Comme les médias marocains, la presse française sportive se focalise sur le huitième de finale de la Coupe du monde féminine Maroc-France prévu ce mardi. Présent pour la première fois à ce niveau, le Maroc défie l'équipe de France , une habituée, ce mardi dans le cadre des huitièmes de finale . Un match qui déchaine les passions pour des raisons au-delà du contexte sportif. "L'Equipe", dans son édition du dimanche, s'est intéressé au sujet à travers un article consacré à la Marocaine des Bleues, Sakina Karchaoui, surnommée Saki en famille et en sélection française. "L'Opinion Sports" vous en présente le contenu, œuvre de Nathan Gourdol et Syanie Dalmat : Pour deux hymnes, qu'elle connaît par cœur ! Fille de parents marocains, élevée dans la double culture dans le sud de la France, la joueuse va vivre un moment d'émotion intense mardi à Adélaïde. Quand elle entrera sur la pelouse de l'Hindmarsh Stadium mardi , pour deux hymnes , qu'elle connaît par cœur avant le huitième de finale de Coupe du monde. La tête ailleurs ! Sakina Karchaoui aura de quoi avoir la tête ailleurs. Son esprit divaguer certainement au-dessus de la Méditerranée, entre la barre d'immeuble du quartier des Terrasses de Miramas (Bouches-du-Rhône), où elle a usé ses premières baskets, et le cœur des racines familiales à Taza, dans le nord-est du Maroc, là où les montagnes du Rif et du Moyen Atlas se rejoignent. Elle songera à l'émotion de ses parents et de sa famille ! Elle songera aussi très fort à l'émotion de ses parents, devant leur écran à 17 000 km de là, à son père parti du Maroc pour la France dans les années 1970 pour exercer le métier d'ouvrier, et sa mère venue le rejoindre en 1985. Avant-dernière d'une fratrie de cinq enfants, avec Fouad, l'aîné, suivi de quatre sœurs, latérale gauche des Bleues va offrir, le temps de ce France-Maroc, un instant unique à ses proches. « On a un groupe WhatsApp familial, et dès qu'on a appris pour la grande nouvelle, on l'a chambrée : "Bon alors on est pour qui ?On ne sait plus." On a aussi reçu des tonnes de messages de la famille nous disant : "Attention, dites bien à Saki qu'elle est un peu marocaine, qu'elle y aille doucement mardi". Française d'origine marocaine : '' On ne s'attendait tellement pas à ce match, mon Dieu, c'est dingue'', s'emballe Sabrina, l'une des grandes sœurs de la joueuse du PSG. Elle nous a répondu sur le même ton : "Oh là là je n'y crois pas, c'est fou ce qu'il se passe dans cette Coupe du monde. Je suis française d'origine marocaine, je suis fière de mes origines. Mais malheureusement il faudra gagner, donc je ne leur souhaite pas le meilleur pour ce match », souriait la joueuse de 27 ans, hier, après avoir admis qu'elle avait toutefois anticipé ce scénario au moins un peu avant le début de la compétition. Une double culture : Les parents Karchaoui ont veillé à inculquer la double culture à leurs enfants et seront forcément partagés, selon Sabrina : « Mes parents ne s'expriment pas trop, ils disent "Que le meilleur gagne", mais ils sont émus de voir ce match ». Mais tout le clan sera évidemment supporter de l'équipe de France. « Ils seront pour leur fille », se marre Sakina, qui n'a pas de doute là-dessus. Les Karchaoui vibreront aussi un peu pour les Lionnes de l'Atlas, comme ils l'avaient fait pour les Lions en décembre lors du France-Maroc (2-0) en demi-finales de la Coupe du monde au Qatar. « On sait très bien la place que le Maroc a dans notre famille, au même titre que la France. Au Qatar, on a vu cette solidarité entre les deux pays, ce sera la même chose. On a l'impression d'être une grande famille qui va se rencontrer », poursuit la défenseuse, impatiente. Le Maroc dans le cœur ! « Quand on était petits, on faisait juillet-août au Maroc, on passait toutes nos vacances là-bas. La langue qui prédomine chez nous, c'est le marocain. On a le Maroc dans le cœur, on y a toute notre famille. C'est un peu compliqué, là, reprend Sabrina, déjà survoltée. On a une maison à Taza. On a la famille de ma mère, ses frères et sœurs, les oncles du côté de mon père. Mes parents y étaient encore il y a deux semaines. Ça aurait été fou qu'ils suivent ça de là-bas ». Elle va jouer son foot : Hormis la petite sœur Youssra (23 ans), arrivée en Australie juste avant France-Brésil, aucun autre Karchaoui n'a pu entreprendre le long et coûteux voyage vers Adélaïde. Fouad tentera de se libérer en cas de dernier carré, même s'il aurait souhaité être là pour ce choc intime. Match un mardi à la mi-journée oblige, toute la famille ne pourra pas se rassembler pour vivre la rencontre ensemble, puisque certains seront au travail. Mais tous sont convaincus que leur championne sera à la hauteur de l'événement. « Elle va jouer son foot, comme d'habitude, malgré l'excitation. Elle n'a pas le choix, elle assumera son choix (de sélection) », se marre Sabrina. Un match de foot, mais c'est des moments privilégiés ! Chez les Bleues, la belle histoire de Karchaoui a évidemment fait le tour du vestiaire dès jeudi soir. Et tout un groupe partage son émotion. « C'est beau, ça va être un moment unique pour elle, peut-être le seul match qu'elle jouera contre le Maroc, souriait Eugénie Le Sommer vendredi. Elle faisait partie de celles qui avaient regardé le tableau avec attention avant le tournoi. Ça reste un match de foot, mais c'est des moments privilégiés. » De Miramas à Taza, c'est tout un monde, celui des Karchaoui, qui va profiter de cet instant.