pour aider les hommes à contrôler leur agressivité. Par ailleurs, et avec le soutien du Fonds des Nations-Unies pour la Population, le Secrétariat suit le phénomène de la violence contre les femmes au Maroc depuis 2005 par le biais d'une ligne téléphonique gratuite destinée à fournir aux femmes victimes de la violence une aide juridique et psychologique. Entre le 26 décembre 2005 et le 13 octobre 2006, cette hotline a enregistré un total de 27 795 actes de violence commis par 15 075 auteurs, dont 77,8 pour cent étaient les maris des victimes. Les statistiques ont été compilées par 26 centres d'appel nationaux, hébergés par diverses associations de femmes en partenariat avec le Secrétariat. Sur le plan international, le Secrétaire général de L'ONU, Ban Ki-moon a lancé, en février 2008, une campagne internationale « tous unis pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes » qui s'étend jusqu'à 2015. Une loi qui se base sur les cadres juridiques et politiques internationaux déjà existants pour combattre la violence à l'égard des femmes sous toutes ses formes.