Le séisme d'Al-Haouz a détruit, ou sérieusement endommagé, des pans entiers du patrimoine historique. L'heure est à l'évaluation des dommages en vue d'une reconstruction, qui prendra du temps, selon le conservateur des monuments historiques à Marrakech. -A côté du lourd bilan en pertes de vies humaines, le séisme d'Al-Haouz a aussi touché le patrimoine historique. Quelle est l'étendue des dégâts constatés suite à cette catastrophe naturelle ? -La province d'Al-Haouz est riche en patrimoine culturel et en monuments touristiques et historiques. Selon les dernières statistiques, datant de 2006, fournies par le ministère de la Culture, plus de 1400 monuments, culturels, religieux, militaires ont été recensés dans la province d'Al-Haouz. Le tremblement de terre dévastateur, qui a touché le centre du Maroc, notamment la province d'Al-Haouz, a impacté partiellement ou totalement certains de ces monuments. A titre d'exemple, presque 85% de la mosquée de Tinmel est détruite dans ce séisme. Elle a vu son minaret, datant du 12ème siècle, totalement effondré. Cette mosquée, située dans un village connu du Haut Atlas, a été édifiée en 1154 à la mémoire de Mahdi Ibn Toumert, fondateur de la dynastie Almohade au XIIème siècle. -Quid de Marrakech ? -Marrakech, qui compte plus de 950 monuments historiques, selon les mêmes statistiques de 2006, n'a pas échappé aux soubresauts du séisme. Entre 20 et 30 des sites historiques de la région de Marrakech sont endommagés. En passant par des Kasbahs, le Palais de la Bahia et celui d'El Badi dans le cœur historique de Marrakech, sans oublier d'autres joyaux architecturaux du XIIème siècle. La mosquée Koutoubia, l'une des plus anciennes et plus emblématiques mosquées du Royaume, n'a également pas échappé au tremblement de terre. Ici, nous avons constaté des fissures importantes sur le minaret et la porte de la Koutoubia. Plusieurs minarets de la ville de Marrakech ont été également dégradés par le séisme qui a touché la ville. Les secousses ont provoqué d'importantes fissures sur les minarets de la mosquée Benyousef, El Mansour de Kasbah ou Saâdi. Le Menzeh risque de s'effondrer alors même que des parties substantielles sont déjà réduites en poussière à cause des fractures importantes au sein des structures portantes, notamment des fissures constatées dans les arcs et dans les jonctions des murs. -L'heure est à la restauration de ces édifices historiques. Comment celle-là devra être menée, selon vous ? -Certains monuments ont besoin de beaucoup de temps de restauration, comme c'est le cas pour la mosquée de la Koutoubia et le Palais de la Bahia, tandis que d'autres pourront ouvrir leurs portes aux visiteurs dans les prochaines semaines, à l'instar des musées Dar El Bacha et le musée place Jamaâ El Fna, comme l'a souligné, dernièrement, le président de la Fondation Nationale des Musées, Mehdi Qotbi. Il faut dire que le Maroc est connu pour son Histoire et son patrimoine ainsi que par ses compétences, capable de redonner à Marrakech et à la province d'Al-Haouz leur lustre d'avant séisme. Cependant, la restauration des mosquées devrait se faire sur la base d'archives, d'articles, d'études et de la documentation. D'ailleurs, des délégations régionales du département de la Culture sont sur place en vue d'élaborer un plan d'action pour sauver tous ces monuments dévastés par le séisme. Des bureaux d'études et des sociétés démarreront leurs travaux pour consolider ces monuments et accélérer l'opération de leur restauration. La région compte également des coopératives et des spécialistes de l'artisanat traditionnel. On aura, certainement, recours aux artisans traditionnels dans l'opération de restauration des monuments touchés par le séisme. Leur rôle est indéniable.