Le 18 octobre, le ministre délégué chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Evaluation des Politiques publiques, Mohcine Jazouli, s'est entretenu avec Young Mok Park, PDG de Proxy Planet. Cette entreprise sud-coréenne est spécialisée dans le conseil aux acteurs du gaming et de l'e-sport. Le but de cette rencontre était d'étudier le développement de "Rabat Gaming City", un projet visant à attirer les géants mondiaux du gaming pour qu'ils s'installent dans le Royaume. En structurant un écosystème pour les créateurs, les développeurs et les designers de jeux vidéo, le Maroc souhaite prendre part à un secteur en plein essor. Dans les années à venir, cette industrie s'annonce comme l'un des secteurs économiques les plus prometteurs en termes de croissance. Déjà estimée à 224,9 milliards de dollars en 2022, la taille du marché mondial du gaming devrait atteindre 610,6 milliards de dollars d'ici 2032, affichant ainsi un taux de croissance annuel moyen de 10,5 %.
Une base de talents Bien que le secteur soit encore balbutiant au Maroc, quelques initiatives ont émergé ces dernières années. Ne comptant que sur leurs propres moyens, de jeunes passionnés se sont lancés dans la création et la commercialisation de jeux vidéo. Si ces initiatives restent marginales, elles prouvent qu'une base de talents est déjà présente dans le pays, et qu'elle n'attend qu'à être encouragée et exploitée. Parmi ces talents, Ayman Jbari, jeune développeur de 23 ans qui a déjà à son actif plus de 10 jeux vidéo. Ses plus grandes réussites incluent un jeu d'aventure gratuit pour PC dénommé "The Moroccan Castle". "Le jeu se déroule dans un ancien château de Tétouan construit en 1954. Le héros du jeu souhaite l'explorer et il doit trouver des clés. C'est une histoire mêlant aventure et horreur, et chaque année un nouveau chapitre est publié (MC 1, 2 et 3)", nous raconte-t-il. Ayman Jbari parvient à générer un peu d'argent grâce à ses créations, mais c'est insuffisant pour subvenir à ses besoins et construire sa vie. « The Moroccan Castle 3 a été téléchargé par 5.000 personnes à 5 dollars chacune, ce qui a rapporté 25.000 dollars, mais cela représente des mois de travail et les versions MC 1 et 2 n'avaient rien rapporté », nous apprend-il. Ayman aspire à une carrière dans cette industrie, toutefois il constate que, par manque de perspectives, tous les développeurs de jeux vidéo qui l'entourent ont renoncé à cette ambition. Faire de la concurrence à de grandes multinationales du jeu vidéo s'avère difficile. Surtout que ce métier réclame des investissements importants en matériel, en équipes créatives et en marketing, autant de barrières à l'entrée qui expliquent pourquoi les développeurs marocains finissent par jeter l'éponge. C'est le cas de Rachid Ansari, 39 ans, qui, après plusieurs tentatives pour vivre du gaming, a fini par réorienter sa carrière vers la création artistique dans une start-up. "J'ai bien essayé de vendre un jeu sur App store, en faisant des kits de presse et une communication autour, mais cela n'a jamais décollé", regrette-t-il. Selon notre interlocuteur, il faut débourser énormément d'argent en achat d'espace, d'influence et de marketing pour sortir du lot, des moyens dont il était dépourvu.
La parenthèse Ubisoft Ubisoft est l'unique exemple d'un éditeur international de jeux vidéo s'étant établi au Maroc. L'entreprise française, connue pour des jeux devenus cultes tels Prince of Persia et Assassin's Creed, avait ouvert un studio à Casablanca en 1998. Il s'agissait du premier spécialiste de gaming à s'installer en Afrique du Nord, et le second seulement sur tout le continent. Malheureusement, pour des questions de rentabilité, cette expérience prendra fin en 2016. "Après le départ d'Ubisoft, très peu de gens ont réussi à garder la flamme. Quelques personnes ont bien tenté une grosse production 100% marocaine, comme le studio Rymgames qui, en 2018, a produit un jeu d'horreur de survie dénommé The Dark Occult. J'y ai joué et c'était de loin ce qui s'est fait de mieux au Maroc. Malheureusement, la réception était mitigée et le studio n'a pas réitéré l'expérience", nous explique Rachid Ansari. La présence diversifiée de talents au sein de cette communauté de gamers, avec des concepteurs, des testeurs, des joueurs professionnels, des critiques, etc., révèle le véritable potentiel du Maroc dans le secteur du jeu vidéo. "Notre point fort est le capital humain. Pour se lancer dans cette industrie, le talent et l'expertise sont déjà là, et il faut structurer le secteur et l'entretenir à travers des incitations et des programmes dédiés", propose Rachid Ansari.
Bac à sable réglementaire Nos interlocuteurs proposent d'approcher et d'attirer au Maroc des petits studios indépendants, qui pourraient ensuite collaborer avec des créateurs locaux. L'Etat pourrait aussi créer un cadre juridique et financier adéquat pour les entrepreneurs désirant se lancer dans ce secteur, en créant un "bac à sable réglementaire" leur permettant d'innover et de tester leurs produits dans un cadre assoupli. Le Royaume devrait également encourager la créativité et la R&D, pour la formation dans les écoles d'informatique, et pour tous les autres métiers qui gravitent autour du gaming : les dessinateurs, les scénaristes, les animateurs, les concepteurs sonores... etc. Dans ce sens, les Ecoles 1337 fournissent des compétences utiles dans ce domaine. "Nous voulons voir le Maroc se transformer en pays de jeux vidéo à l'image du Japon", se met à rêver Ayman Jbari, qui assure que grâce à son avance dans le monde de la tech, le Maroc est l'un des pays les mieux placés en Afrique pour y arriver. Un optimisme partagé par Rachid Ansari qui constate une réelle volonté gouvernementale d'aller dans ce sens. "Ce secteur peut rapporter gros au Maroc. J'espère que les décideurs vont savoir valoriser la communauté des gamedevs et leur proposer une vision claire et sincère", conclut-il.
3 questions à Soufiane El Filali "Nous disposons d'un vivier de jeunes talents créatifs, une communauté de joueurs passionnés et un potentiel de croissance considérable" * Quelle est l'ambition de la FRMJE pour le développement du secteur, tant du point de vue de la pratique que du développement de jeux vidéo ?
La FRMJE souhaite jouer un rôle moteur dans le développement de l'industrie du jeu vidéo et de l'e-Sport au Maroc. Notre vision s'articule autour de cinq axes stratégiques : développer une pratique e-Sportive responsable, organiser des compétitions nationales et internationales attrayantes pour identifier et soutenir les gamers qui représenteront le Maroc, renforcer la visibilité du Royaume, créer des filières de formation spécialisées pour former la prochaine génération de développeurs, graphistes, scénaristes, et autres professionnels du jeu vidéo, valoriser l'attractivité du Maroc dans l'e-Sport et assurer une représentativité au niveau des instances régionales et internationales, et enfin accompagner la transformation numérique du sport dans notre pays.
* Quels sont les points forts du secteur sur lesquels capitaliser ?
Les points forts sont un vivier de jeunes talents créatifs, une communauté de joueurs passionnés et un potentiel de croissance considérable. Nous devons capitaliser sur ces atouts en investissant dans la formation, la création d'infrastructures adaptées et le soutien à l'innovation. Enfin, il est crucial de travailler sur le développement de l'écosystème financier, légal et réglementaire pour faciliter l'essor de l'industrie.
* Qu'est-il prévu pour former des jeunes aux métiers du développement de jeux vidéo ?
La FRMJE voit dans le gaming un tremplin vers l'emploi de demain pour la jeunesse. Le secteur englobe une gamme diversifiée de métiers : le développement informatique, le design, la production vidéo, le streaming, la création de contenu et le brand management. Nous sommes déterminés à soutenir le développement de ces compétences.
Avec ses partenaires étatiques, la FRMJE veut mettre en place des programmes de formation et d'éducation au développement de jeux vidéo. Nous organisons des événements (ateliers, compétitions) pour repérer et soutenir les talents émergents. C'est la prochaine génération de professionnels du jeu vidéo qui garantira la croissance durable de l'industrie. Ressources humaines : De grands besoins en compétences Les postes techniques dans l'industrie du jeu vidéo exigent généralement un diplôme en informatique, voire une qualification spécialisée en programmation et développement de jeux vidéo, que certaines universités proposent.
Les développeurs dans le domaine du jeu vidéo peuvent s'attendre à travailler dur pour créer, tester et déboguer des programmes, ainsi qu'à effectuer des mises à jour en réponse aux demandes et aux exigences des utilisateurs.
Les jeux ont également besoin d'artistes et de spécialistes du son et de la vision pour créer leurs mondes immersifs. Les diplômés en design de médias interactifs, en production sonore et en design graphique peuvent appliquer leurs compétences ici, mais une compréhension fondamentale du gameplay mènera à un poste de premier plan.
Alors que les développeurs de jeux se concentrent sur le code, les concepteurs de jeux doivent générer des histoires et des idées qui fonctionnent. Les jeux nécessitent également divers talents en écriture, certains titres exigeant des scénarios dignes de films et d'autres nécessitant un texte clair et concis pour guider les utilisateurs de manière fluide d'une étape à l'autre. GTA VI : Le jeu le plus cher de l'Histoire Il s'agit du jeu le plus attendu de l'Histoire. Après dix ans d'attente, les studios Rockstar Games viennent de dévoiler la bande-annonce du sixième volet de la saga GTA. À peine deux semaines après sa publication, la vidéo a atteint plus de 150 millions de vues sur YouTube et est devenue un phénomène sur Internet. Le jeu, quant à lui, ne sera commercialisé qu'en 2025.
Selon les estimations, ce jeu vidéo sera le plus coûteux de l'Histoire du gaming. Ce n'est pas une surprise que la création de GTA 6 soit très coûteuse. Le budget de développement du jeu seul s'élève à au moins 250 millions de dollars ! Le coût total pourrait être encore plus élevé avec le marketing et d'autres dépenses, les estimations atteignant plus d'un milliard de dollars.
Plusieurs facteurs contribuent au coût élevé de GTA 6. Une des principales raisons est que le jeu est développé avec un tout nouveau moteur de jeu, selon les rapports. De plus, Rockstar Games est connu pour son souci du détail et sa volonté de repousser les limites de ce qui est possible dans les jeux vidéo, ce qui pourrait entraîner des coûts encore plus élevés alors que les développeurs s'efforcent de créer un jeu visuellement époustouflant et immersif.
Une autre raison pour laquelle on s'attend à ce que GTA 6 soit si coûteux, c'est qu'il va être un jeu massif en termes de portée et d'ambition. Le jeu est censé avoir un vaste monde ouvert, tout comme les précédents opus. Selon les estimations, l'investissement sera remboursé dès le premier mois de commercialisation.