La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) a le potentiel pour devenir un nouveau leader dans cette transition. Avec des politiques industrielles fortes et des politiques de transition justes en place, des gains de bien-être significatifs pourraient être réalisés par rapport à un scénario de statu quo car une transition juste peut porter le PIB de cette partie du monde à 7,2% avant 2050 avec la création de 10 millions de nouveaux emplois. Un nouveau rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) et de la Banque islamique de développement (BID) sur la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) concernant leurs potentialités financières dans le domaine climatique vient d'être publié. Un sujet qui est au centre de toutes leurs attentions à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis, le pays accueillant la COP28 de 2023.
Selon les analyses des deux institutions, la région MENA pourrait ainsi créer 10 millions de nouveaux emplois et accélérer le PIB à 7,2% et l'emploi à 5,3% en moins de trois décennies, grâce à des politiques de développement industriel et climatique fortes.
Cette étude inédite note que pour atteindre de tels résultats, les pays de la région MENA devraient adopter des politiques industrielles fortes, lier le climat aux politiques de développement et investir davantage dans la résilience climatique, le dessalement de l'eau verte, la reforestation et la gestion des déchets.
Pour les rédacteurs de ce document, l'adoption d'un ensemble complet de mesures climatiques, économiques et sociales est susceptible d'accroître la prospérité économique, de créer davantage d'emplois et d'augmenter leurs taux.
Scénario de résilience
Intitulé : « Les impacts sociaux et sur l'emploi de la décarbonisation et des scénarios de croissance industrielle verte pour la région MENA », le rapport indique qu'un tel scénario de résilience s'appuierait également sur des politiques fortes visant à réaliser une transition juste vers une économie verte d'une manière aussi équitable et inclusive que possible pour toutes les personnes concernées, en créant des opportunités de travail décent et en ne laissant personne de côté.
C'est à juste raison, d'ailleurs, que la Directrice générale adjointe de l'OIT, Celeste Drake, a souligné qu'« aujourd'hui, le monde se trouve au cœur d'une transition énergétique mondiale qui s'accélère. La région MENA a le potentiel pour devenir un nouveau leader dans cette transition.
Dans cette perspective, Bradley Hiller, spécialiste principal du changement climatique à la BID, a indiqué qu'il espérait que les résultats de cette étude contribueraient aux dialogues nationaux en cours tout en soutenant l'élaboration de politiques fondées sur des données probantes.
Cependant, il est vrai, comme le reconnaissent les spécialistes, que le changement climatique et la décarbonisation posent plusieurs défis, car des pratiques de production et de consommation plus respectueuses de l'environnement et plus durables signifieront que certains secteurs déclineront tandis que d'autres se développeront et se transformeront.
En même temps, font-ils remarquer, l'adoption d'un ensemble complet de mesures climatiques, économiques et sociales est susceptible d'accroître la prospérité économique, de créer davantage d'emplois et d'augmenter leurs taux.
Dans ses recommandations, le rapport propose trois scénarii. Tout d'abord, un scénario mondial d'émissions nettes nulles dans lequel les pays de la région MENA restent des spectateurs passifs de la transition énergétique et peuvent être confrontés à des pertes de bien-être par rapport à la base de référence actuelle.
Acquérir des compétences
Le deuxième scénario voit les pays de la région MENA piloter activement la transition énergétique mondiale, ce qui pourrait se traduire par des gains significatifs en termes d'emplois et de PIB. Quant au troisième scénario, idéal,il permettrait d'obtenir des résultats optimaux sur le marché du travail et sur le plan socio-économique par la création des millions d'emplois.
D'après les experts, ces politiques seraient combinées à des politiques de transition juste pour permettre aux jeunes de se perfectionner, de se recycler et d'acquérir des compétences dans les nouvelles technologies à faible émission de carbone. En outre, les pays de la région MENA lieraient le climat aux politiques de développement et investiraient davantage dans la résilience climatique, le dessalement de l'eau verte, la reforestation et la gestion des déchets.
En d'autres termes, l'OIT et la BID estiment qu'un tel scénario de résilience s'appuierait également sur de solides politiques de transition juste ciblant l'investissement dans le capital humain, la protection sociale et les travailleurs non qualifiés et à faible revenu. Tout est dit. A rappeler que le document a été lancé lors de la COP28 à Dubaï au Pavillon de transition juste de l'OIT.